Celui qui est devenu un géant en imposant le modèle du moteur de recherche sur internet veut reproduire son leadership dans l'autre enjeu de l'information textuelle : le moteur de recherche pour l'intranet. Google a décidé de repartir à l'assaut des entreprises.Pourtant, voilà bientôt près de quatre ans qu'il propose la ' Google Box ', un système tout en un (matériel et logiciel) destiné aux petites comme aux grandes entreprises, permettant à une société de rechercher des données dans l'intranet. Mais la ' Google Box ' n'a pas trouvé son public. Et l'image de réussite et d'infaillibilité qui colle à Google ne s'est pas étendue à cette expérience.Plusieurs raisons peuvent expliquer cet échec. D'abord la forme même du produit, le tout-en-un. Même s'il est en croissance, il reste minoritaire face au couple plus classique matériel d'un côté et logiciels de l'autre. A ce titre, le ' Google Desktop ' livré sous forme de logiciel a, lui, connu un fort succès.
L'effet de la marque joue à plein
Ensuite, la véritable question du marché se pose en ces termes : les entreprises ont-elles besoin, pour leurs applications métier, d'un moteur ' à la Google ' ? Incontestablement oui, si la question porte sur la facilité d'usage, la standardisation, et la force de la marque. Ce que les entreprises recherchent de plus en plus. Et le moteur en intranet ne fait pas exception, avec une approche produit facile à mettre en place, et dont le coût est mesurable. Dans ce contexte, l'effet de la marque Google joue à plein.En revanche, si l'on pense en termes d'entreprise, alors le modèle Google atteint ses limites. Celui-ci a bâti sa force sur une logique où il n'existe qu'une interface, qu'un seul type d'information (des documents), aucun langage métier, et la même application pour tous. Or, les solutions d'entreprise ont nécessairement une approche inverse. A chaque métier correspondent un type d'application, des données spécifiques (structurées et textuelles), un usage différent selon la fonction, et, enfin, un vocabulaire métier spécifique structurant l'activité. Bref, tout le contraire du modèle uniforme Google !Prenons le monde médical. Les besoins d'un médecin, d'une secrétaire ou du gestionnaire de l'hôpital sur le dossier médical des patients sont très différents. Le premier aura à effectuer des recherches sur les données multimédias (radiographies, etc.) et les données textuelles issues des diagnostics. Le second sur les données structurées du patient (nom, âge, adresse, numéro de sécurité sociale, etc.). Et le dernier sur des données cumulées pour planifier sa gestion.Plus que sa technologie et la transposition de son algorithme de popularité (Pagerank) du web vers l'intranet, c'est bien la prise en compte des besoins métier spécifiques qui est l'obstacle à franchir pour Google. Et cela pour répondre à la diversité des réalités du moteur de recherche d'entreprise.Google découvre les joies du partenariat
C'est pourquoi l'annonce des récents accords avec Bearingpoint, Cognos ou Salesforce éclaire la nouvelle stratégie de l'Américain. A l'instar d'Autonomy, de Fast, d'Exalead et de Sinequa, c'est par ses partenaires ?" qui ont la connaissance métier ?" que Google va tenter de pénétrer l'univers fermé des entreprises.Sur ce terrain, le moteur Google devient un moteur de recherche ' fulltext ' assez ' classique ', dont la richesse fonctionnelle est d'ailleurs moindre que les moteurs cités ci-dessus. En revanche, son aura auprès des utilisateurs est réelle. A résultats équivalents, une étude a montré que les utilisateurs le trouvaient meilleur que les autres ! Pour Google, habitué à une standardisation à outrance, il s'agit d'un véritable virage stratégique. Il devra désormais composer avec ses partenaires et ses clients. Ce qui n'est pas une mince affaire !* président de l'Apil. Cette association loi 1901 regroupe un ensemble de sociétés françaises (éditeurs de logiciels, fournisseurs, intégrateurs, consultants) qui proposent des solutions pour linformation textuelle.
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