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Le deuxième rapport Fourgous propose de révolutionner l'enseignement grâce au collaboratif
Si on parle depuis longtemps de travail collaboratif en entreprise, le sujet est moins abordé à l'école. Une erreur en passe d'être réparée avec le dernier rapport Fourgous. Contrairement au précédent opus de 2009, celui-ci consacre un chapitre entier à la collaboration en tant qu'outil d'apprentissage. De fait, “ le nouveau rapport porte moins sur les TICE (Technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement - NDLR) que sur l'école, la société et le poids du numérique. En ce sens, il est très ambitieux ”, résume Olivier Devillers, responsable TIC de l'Association des maires des grandes villes de France.Dès 2006, le Conseil et le Parlement européens citaient comme compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie le numérique, la collaboration, la formation continue, entre autres. Or, “ la France ne prend que très peu en compte ces nouvelles aptitudes ”, explique le rapport Fourgous. C'est “ une évolution de la pédagogie qui est nécessaire, avec une individualisation de l'apprentissage, estime Christine Balagué, cofondatrice du think tank Renaissance numérique. Le numérique permet aux élèves de revenir a posteriori sur un point particulier du programme. ” Si l'école peine à réaliser cette mutation, c'est donc en partie parce qu'elle “ implique un changement du statut du professeur, poursuit Christine Balagué. Il ne s'agit plus de transférer du savoir, mais d'être un intermédiaire entre des réseaux d'apprentissage et un individu. ”
Des équipements, mais aussi du contenu
Si le volet pédagogique occupe la plus grande part du rapport, quatre équipements sont mis en avant : les tableaux numériques interactifs (TNI), les espaces numériques de travail (ENT), les tablettes tactiles ainsi que le podcasting et la visioconférence. Les TNI présentent l'avantage de modifier l'organisation spatiale des classes et de favoriser l'apprentissage collectif. “ Ce sont surtout les écoles primaires qui les utilisent, car les prestataires ont produit du contenu intéressant pour ce type de support, explique Olivier Devillers. Mais elles sont encore ultraminoritaires. ” Pour résoudre le problème des contenus, certains poussent l'idée de plate-forme collaborative alimentée par les professeurs. “ Les enseignants pourraient ainsi mutualiser leur contenu, indique Pascale Luciani-Boyer, présidente de la commission TIC de l'Association des maires d'Ile-de-France. Mais ces initiatives sont synonymes de manque à gagner pour les éditeurs, ce qui pose problème. ”Les ENT rendent accessibles en ligne des ressources administratives (gestion des agendas et des notes) et, plus rarement, pédagogiques comme des cours en ligne. Mais certains considèrent que ces espaces numériques reviennent trop cher par rapport à leur bénéfice réel. La visioconférence, quant à elle, sert essentiellement pour l'apprentissage des langues étrangères. “ L'enseignement à distance est très intéressant pour les matières rares ”, se félicite Olivier Devillers. A l'heure actuelle, une partie des équipements est pourtant sous-utilisée. “ Il y a une dichotomie entre la place de la France dans sa capacité à équiper les écoles en numérique (7e des pays de l'OCDE) et son incapacité à l'utiliser (24e), avance Pascale Luciani-Boyer. Trop souvent, un raisonnement par l'argent est fait : puisque l'équipement a été acheté, la mission est remplie. ”Le rapport explique ainsi que “ l'impact des TIC dépend fortement de la façon dont elles sont utilisées : les performances des élèves sont améliorées lorsque les enseignants les exploitent à des fins pédagogiques et non comme un simple support pour moderniser leurs cours. ” Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette sous-utilisation. “ La formation et l'accompagnement des enseignants ne sont pas toujours pris en compte. Il n'existe pas d'évaluation de l'utilisation réelle des équipements à des fins éducatives. Enfin, le contenu manque souvent ”, résume Pascale Luciani-Boyer.
Insister sur l'apprentissage en informatique
Comme le rappelle Christine Balagué, “ l'éducation numérique, c'est les TICE, mais aussi l'apprentissage de l'informatique en tant que telle afin d'avoir un minimum de connaissance en programmation et de connaître quelques concepts de base ”. De fait, “ les étudiants ont trop souvent un manque de recul sur l'usage de l'outil numérique, notamment en ce qui concerne les réseaux sociaux et l'e-réputation ”, constate Jean-Pierre Berthet, DSI de l'Ecole centrale de Lyon. Beaucoup reste donc à faire et, si le rapport Fourgous est ambitieux, il omet d'aborder la problématique des moyens financiers nécessaires et disponibles.
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