Inscrivez-vous gratuitement à la Newsletter BFM Business
Le constructeur a racheté le spécialiste du test logiciel Mercury, pour 4,5 milliards de dollars. Cette acquisition enrichit la couverture de sa gamme Openview et lui permet d'investir le monde des études et du développement.
Depuis quelques mois, la rumeur devenait insistante. Fragilisé par le scandale initié par les malversations commises par d'anciens dirigeants, l'éditeur d'origine israélienne Mercury était pratiquement condamné à se vendre. De
nombreux prétendants se bousculaient au portillon. C'est finalement HP qui a emporté le morceau le 25 juillet dernier. Et cela pour un montant estimé à 4,5 milliards de dollars, Mercury affichant un chiffre d'affaires de 843 millions de dollars
en 2005. D'aucuns estiment ce prix excessif. Cependant, il reflète la bataille farouche qu'ont menée les prétendants à l'acquisition : l'intérêt de SAP, IBM, Oracle, CA, puis, plus tard, EMC étant évoqué.HP réalise ici sa plus grosse acquisition depuis le rachat de Compaq. C'est aussi la plus importante jamais effectuée par sa division logiciel. Selon le constructeur, cette opération lui permettra de dépasser les 2 milliards de
dollars par an de chiffre d'affaires dans le logiciel. Et devrait lui assurer, à partir de 2008, une croissance de 10 à 15 % de ses revenus logiciels.Pourquoi une telle association ? ' L'offre combinée Mercury-HP a beaucoup de sens. Il nous fallait réunir nos forces afin de faire ensemble ce que nous ne pouvions faire tout
seuls ', juge Elie Kanaan, vice-président marketing de Mercury pour l'Europe. Depuis quatre ans, Mercury développait son portefeuille avec, en ligne de mire, le concept de BTO (Business Technology Optimization), soit
l'alignement de l'informatique sur les objectifs métier par la gestion du cycle de vie des applications. Un concept marketing que HP reprend dès lors à son compte en lui donnant plus de consistance. HP apporte aux offres d'aide à la décision pour
les DSI (IT Governance), de tests logiciels et de supervision des applications de Mercury ?" orientées processus applicatifs ?" une nouvelle dimension avec la prise en compte de l'infrastructure largement couverte par la gamme Openview.
Le test : une manne pour HP
Au-delà du discours de façade, l'association Mercury-HP peut se résumer à celle entre le numéro un absolu du test logiciel et l'un des grands spécialistes de l'administration des systèmes informatiques avec sa plate-forme Openview.
Selon IDC, Mercury détenait avec son activité historique 58,8 % de part de marché en 2004. Les différentes offres de test (fonctionnel, de performance et automatisation des tests) représentent à elles seules 69 % des revenus de l'éditeur
au deuxième trimestre 2005 et génèrent près de 20 % de croissance de revenus par an. Une manne, donc, pour HP.Cette incursion de HP dans l'univers du test va favoriser son introduction dans les départements d'études et développement qui lui étaient jusqu'alors totalement étrangers. En conséquence, ce rachat constitue une opportunité de
réaliser de nombreuses ventes croisées. En effet, la clientèle des logiciels de test de Mercury se trouve principalement chez les développeurs, et celle de HP Openview exclusivement au sein des départements de production.A l'instar de Mercury avant lui, HP misera-t-il sur une éventuelle complémentarité entre le test et la supervision ? ' Intégrer plates-formes de test et de supervision permet de réutiliser, en production,
les scripts de mesure du comportement de l'application développés au cours des tests ', explique Elie Kannan. Ce qui accélère la résolution des problèmes intervenant au niveau de la production. Mais une telle intégration
est-elle possible au sein de la gamme Open-view ? Pour l'instant, la question reste en suspens.
Gommer les lacunes d'HP Openview
Cette acquisition va aussi combler certaines carences de la gamme Openview. En premier lieu, le constructeur recueille l'offre de gouvernance de Mercury. Offre dont HP était dépourvu, alors que la plupart de ses concurrents directs ou
plus éloignés ont investi ce marché ces dernières années : CA, par exemple, a racheté Niku l'an passé, et Compuware Changepoint. Chez Mercury, cette offre se matérialise par un outil de gestion de portefeuille de projets issu du rachat de
Kintana en 2003.HP se dote aussi, avec Application Mapping, d'un outil de découverte de la topographie du SI. Une technologie que ses concurrents directs ?" BMC, CA, Tivoli ?" avaient déjà acquise. Très prisés, ces outils aident à
découvrir les liens et les configurations des différents composants du SI. Ils servent notamment à alimenter une CMDB (Configuration Management Data Base).Enfin, avec BAC (Business Availability Center), la console de supervision d'applications de Mercury, HP récupère un outil de gestion de la performance des applications. Une console complémentaire de la plate-forme de supervision
d'Openview avec laquelle, d'ailleurs, de nombreuses intégrations étaient déjà réalisées au sein des entreprises.Pour intégrer Mercury, HP va néanmoins devoir relever un certain nombre de défis. En premier lieu, accélérer la rationalisation d'une gamme de produits désormais pléthorique. D'autant que HP digère à peine le rachat de Peregrine.
' HP était en train de développer dans ses laboratoires certains des outils qu'il acquiert par le biais de Mercury. D'où un potentiel conflit interne et un certain flou au niveau du plan produits pour
2007 ', juge Jean-Pierre Garbani, vice-président de Forrester Research.En outre, HP doit amalgamer deux entités aux cultures très différentes, voire totalement opposées. Mercury, fleuron de l'industrie logicielle israélienne, est réputé pour son marketing agressif, et la réactivité de ses équipes par
rapport aux évolutions du marché. ' C'est une société capable de faire machine arrière en à peine six mois si une offre ne fonctionne pas ', rapporte un ancien de la maison. A priori, tout l'inverse de
HP Openview. Selon Elie Kanaan, cet antagonisme serait, au contraire, l'une des forces du rapprochement. ' Nous allons injecter le style Mercury réactif, limite agressif, dans la culture plus disciplinée, plus posée de
HP. 'Au final, c'est surtout la réaction des forces commerciales de Mercury qui sera décisive. ' Mercury est d'abord une force de vente. Si HP ne sait pas gérer la transition et qu'il perd ces vendeurs, la position
de leader de Mercury dans le test peut s'en trouver affectée ', juge Jean-Pierre Garbani. Réponse à partir du dernier trimestre de cette année, où la fusion sera entérinée.o.discazeaux@01informatique.presse.fr
Votre opinion