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Pascal Thomas, président de Mappy. Construire une nouvelle histoire pour réussir la transformation de Mappy, tel est le défi de Pascal Thomas. Un chantier résolument humain conduit avec des méthodes agiles, pour un résultat plus proche de l'univers des internautes.
Ce matin-là, Pascal Thomas débarque au rendez-vous pile à l'heure dans une tenue décontractée. Il engage une discussion sur le trajet qu'il effectue quotidiennement à vélo, entre son domicile et son travail, parle itinéraire, routes… Bref, il ne fait aucun doute que le patron de Mappy ? pionnier de la cartographie virtuelle et filiale du groupe Pagesjaunes ? est dans son élément. Depuis un an, rattaché à Julien Billot, le directeur général adjoint du pôle média du groupe Pagesjaunes, il déploie une énergie folle à conduire la transformation de Mappy (8 millions d'utilisateurs mensuels). Il est épaulé par 80 collaborateurs en interne qui œuvrent sur la nouvelle version du site prévue pour fin janvier 2013. L'enjeu ? Faire en sorte qu'au-delà du calcul d'itinéraires et des cartes, ce New Mappy soit proche de l'univers des internautes. Ils seront de plus en plus invités à vivre des expériences de déplacements, mais aussi de découvertes immersives, avec, à la clé, des véritables parcours numériques qui devraient les ramener dans la vie réelle. Il peut s'agir, par exemple, de pousser la porte d'un magasin virtuel avant de se rendre sur place, assuré d'y trouver les produits recherchés, aux bons prix. Ce chantier de transformation, Pascal Thomas l'a entamé, dès son arrivée chez Mappy, en supervisant le développement de l'outil de navigation virtuelle Urbandive, qui permet aux internautes de visiter 330 villes en France, sans bouger de chez eux. Une alternative à Google Street View.
Des nouvelles méthodes de travail
En interne, il a dû restructurer complètement les équipes. A commencer par les dirigeants. “ Nous avons été dans l'obligation de recréer une histoire, et c'est plus simple de le faire avec des gens qui n'ont pas d'affect avec le passé ”, reconnaît-il. Ensuite, les équipes d'Urbandive et de Mappy ont dû fusionner. “ C'est très compliqué. Il n'est pas souhaitable qu'un groupe prenne le dessus sur l'autre. ” Sur le plan technique aussi, il a fallu combiner les différentes plates-formes existantes. Un chantier toujours en cours.Pour éviter l'effet tunnel encore trop courant dans les projets informatiques, Pascal Thomas a introduit des méthodes agiles auprès de ses collaborateurs de la technique et du marketing : “ C'est une bonne façon de donner du rythme à un projet et de créer une dynamique entre ces métiers. Tous les quinze jours, les techniciens nous montrent ce qu'ils ont développé, et les collaborateurs du marketing peuvent voir si cela correspond bien à leurs besoins. Cela crée des liens, en dépit des tensions. ”Pour mettre le New Mappy sur les rails, une bonne dose de charisme lui est tous les jours nécessaire afin de fixer le cap à ses équipes et de parvenir à partager sa vision. Le patron de Mappy, qui est évalué “ sur le respect du budget et l'audience des sites de Mappy et du groupe ”, semble aussi déterminé qu'exigeant. “ Les défis sont obligatoires pour tirer les gens vers le haut, mais un patron ne saurait être tyrannique. ”
Gérer l'énergie des équipes
Dans son travail, Pascal Thomas peut se réjouir d'un beau contrat publicitaire décroché par Mappy (“ Un sucre lent…, il en faut ! ”), d'un bon chiffre dans Médiamétrie, de la mise en ligne d'une nouvelle version ? jamais simple. Mais sa vraie satisfaction est d'accompagner la transformation des hommes, de les aider à mieux se connaître pour s'améliorer… Pas simple ! D'ailleurs, il ne s'en cache pas : en général, ce sont “ les problèmes humains qui m'empêchent de dormir ”. Ses collaborateurs composent avec “ des objectifs de coureurs de 100 mètres et de marathoniens ”, caricature-t-il. Il lui revient donc de gérer au mieux l'énergie de ses équipes pour l'inscrire dans la durée. Si Pascal Thomas est un homme de poigne, c'est en partie parce qu'il a vécu des expériences extrêmement formatrices. En tant que commercial dans une société de services informatiques : “ J'en ai vraiment bavé, mais elle m'a forgé un caractère. ” Chez Valtech pendant quatre ans, où il a fait du conseil en technologie et en organisation du travail, et fini avec une double casquette de directeur de la communication et du business développement. En créant, enfin, avec un partenaire, la société Cosmobilis et en déposant le bilan au bout d'un an, il s'est frotté à l'échec, “ tellement mal perçu en France ”. Probablement l'expérience qui a laissé la plus grosse empreinte…
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