IBM augmente ses effectifs à Lille mais les baisse sur la France entière

Big Blue revoit à la hausse son prévisionnel de recrutement sur son site lillois, passant de 700 à 1000 embauches. Dans le même temps, les syndicats rappellent que le groupe américain a détruit les trois-quarts de ses emplois en plus de 20 ans.
Contrefeu médiatique après deux plans sociaux successifs qui ont conduit à la suppression de plus de 1 100 postes ? IBM a annoncé jeudi 3 juillet qu'il tablait désormais sur mille recrutements - contre 700 annoncés originellement - dans son centre de services de Lille, « au cours des deux à quatre ans à venir ». Une révision à la hausse consécutive à l'installation dans la métropole du Nord d’une unité d’IBM Global Technology Services, une division dédiée aux services d'infrastructure et d'externalisation.
Inauguré en grandes pompes il y a un an, ce centre de services situé dans le pôle Euratechnologies compte parmi ses clients des grands noms du secteur bancaire et de l'industrie. Il développe actuellement plusieurs projets, dans la détection de la fraude, la maintenance prédictive dans le secteur industriel, ou encore sur les villes intelligentes et les "smarter buildings" qui permettent d'optimiser la gestion énergétique.
D'ici fin 2014, le groupe doit déjà embaucher quelque 200 personnes. Parmi les nouvelles recrues, 40 % sont de jeunes diplômés, 85 % sont de la région, et la répartition est à peu près égale entre bac+2 et bac+5, a indiqué Alain Bénichou, président d’IBM France, précisant que les 300 emplois supplémentaires devraient répondre aux mêmes types de profils mais dans des métiers différents (administrateurs système et spécialistes de la sécurité des réseaux contre développeurs et testeurs).
« Serial job killer »
Alors que Lille profite de ce vent porteur, les syndicats rappellent que les effectifs ont littéralement fondu en France. Dans une lettre ouverte à Arnaud Montebourg, la CFDT s’indigne que le ministre remette en personne la légion d’honneur à Alain Bénichou alors que 2300 salariés sont partis depuis son arrivée, il y a à peine 4 ans. L’effectif actuel d'IBM France avoisinerait 8 500 employés.
La CGT qui a aussi envoyé sa missive à Arnaud Montebourg remonte plus loin dans le temps. Selon le syndicat, IBM France, « serial job killer », a supprimé 77 % de ses emplois depuis 1992 sur un effectif total de 32 500, « en dépit des nombreux rachats de sociétés et de leurs salariés ». Et pour la CGT, l’avenir est noir : « externalisations, délocalisations et destructions d’emplois feront chuter les effectifs à 6 000 salariés fin 2015, et probablement 4 000 fin 2017 ».
Enfin, les syndicats rappellent que les techniciens de maintenance et de support sont en grève nationale depuis le 23 juin en raison de la dégradation de leur pouvoir d’achat et de leurs conditions de travails. « Devant le refus des salariés d'assurer les astreintes ce week-end, la direction a voulu casser le mouvement en faisant intervenir des salariés Belges, Roumains et Anglais », affirme le communiqué de l’intersyndicale.
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