Humeur : « De “ l’encre en poudre ” dans nos articles »

Notre magazine 01 Informatique a toujours défendu la langue française. Dès qu'un nouvel anglicisme apparaît dans notre jargon, nous essayons de lui trouver un équivalent. Un exercice d'équilibriste. Franciser soit, mais pas au risque de nous couper du quotidien de nos lecteurs. Un exemple parmi d'autres : la location de logiciels. A l'apparition de l'ASP, nous avons tenté de promouvoir la « fourniture d'applications hébergées » ou FAH. Puis vint la mode du « on demand », traduisible par « à la demande ». Avec le Saas, on commence à fatiguer. Si vous avez une suggestion, nous sommes preneurs. C'est pourquoi la rédaction attend avec un certain intérêt, mêlé de circonspection, les préconisations de la Commission générale de terminologie et de néologie. Sa dernière livraison, fin décembre, ne nous a pas déçus. Après vingt ans de retard, la Commission a fini par entériner le DSI ou directeur des systèmes d'information, homologue de l'anglo-saxon CIO. De même, elle a enfin adopté le « cœur » pour désigner un processeur, avec tous les dérivés associés (bicœur, quadricœur, multicœur). D'autres expressions auront plus de mal à passer dans le langage courant. Aussi poétiques soient-elles, « encre en poudre » plutôt que toner, « ordiphone » pour un smartphone, ou « service de la Toile » en lieu et place de Web service rejoindront le cimetière des vocables inusités comme la « causette » que la Commission avait voulu un temps imposer à la place de chat. Elle aurait mieux fait de promouvoir la trouvaille québécoise de « clavardage », mélange de bavardage et de clavier. Ces considérations font beaucoup rire outre-Atlantique. Il y a trois mois, le correspondant à Paris du Wall Street Journal ironisait sur le fait que la Commission avait consacré dix-huit mois à trouver une traduction acceptable à cloud computing. L'expression « l'informatique en nuage » tenait la corde pour éviter l'ambiguë « dans les nuages ». Mais faute de consensus, la traduction a été reportée sine die. « Je pense que nous pouvons survivre sans le terme cloud computing », aurait prononcé l'un des 17 sages de ce cénacle composé de professeurs, de linguistes, de scientifiques et d'un ancien ambassadeur.
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