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L'équipementier chinois réalise déjà la majorité de son chiffre d'affaires hors de Chine. Bien établi dans les pays émergents, il poursuit sa progression dans les pays développés. Il entend doubler ses revenus en France et en Europe.
Cet été, l'équipementier chinois Huawei n'a pas chômé. Ce champion des pays émergents, huitième acteur mondial des télécoms, quatre à cinq fois plus petit que le géant Alcatel-Lucent, a encore signé plusieurs succès dans les pays développés. En Grèce, il a joué sur son point fort : les DSLam-IP (il équipe Neuf cegetel en France pour un million de ports). Il fournira deux cent mille lignesADSL2+ à l'opérateur historique OTE pour des services triple play à Athènes et à Thessalonique, ainsi que le réseau de collecte (100 commutateurs Ethernet métropolitains).
Quasi absent aux États-Unis
En Espagne, il marque des points dans les réseaux mobiles 3G, où il est challenger. Dans plusieurs villes, il fournira à Vodafone (1,2 million d'abonnés 3G) les accès radio à haut débit HSDPA (High speed data packet access). En France, un de ses téléphones 3G, l'U526, est au catalogue de SFR. Il livre, par ailleurs, à Vodafone des centaines de milliers de modems HSDPA pour PC portable. On relève également son entrée au Japon, avec un contrat pour un réseau 3G HSDPA tout IP chez eMobile. Un réseau dont une partie avait été confiée à Ericsson en mars dernier.En revanche, Huawei reste quasi absent des États-Unis. Ce marché réclame plus de temps selon lui, pour diverses raisons : arrivée plus récente, solutions à l'origine mieux adaptées aux standards européens, liens étroits entre opérateurs locaux et équipementiers. Son ancien différent avec Cisco Systems n'a pas dû arranger les choses, pas plus que l'échec, par manque de clients, de sa joint venture avec Nortel Networks. La situation pourrait toutefois se retourner. L'américain Motorola s'associe à Huawei pour des développements 3G à Shanghai. Huawei possède 5 % des brevets et six mille ingénieurs de recherche dans ce domaine. Il fournira aussi à LeapWireless, un opérateur californien (1,6 million d'abonnés), un réseau 3G de technologie CDMA sur trois villes. Ce contrat dépasse ceux déjà signés avec Cleartalk en 2004 (réseau CDMA 2000) et avec Hibernia Atlantic en 2005 (transmission optique). En France, Huawei entend doubler son chiffre d'affaires. Idem au niveau européen, où il vise 850 millions de dollars de revenus. Il est présélectionné par Orange pour un softswitch 3G, son autre point fort, déjà retenu pour les réseaux mobiles de l'opérateur en Égypte et à Madagascar.
Une concurrence accrue
Huawei a vécu une croissance impressionnante en 2005, ses revenus ayant grimpé de 56 %, et son résultat net de 63 % en 2004. La suite s'annonce plus serrée. En 2006, le chiffre d'affaires ne devrait croître ' que ' de 30 %, à 7,8 milliards de dollars. La concurrence s'est durcie. La marge opérationnelle est tombée à 14 % en 2005, contre 18 % en 2004. Et le résultat net n'a augmenté que de 9 % en 2005. Le chinois doit désormais assurer le suivi auprès de ses clients, dont les principaux opérateurs du Vieux Continent (BT pour la transmission, Deutsche Telekom ou Colt pour les routeurs d'entreprise, KPN pour l'optique, Telfort ouTelefónica pour la 3G, etc.). Il avait pensé acquérir Marconi. ' Leur activité de service aux opérateurs nous intéressait, confirme Fu Jun, porte-parole de Huawei. Mais le recouvrement entre nos produits était trop important. ' Le groupe étant privé, ' nous sommes handicapés pour de gros rachats ', reconnaît-il. Une faiblesse que Huawei entend compenser, notamment grâce à des partenariats, à l'heure de la consolidation des télécoms.