Histoire des interfaces utilisateurs (3) – La révolution de l’ordinateur personnel

Troisième partie de l'histoire des interfaces utilisateurs. Les mainframes et leurs terminaux passifs voient apparaître une nouvelle race d'ordinateurs : les stations de travail et surtout les micro-ordinateurs.

L’usage des ordinateurs s’intensifiant, certains utilisateurs réclament plus de puissance pour leurs calculs. C’est notamment le cas des chercheurs et des ingénieurs. De nouvelles gammes de machines, les mini-ordinateurs et les stations de travail, apparaissent et se multiplient dans les années 80. Le constructeur aéronautique McDonnell Douglas, sous la marque Unigraphics, propose alors toute une gamme de stations de travail (ci-contre), couplées à son logiciel de CAO. Son modèle ADS-100 se présente comme un large bureau d’angle avec, d’un côté, l’unité de stockage, de l’autre l’unité de traitement et au centre un double écran. L’un en mode caractère, l’autre un terminal graphique (Tektronix ou Megatek). De même, Unigraphics propose deux claviers : le clavier alphanumérique traditionnel est complété d’un clavier de touches de fonction avec… un joystick. Celui-ci permet de se déplacer dans le modèle 3D. Plusieurs constructeurs lancent des stations de travail : Apollo Computer, Sun Microsystems, HP. Unix devient le système d’exploitation dominant de ce segment de marché, l’interface des débuts reste en mode texte.
Le micro-ordinateur apparaît timidement

En parallèle à ces modèles haut de gamme, les ordinateurs de bureau font leur apparition. La volonté d’autonomie reste la même mais les constructeurs visent des coûts moins élevés. L’interface utilisateur est en mode texte. Le langage Basic s’impose sur ces premières machines comme moyen d’interaction, un lecteur de cassette comme outil de stockage. HP propose la HP9800, sorte de grosse machine à écrire avec une seule ligne d’affichage. L’Américain Wang dote son modèle 2200 d’un type cathodique. On est alors en 1973. Le tout premier micro-ordinateur, le Micral d’André Truong Trong Thi et de François Gernelle, n’offre, comme interfaces, qu’un lecteur de carte perforée, un télétype comme sortie et un jeu d’interrupteurs en façade, tout comme son rival, l’Altair américain.

Les constructeurs de micro-ordinateurs développent chacun leur propre système d’exploitation, avec majoritairement Basic comme langage pour interagir avec la machine. C’est le cas d’Apple, de Commodore pour son PET. Les modèles suivants, dont l’Apple II, recevront un véritable OS en mémoire morte. De leur côté, les fabricants d’ordinateurs de bureau adoptent CP/M comme système standard. L’interface utilisateur est en mode ligne. En 1981, IBM bouleversera le marché en lançant son célèbre IBM PC. Son système d’exploitation, développé par une start up nommée Microsoft, fédère peu à peu l’ensemble du marché de l’ordinateur de bureau. Pourtant, sur le plan interface, MS DOS innove bien peu par rapport à CP/M : elle reste essentiellement la ligne de commande.

Pour continuer à utiliser les applications mainframe, les PC sont équipés de cartes de communication 3270 et de logiciels d’émulation, que l’on rencontre toujours, notamment dans l’industrie et la grande distribution, où les applications mainframe continuent de fonctionner.
L'interface texte, anachronique, mais efficace

Sur le plan des applications, la limitation au mode caractère de ces premières machines, qui peut sembler anachronique aujourd’hui, n’a pas empêché les éditeurs de développer des interfaces extrêmement performantes.
Traditionnellement, les applications multiplient les écrans de menus à choix multiples, dans lesquels on navigue soit en frappant le numéro de l’option choisie, soit en se déplaçant de l’une à l’autre avec les flèches curseur. Si la navigation dans ces pages de menus s’avère généralement fastidieuse, certaines applications sont toutefois d’une grande efficacité. Dans ses premières versions, le traitement de texte Wordperfect, par exemple, n’est absolument pas Wysiwyg. Son fonctionnement s’appuye totalement sur des combinaisons avec les touches de fonction et des codes à insérer dans le document.

Un mode de création de document archaïque, mais diablement efficace pour un utilisateur formé, probablement plus efficace encore que les traitements de textes Wysiwyg d’aujourd’hui où l’utilisateur doit naviguer entre les barres de menus pour créer les mêmes effets. Même efficacité du côté des tableurs où règnent encore les Multiplan et Lotus 123. Peu à peu apparaissent des menus en haut d’écran, donc accessibles à tout moment dans les applications, qui commencent à envoyer des cadres en pop up à l’écran. L’outil de développement Turbo Pascal de Borland, par exemple, met en œuvre tout un système de menus déroulants et de fenêtrage, le tout contrôlé au curseur où à la souris… mais déjà une nouvelle révolution pointe à l’horizon, celle des interfaces graphiques.
-
jade83
vous avez oublié LE terminal le plus puissant et le moins cher du marché (c'était notre feuille de mission chez CIT) qui a donné le ... minitel, distribué par millions par France-Télécom à a population française et aux entreprises !
Il manque aussi qq ligne sur GEM ...
Votre opinion