Guy Mazaré (INPG) : ' Toujours accroître la réputation des laboratoires '
Le vice-président des systèmes d'information de l'Institut national polytechnique de Grenoble estime qu'il est très important de garder des post-doctorants.
01 Informatique : Les écoles d'ingénieurs manquent de visibilité au niveau international. Des ouvertures sont-elles envisagées ?
Guy Mazaré : Il existe un vrai problème de taille critique. Nous l'avons expérimenté au niveau de l'Ensimag. Même si nous bénéficions de l'aura du pôle de recherche de Grenoble, reconnu à l'échelle mondiale. L'école, qui fait partie de l'Institut national polytechnique de Grenoble (INPG) ?" l'une des quatre universités grenobloises ?", a un laboratoire commun avec l'Ecole d'électronique. Elle partage ses laboratoires d'informatique et de mathématiques appliquées avec l'université Joseph-Fourier, l'une des premières universités scientifiques de France.
Cet ensemble forme l'Institut d'informatique et de mathématiques appliquées de Grenoble (Imag). Ce regroupement permet de constituer des équipes très pointues de chercheurs. Tous ces laboratoires communs sont aussi associés au CNRS et à l'Inria. Certains chercheurs et autres personnels de ces deux organismes rejoignent ainsi ces laboratoires. Au total, plus de 800 personnes y travaillent : chercheurs, enseignants-chercheurs, doctorants...Les financements pour la recherche suffisent-ils pour une école comme l'Ensimag ?
Le volume de financement n'est pas le problème majeur. Car nos laboratoires n'exigent pas d'équipements lourds. La difficulté porte davantage sur le potentiel humain. Comment attirer des chercheurs, les rétribuer, les garder ? Nous nous heurtons à des freins institutionnels quasiment impossibles à débloquer. Par exemple, il est très intéressant de garder des post-doctorants, car leurs performances sont très élevées lors des deux années suivant leur thèse. Mais aussi de faire venir des chercheurs de même niveau, travaillant à l'étranger sur les sujets qui nous intéressent.
Or, les soutiens administratifs consacrés à leur accueil dans des établissements publics sont rares et peu attrayants. Par ailleurs, si les laboratoires trouvent des financements, c'est au prix de beaucoup de temps et d'énergie. Répondre à un appel d'offres nécessite de multiples missions effectuées dans le but de rencontrer les partenaires européens ; la mise en forme de la proposition exige de se plier à un cadre très complexe. Nos laboratoires manquent de personnel administratif de haut niveau, capable d'épauler les chercheurs en absorbant des tâches lourdes et compliquées.Quels moyens utilisez-vous pour attirer les meilleurs chercheurs ?
Nous n'en avons jamais suffisamment ! Pour éviter les contraintes spécifiques à la fonction publique et pour développer les recherches sur contrat, la création d'une filiale nous paraît la meilleure solution. Elle englobe toutes les activités de valorisation et de transfert. Et assure aux postoctorants une rétribution décente.L'ouverture internationale de vos activités de recherche est-elle appelée à se développer ?
Oui. Nos laboratoires ont déjà noué de nombreux partenariats avec des universités européennes, d'Amérique du Nord et d'Amérique latine, des pays de l'Est, et, surtout, d'Asie. L'un de nos laboratoires de Verimag sur les systèmes embarqués travaille également avec des universités indiennes. Ce laboratoire coordonne aussi un réseau d'excellence européen, au sein duquel une vingtaine d'universités européennes confrontent leurs points de vue et leurs résultats. Nous préférons clairement ce type d'échanges, mobilisant énergie et talents, à la création de grands instituts !Quels thèmes de recherche estimez-vous porteurs aujourd'hui ?
Je m'exprime sur celui que je connais le mieux : celui des systèmes embarqués sur puce. Cette problématique concerne nombre de laboratoires informatiques, car l'embarqué intègre des systèmes informatiques, des algorithmes sophistiqués, du codage, et du traitement d'images... Pour communiquer entre eux, ces objets doivent utiliser des interfaces normalisées ?" donc, probablement, des protocoles IP et des services de plus haut niveau. Et ce sujet nécessite des collaborations avec des disciplines différentes ?" par exemple, sur la façon de délivrer l'énergie nécessaire pour alimenter ces puces.
Guy Mazaré : Il existe un vrai problème de taille critique. Nous l'avons expérimenté au niveau de l'Ensimag. Même si nous bénéficions de l'aura du pôle de recherche de Grenoble, reconnu à l'échelle mondiale. L'école, qui fait partie de l'Institut national polytechnique de Grenoble (INPG) ?" l'une des quatre universités grenobloises ?", a un laboratoire commun avec l'Ecole d'électronique. Elle partage ses laboratoires d'informatique et de mathématiques appliquées avec l'université Joseph-Fourier, l'une des premières universités scientifiques de France.
Cet ensemble forme l'Institut d'informatique et de mathématiques appliquées de Grenoble (Imag). Ce regroupement permet de constituer des équipes très pointues de chercheurs. Tous ces laboratoires communs sont aussi associés au CNRS et à l'Inria. Certains chercheurs et autres personnels de ces deux organismes rejoignent ainsi ces laboratoires. Au total, plus de 800 personnes y travaillent : chercheurs, enseignants-chercheurs, doctorants...Les financements pour la recherche suffisent-ils pour une école comme l'Ensimag ?
Le volume de financement n'est pas le problème majeur. Car nos laboratoires n'exigent pas d'équipements lourds. La difficulté porte davantage sur le potentiel humain. Comment attirer des chercheurs, les rétribuer, les garder ? Nous nous heurtons à des freins institutionnels quasiment impossibles à débloquer. Par exemple, il est très intéressant de garder des post-doctorants, car leurs performances sont très élevées lors des deux années suivant leur thèse. Mais aussi de faire venir des chercheurs de même niveau, travaillant à l'étranger sur les sujets qui nous intéressent.
Or, les soutiens administratifs consacrés à leur accueil dans des établissements publics sont rares et peu attrayants. Par ailleurs, si les laboratoires trouvent des financements, c'est au prix de beaucoup de temps et d'énergie. Répondre à un appel d'offres nécessite de multiples missions effectuées dans le but de rencontrer les partenaires européens ; la mise en forme de la proposition exige de se plier à un cadre très complexe. Nos laboratoires manquent de personnel administratif de haut niveau, capable d'épauler les chercheurs en absorbant des tâches lourdes et compliquées.Quels moyens utilisez-vous pour attirer les meilleurs chercheurs ?
Nous n'en avons jamais suffisamment ! Pour éviter les contraintes spécifiques à la fonction publique et pour développer les recherches sur contrat, la création d'une filiale nous paraît la meilleure solution. Elle englobe toutes les activités de valorisation et de transfert. Et assure aux postoctorants une rétribution décente.L'ouverture internationale de vos activités de recherche est-elle appelée à se développer ?
Oui. Nos laboratoires ont déjà noué de nombreux partenariats avec des universités européennes, d'Amérique du Nord et d'Amérique latine, des pays de l'Est, et, surtout, d'Asie. L'un de nos laboratoires de Verimag sur les systèmes embarqués travaille également avec des universités indiennes. Ce laboratoire coordonne aussi un réseau d'excellence européen, au sein duquel une vingtaine d'universités européennes confrontent leurs points de vue et leurs résultats. Nous préférons clairement ce type d'échanges, mobilisant énergie et talents, à la création de grands instituts !Quels thèmes de recherche estimez-vous porteurs aujourd'hui ?
Je m'exprime sur celui que je connais le mieux : celui des systèmes embarqués sur puce. Cette problématique concerne nombre de laboratoires informatiques, car l'embarqué intègre des systèmes informatiques, des algorithmes sophistiqués, du codage, et du traitement d'images... Pour communiquer entre eux, ces objets doivent utiliser des interfaces normalisées ?" donc, probablement, des protocoles IP et des services de plus haut niveau. Et ce sujet nécessite des collaborations avec des disciplines différentes ?" par exemple, sur la façon de délivrer l'énergie nécessaire pour alimenter ces puces.