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Le plus étendu des départements franciliens a cru devoir résorber les zones d'ombre ADSL à l'aide du WiMAX, du Wi-Fi ou du CPL avant même de confier à une DSP la construction d'un réseau de collecte en fibre optique.
' Ni les conventions Départements innovants, de France Télécom, ni les DSP (délégations de service public) ne parviennent à résorber les zones d'ombre ', relève Ariel Turpin, chef du service TIC (technologies de l'information et de la communication) du conseil général de Seine-et-Marne. La preuve : deux cent cinquante-huit communes de Seine-et-Marne sur cinq cent quatorze reçoivent très mal l'ADSL, malgré sa généralisation par France Télécom à l'ensemble de ses NRA (n?"uds de raccordement d'abonnés). Une DSP, opérant un réseau de collecte alternatif, ne ferait pas mieux.
Couvrir 100 % du territoire
' Un peu partout, on observe que les DSP se comportent comme des sociétés commerciales, poursuit Ariel Turpin. Elles se concentrent sur le dégroupage et la vente de fibre noire, et délaissent les lignes isolées non rentables, à moins d'être accablées de pénalités. ' En Seine-et-Marne comme ailleurs, l'objectif ne peut pourtant être qu'une couverture haut débit de 100 % du territoire. Car, même dans les hameaux les plus reculés, des habitants et des chefs d'entreprise sont las des connexions à 56 kbit/s. Impossible également de laisser en quarantaine une commune de 7677 habitants comme Vert-Saint-Denis, qui, bien que rattachée à la ville nouvelle de Melun-Sénart, est entièrement privée de DSL, parce qu'éloignée de plus de 6 km de tout central téléphonique.' Nos administrés se comportent désormais comme des urbains, complète Vincent Eblé, président du conseil général. Ils ne supportent plus d'être exclus du haut débit. Impossible de ne pas prendre en compte leur mécontentement. ' D'autant plus que la nouvelle majorité de gauche n'a qu'une voix d'avance au niveau du conseil général, et que celle-ci est remise en jeu à chaque élection partielle.
Péréquation tarifaire
La Seine-et-Marne a donc inversé, pour la première fois en France, l'ordre des priorités : avant même de faire construire un réseau de collecte en fibre optique, elle a tenu à résorber toutes ses zones d'ombre ADSL. Sa recette : non pas le marché de services, mais le marché de travaux et d'exploitation. Elle finance, sans demander la moindre participation aux communes concernées, la fourniture d'un accès à 512 kbit/s, 1 Mbit/s, 2, voire 10, à tous les titulaires d'une ligne non éligible à l'ADSL qui en ferait la demande. Selon le contexte local, cet accès est livré en technologie WiMAX, Wi-Fi ou CPL : en WiMAX 3,5 GHz, dans les villages pouvant être desservis à partir d'un château d'eau ; en Wi-Fi 2,4 GHz à 5 Mbit/s partageables dans les hameaux où le WiMAX serait surdimensionné ; et en CPL à Vert-Saint-Denis et dans les localités situées en pleine forêt, comme Arbonne. L'infrastructure WiMAX (19 relais) a été confiée à Altitude Telecom ; les déploiements Wi-Fi et CPL, à Axia France, qui, pour la circonstance, s'appuie sur Territoires Sans Fil, FAI Wi-Fi et CPL, et sur l'installateur Edev CPLTechnologie, filiale d'EDF. Quels que soient les coûts de déploiement et du modem de l'abonné, les accès WiMAX, Wi-Fi et CPL sont évidemment facturés à l'abonné au même prix (39 euros ttc par mois le mégabit par seconde WiMAX sans frais d'accès). Propriété du département, ces infrastructures complémentaires sont appelées à se fondre dans le futur réseau de fibre optique Sem@for 77, dont le délégataire devrait être désigné prochainement. Pour les deux programmes, le département a prévu une dépense de 60 millions d'euros.
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