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Les contrôleurs aériens d'Eurocontrol Maastricht devront maîtriser un nouvel outil informatique. Le responsable du projet les a associés très en amont dans le programme de formation.
Le problème
Eurocontrol Maastricht adopte un nouveau système de traitement des plans de vol (N-FDPS), qui sera en place à la fin de l'année. Toute la difficulté du projet est de recueillir l'adhésion sans faille des aiguilleurs du ciel. S'ils contrôlent 50 avions par heure, en moyenne, c'est parce qu'ils maîtrisent parfaitement l'outil actuel. Les changements apparus dans le système informatique risquent de les perturber.
La méthode
1. Les contrôleurs optent pour interactivitéPour concevoir le programme de formation au nouvel outil, Eurocontrol a mis sur pied une équipe de contrôleurs. Baptisée Smart (Systems Monitoring and Revision Team), elle rassemble une dizaine de volontaires, pour la plupart des agents encore en activité dans la salle d'opérations. Ils ont été sélectionnés pour leurs connaissances professionnelles, mais également pour leurs capacités d'anticipation. Leur seule expertise ne suffit pas ; ils doivent voir au-delà de leur console et anticiper l'évolution de leur métier.Une des originalités de cette conduite de projet tient au fait que les principaux concernés par le programme de formation sont intervenus très en amont. ' L'équipe a participé au choix de la formation et à la conception des modules ', souligne Herman Baret, responsable du programme N-FDPS. Ainsi, il est très vite apparu que l'équipe ne voulait pas d'un CD-Rom statique comme support de formation. Elle a préféré, au contraire, la mise en place d'une formule flexible, où l'interactivité est privilégiée. D'où le choix de l'apprentissage à distance et du programme iCAT (Interactive Computer Assisted Training), mis au point par l'éditeur KTM Advance.2. Deux jours par semaine consacrés au projetAu quotidien, l'équipe projet a travaillé main dans la main avec l'éditeur de la solution d'e-learning retenue. ' Dès le départ, nous nous sommes imposé une discipline : les experts du groupe Smart devaient se rendre disponibles deux jours par semaine pour le projet ', explique Herman Baret. En pratique, sur la dizaine de personnes concernées, cinq ont dû être disponibles à tout moment pour faire avancer le programme.3. Les contrôleurs planchent sur des études de casLes contrôleurs ont participé à l'élaboration des contenus, en collaboration avec deux pédagogues dépêchés par l'éditeur ; ces derniers ont apporté leurs connaissances dans la transmission du savoir. L'un d'entre eux avait déjà travaillé sur ce genre de mission avec la direction de la navigation aérienne, l'autre avec le centre de recherche d'Eurocontrol, installé à Brétigny. ' Nous avons souhaité mettre l'accent sur les exercices pratiques, explique Nadège Supornpaibul, aiguilleur du ciel et membre de l'équipe Smart. Pour cela, nous avons décrit dans le détail notre activité quotidienne. Nous avons pu ainsi définir ensemble des scénarios. ' Concrètement, chaque membre de Smart a planché sur la réalisation de une ou plusieurs études de cas, destinées à se familiariser avec des nouvelles fonctions de l'outil. De son côté, Randall Roberts, chef de projet chez KTM Advance, s'est rendu dans la salle de contrôle pour découvrir le futur système. Il a pu l'utiliser et prendre en compte les contraintes de l'aiguilleur du ciel. Car le métier n'est pas facile. Il s'apparente à un exercice de haute voltige. Le contrôleur doit en effet gérer de multiples contraintes : diriger les avions en dehors des zones réservées à l'entraînement militaire, tenir compte des appareils qui viennent d'est en ouest, qui montent ou qui descendent. Ensemble, l'éditeur du logiciel et les contrôleurs ont donc reproduit les écrans et les fonctions tels qu'ils apparaîtront dans le système. Enfin, les opérationnels d'Eurocontrol ont validé le contenu.4. L'équipe projet promeut le nouveau systèmeUne fois la formation à distance terminée, les contrôleurs aériens peuvent s'entraîner à utiliser le nouveau système via un simulateur, comme en salle de contrôle. L'équipe Smart a par ailleurs joué un rôle de relais précieux auprès des 300 contrôleurs. Elle a ainsi contribué à véhiculer un message positif sur l'utilité du nouveau système de traitement des plans de vol. Ce n'était pas l'objectif premier de la constitution de l'équipe, mais ce bénéfice connexe s'avère tout aussi important. Au final, la méthode s'est révélée payante. ' Aucune des personnes de l'équipe Smart n'a abandonné en cours de projet ', se félicite d'ailleurs Herman Baret. Rendez-vous en décembre prochain pour la bascule effective vers le nouveau système de traitement des plans de vol.
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