IBM s'empare de l'inventeur du workflow documentaire
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En déboursant 1,6 milliard de dollars pour Filenet, Big Blue s'octroie l'un des meilleurs outils de BPM documentaire. Mais il récupère un portefeuille de produits fort redondant avec ses propres solutions.
Une grosse somme d'argent, de très nombreux recouvrements de produits, un travail fastidieux d'intégration technologique... En rachetant Filenet pour 1,6 milliard de dollars, IBM entame un processus de digestion qui risque de
durer plusieurs années. Mais le jeu en vaut la chandelle. Car sur le papier, Big Blue devient le seul géant du logiciel à disposer d'un tel nombre de composants ?" et parmi les meilleurs ?" de l'ECM : gestion documentaire, gestion
web, outils et espaces collaboratifs, portail, record management (gestion des archives), gestion de processus... C'est d'ailleurs cette dernière brique qui a motivé le rachat de Filenet : l'éditeur est réputé pour la richesse de son
workflow documentaire, dont il est le pionnier.De son côté, IBM dispose d'une gestion de processus, mais issue d'un autre monde : celui des échanges interapplicatifs via Websphere. Le BPM de son serveur d'intégration comprend, lui aussi, des étapes humaines, mais qui ne
touchent pas aux échanges documentaires. ' L'une de nos priorités est d'assurer l'interopérabilité entre le BPM interapplicatif d'IBM et celui de Filenet, orienté document. Jusqu'ici séparés, ces deux mondes se retrouveront au
niveau des étapes humaines du BPM ', explique Jonathan Prial, VP Content Management chez IBM Software. Bref, avec Filenet, IBM se dote d'un workflow humain comparable (bien que nettement plus avancé) à celui de Lotus. Et
surtout il rivalise désormais avec des spécialistes du BPM comme BEA, Tibco ou Web-methods qui, eux aussi, s'attaquent aux volets humains des processus.
Des référentiels conservés à court terme
Mais hormis la gestion de processus et la collaboration (absente chez Filenet), force est de constater que les produits des deux éditeurs se concurrencent directement : c'est le cas des référentiels ou des bases hébergeant les
documents, les images, les contenus web, les archives ou les flux de données (Cold). D'un côté, P8, la plate-forme tout intégrée de Filenet. De l'autre, DB2 Content Manager, l'offre d'IBM. Tous deux tournent sur J2EE. Comment arbitrer de tels
conflits ? Face à ce dilemme, IBM brandit un joker : la fédération virtuelle de contenu. Son module Information Integrator Content Edition (issu de Venetica) pointe, gère et modifie depuis un référentiel central (celui d'IBM) des contenus
physiquement stockés dans d'autres bases documentaires. A noter que Filenet commercialise ce module auprès d'IBM. ' Venetica nous permettra d'interconnecter ces divers référentiels sans avoir à migrer des données de l'un vers
l'autre ', poursuit Jonathan Prial. ' Aucun de ces référentiels ne sera remplacé, indique pour sa part Martyn Christian, responsable marketing chez Filenet. Ils ont chacun leur
spécificité. 'Quoi qu'en disent les intéressés, cette cohabitation a beau être techniquement viable, elle sera difficilement tenable sur le long terme. Les futurs arbitrages produits, l'organisation interne à déployer pour digérer Filenet, et la
collaboration entre les différentes divisions d'IBM que cette digestion exige laisseront sûrement le temps à EMC de se retourner. Fidèle à sa tradition, l'ogre du stockage devrait s'emparer d'un spécialiste du BPM ou du portail, les deux grandes
briques qui manquent à son catalogue.v.berdot@01informatique.presse.fr