' Il vaut mieux déménager soi-même son centre de données '
L'opérateur européen de solutions IP pour les entreprises vient de quitter la rue Beaubourg à Paris pour s'installer dans l'immeuble Le Capitole à Nanterre. Murray Durif, directeur technique d'Easynet France, se félicite de ce transfert géré totalement en interne.
01 Réseaux : Faut-il faire appel à un prestataire spécialisé pour déménager son centre de données ?Murray Durif : Je pense qu'il vaut mieux savoir le faire soi-même. Nous avons fait le nôtre entièrement nous-mêmes en cent jours, sans aucun impact négatif. C'était sans doute un gros pari. Aujourd'hui encore, je m'étonne que tout se soit si bien passé. Mais nous avons la chance de pouvoir compter sur des équipes très impliquées, qui ne comptent pas leur temps, et de disposer d'un réseau solide, qui nous a permis de gérer deux sites en double sans modifier la moindre adresse de machine. Nos prestataires Artelcom et ELP ne nous ont apporté qu'un renfort de trois personnes, et seulement pour la sortie des machines (1 000 serveurs et 200 routeurs).
01 R. : Il faut beaucoup de méthode tout de même, non ?M. D. : Un déménagement est une opération complexe, qui ne doit pas effrayer les clients. Il faut rassurer, expliquer, et planifier les choses de manière directive. Il faut dresser avec chaque client un inventaire précis des mouvements à faire. Les plus importants, comme pour ViaMichelin, ont été plus faciles à réaliser. Il a suffi de mettre un bout de leurs applications redondantes de chaque côté pour éviter toute interruption de service. Par contre, il a fallu synchroniser les événements avec les clients qui administrent eux-mêmes les serveurs que nous hébergeons. En fonction de leur trafic, certains ont demandé que la bascule ait lieu tôt le matin, et non en pleine nuit ou le week-end. Pour d'autres, elle a pu être calée sur leur plage contractuelle de maintenance. Enfin, nous avons dupliqué tous les systèmes que nous administrons nous-mêmes, activé l'un, puis désactivé l'autre.
01 R. : Faut-il profiter d'un déménagement pour lancer des migrations ?M. D. : C'est à proscrire. Certains clients nous l'ont proposé. Nous avons refusé. Il ne faut pas vouloir faire d'une pierre deux coups, car s'il y a un problème, on ne sait pas d'où il vient. Du déménagement, de la migration applicative, du changement d'architecture ? Mais maintenant que chaque client est réinstallé dans nos nouveaux locaux, libres à eux de faire évoluer leurs systèmes comme ils l'entendent.
01 R. : Êtes-vous satisfait de votre nouveau centre ?M. D. : Nous nous félicitons d'avoir pu nous installer dans les anciennes salles informatiques de Shell, dans un bâtiment conçu pour cela, contrairement à notre ancien site de la rue Beaubourg. Nous avons pu récupérer des onduleurs et des systèmes de climatisation. Nous disposons de 6 000 m2, soit trois fois plus de surface utile, et notre capacité d'hébergement a quintuplé. Nous avons ainsi pu créer des zones par type de systèmes hébergés : réseaux, fermes Citrix, pare-feu mutualisés, hébergement packagé, etc. Nous pourrons ainsi accueillir les nouveaux clients en un temps record et développer de nouvelles offres à valeur ajoutée, comme le stockage sur baie SAN mutualisée ou l'administration à distance des applications par le client lui-même. Nous sommes maintenant aux standards les plus élevés de l'industrie.