Groupon pourrait licencier son PDG pour sauver la société

Le conseil d’administration va étudier le sort d’Andrew Mason alors que le site d’offres promotionnelles traverse une passe difficile. Un ultimatum de quelques mois pourrait lui être donné pour sauver l’entreprise.
« Notre action a chuté de 80 % depuis notre entrée en Bourse (en novembre 2011, ndlr), il serait étrange que le conseil d'administration ne se demande pas si je suis l'homme idéal pour faire ce travail ». Andrew Mason, le PDG et cofondateur de Groupon, a répondu mercredi 28 novembre 2012 aux rumeurs grandissantes sur son avenir.
Selon des indiscrétions parues dans la presse américaine, le jeune entrepreneur serait même sur la sellette. « Plusieurs membres du conseil d’administration ont discuté de changements majeurs au sein de la direction, avance notamment AllThingsDitigital, comme l’arrivée d’un PDG plus expérimenté ».
Une croissance décevante
Une réunion du conseil d’administration se tient ce jeudi 29 novembre 2012 à Chicago. Il semble pour autant fortement improbable qu’Andrew Mason soit débarqué à l’issue de cette dernière. Mais le conseil pourrait décider de lui fixer un ultimatum de quelques mois pour redresser la compagnie, dont le modèle économique est de plus en plus remis en doute. Début de ce mois, Groupon a fait état d’une perte de 3 millions de dollars au troisième trimestre et d’une croissance décevante de son chiffre d’affaires.
Si la société s’est dite victime de la crise en Europe, elle doit aussi faire face à d’importants challenges. Comme une concurrence de plus en plus féroce, sur un secteur qui compte un nombre important d’acteurs. Au deuxième trimestre 2012, la part de marché de Groupon aux Etats-Unis a reculé de trois points, tombant à 53 %, selon les données recueillies par le cabinet Yipit Data.
Le revenu moyen par client en baisse
Plus inquiétant encore : nombre de marchands ne sont tout simplement pas satisfaits. Selon une étude menée par le courtier Raymond James, 39 % des commerçants ayant proposé un coupon de réduction n’entendent pas renouveler l’expérience au cours des deux prochaines années. En cause : les commissions importantes prélevées par Groupon et le très faible taux de fidélisation des clients. Peu d’entre eux reviennent en effet, préférant chercher une nouvelle bonne affaire ailleurs. 32 % des marchands interrogés par Raymond James ont ainsi perdu de l’argent.
Enfin, l’intérêt des consommateurs montre des signes de faiblesse. Au 30 septembre 2012, le revenu moyen généré par les personnes inscrites sur Groupon a reculé : 64 dollars par an, contre 76,50 dollars un an plus tôt. Pour inverser la tendance, le site tente de se diversifier. Il a lancé une plateforme de voyages, en partenariat avec Expedia, ainsi qu’une plateforme plus traditionnelle d’e-commerce sur laquelle il vend directement des produits à prix (théoriquement) bradés.
Au-delà, Groupon doit également reconquérir sa crédibilité. Une série de couacs comptables et de départs de hauts dirigeants n’ont cessé d’alimenter la méfiance des investisseurs et de renforcer le sentiment d’amateurisme. Et la réputation d’Andrew Mason, que l’on dit plus doué pour les blagues potaches que pour diriger une compagnie, n’aide pas. Introduite à 20 dollars le 11 novembre 2011, l’action Groupon était tombée sous la barre des 3 dollars un an plus tard. Elle est depuis légèrement remontée (4,40 dollars mercredi 28 novembre 2012 au soir). Mais loin, très loin de l’avenir radieux prédit par certains.
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