HP dévoile ses serveurs avec des processeurs de téléphones

L'architecture ARM permet de concentrer 2 800 serveurs dans un rack. La densité est exceptionnelle, mais la puissance unitaire modeste. Une approche à l'opposé de la vague de virtualisation actuelle.
Ce n'est pas un lancement produit traditionnel que vient de réaliser HP, mais une véritable initiative sur le long terme. Le leader mondial des serveurs a dévoilé son Project Moonshot, un programme qui va s'étendre sur une dizaine d'années, visant à introduire des serveurs à très faible consommation énergétique dans les datacenters. Le microprocesseur retenu étant une base ARM, une architecture délibérément simplifiée. Celle-ci, après avoir déjà séduit tous les constructeurs de portables, smartphones et tablettes, frappe aujourd'hui à la porte des centres de données.

HP dévoile sa stratégie serveurs ARM
Le premier serveur dévoilé par HP, baptisée Redstone, n'est encore qu'une machine de développement. D'ailleurs, le constructeur s'est contenté de reprendre le processeur ARM Energycore (design Cortex A9, le même que le processeur de l'iPad 2), mais aussi les cartes mises au point par Calxeda, son partenaire dans l'opération. Cette première machine doit permettre aux clients d'HP de tester une achitecture véritablement en rupture avec leurs pratiques habituelles. Imaginez : 2 800 serveurs concentrés dans un seul rack ! La densité proposée est exceptionnelle, mais la puissance unitaire de chaque processeur reste modeste. Une telle rupture exige de valider la tenue d'une telle machine sur des charges de traitement réelles et dans un datacenter standard. Raison pour laquelle HP prend beaucoup de précautions dans ce lancement plutôt risqué.
Une fausse bonne idée ?

HP se montre très prudent vis-à-vis de ses clients, mais aussi vis-à-vis de son partenaire de toujours, Intel. L'approche Moonshot est en effet opposée à celle prônée par le géant du microprocesseur qui propose des processeurs toujours plus puissants, avec de plus en plus de coeurs et de mémoire cache. Une approche qui semblait bien peu judicieuse jusqu'à récemment : ces machines hyperpuissantes, dimensionnées pour supporter les pics d'activités (ventes de Noël ou phase de clôture financière d'une entreprise) ne fonctionnaient le reste du temps qu'à quelques pour-cent de leur puissance maximale. Une approche synonyme d'énormes gâchis financier et énergétique.
Opter pour un très grand nombre de processeurs à très faible consommation apparaissaît alors comme une solution élégante... jusqu'à l'essor et la généralisation de la virtualisation dans les datacenters. Aujourd'hui, on peut empiler les machines virtuelles sur ces serveurs très puissantes et augmenter de façon significative les taux d'utilisation, l'hyperviseur se chargeant de gaver les cœurs processeurs, avec des applications à exécuter en parallèle. Afin de ménager la suceptibilité d'Intel, une version à base de processeur Atom a été annoncée par HP sans que le constructeur ne donne de plus amples détails sur cette hypothétique machine.
C'est donc un choc d'architecture qui va s'affronter dans les années à venir autour de la motorisation du cloud computing de demain.
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