Le numéro un de l'informatique a perdu la tête. Après un an de stratégie tumultueuse ? abandon du PC alors que cette activité représente un tiers du chiffres d'affaires du constructeur, lancement en fanfare puis retrait brutal des tablettes webOS, stratégie cloud illisible ? HP a licencié Leo Apotheker, le patron… en vingtquatre heures. A la place, Meg Whitman, exPDG d'eBay et figure politique américaine, promet de mieux comprendre les attentes des actionnaires, des clients, sans oublier celles des salariés.
Garantir la stabilité… jusqu'en décembre
En pratique, l'arrivée en urgence de la nouvelle dirigeante a surtout servi à stopper l'hémorragie de l'action à Wall Street. Depuis février, elle avait perdu 50 % de sa valeur, passant de 48 à 24 dollars. Et puis encore 7 points entre le 21 et le 23 septembre, lorsque Leo Apotheker a annoncé, pour la troisième fois en moins d'un an, que les ventes seraient moins bonnes que prévues. “ Normalement, les entreprises dont l'action connaît une telle chute sont réputées brisées ”, analyse Toni Sacconaghi, un chercheur en économie du bureau d'études Bernstein Research. Mais selon lui, l'arrivée de Meg Whitman signifie avant tout qu'il n'y aura plus personne d'ici à la fin de l'année pour oser (encore) toucher aux activités rentables du constructeur : “ Nous avons maintenant l'assurance que HP gardera solidement ses positions sur les marchés clés de son business, c'est-à-dire les serveurs x86 et les imprimantes, et même les PC, jusqu'à décembre ”, affirmetil.Le marché attend donc de Meg Whitman qu'elle ne fasse absolument rien, et qu'elle ne se mêle pas de bricoler à son tour de nouvelles stratégies. “ Elle n'a ni l'expérience d'un constructeur informatique, ni celle d'une entreprise de la taille de HP. La choisir comme PDG est pour le moins surprenant ”, fustige ainsi Beverly Behan, directrice du cabinet de conseil en stratégie de management Board Advisor.Trois PdG en six ans
Pour elle, le conseil d'administration de l'entreprise a un problème peu commun avec la culture du chef : “ Cette boîte a viré trois PDG en six ans ”, dénoncetelle, rappelant les évictions manu militari des précédents dirigeants, Mark Hurd et Carly Fiorina, pour des problèmes caractériels. Toni Sacconaghi en conclut qu'il n'y a plus de pilote dans l'avion : “ Pour revenir à la situation financière dans laquelle se trouvait HP avant l'arrivée de Leo Apotheker, il faudrait que des têtes d'affiche soient nommées à des postes stratégiques ou qu'Oracle annonce sa volonté de le racheter ”, estimetil, en sousentendant que c'est bien ce qui pourrait finir par arriver. La prise de pouvoir progressive de Meg Whitman devrait encore chambouler le numéro un de l'informatique, et donc l'ensemble du marché, dans les prochains mois.
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