Immigration professionnelle : les refus de visa se multiplient en SSII

La circulaire Guéant restreignant le nombre de travailleurs et étudiants étrangers met en émoi les sociétés de services. Leur recrutement s'en trouve modifié et Syntec numérique monte au front.

Il s’appelle Mustafa. C’est un ingénieur tunisien, bénéficiant de six années d’expérience dans le domaine bancaire français. Son profil intéresse Additeam, SSII de 150 personnes, qui selon son PDG, Eric Decalf, ne parvient plus à recruter ce type de profil en France. « On ne trouve plus de cobolistes. Les anciens partent à la retraite et les jeunes ingénieurs se tournent vers les nouvelles technologies. »
Après sept semaines d’attente et une « procédure d’immatriculation longue et coûteuse (1 500 euros en moyenne) », Additeam reçoit une lettre-type. Une réponse négative de l’Administration au motif que… la compétence est disponible en France. Perte de chiffre d’affaires avancée par Eric Decalf : 70 000 euros hors taxes annuel.
« Mon client se tournera vers mes confrères, qui ont les mêmes contraintes que moi. Ce qui favorise le débauchage et la surenchère salariale sur ces profils rares. »
Autre effet induit : cette réduction de l’immigration légale favoriserait l’offshore. « Le dumping social se fait depuis le Maghreb ou l’Inde, d’autant plus si les ingénieurs sont contraints de rester dans leur pays. » En recrutant à un salaire « normal » ( de 30 à 32 K€), Eric Decalf se défend de tout dumping social.
Réduction de 30 % des autorisations de travail

Additeam n’est pas la seule SSII dans ce cas. Alors qu’elle n’avait connu en cinq ans qu’un seul refus dossier sur 100 déposés, Solucom a, elle, essuyé coup sur coup neuf rejets de visa de travail pour des jeunes diplômés marocains et tunisiens, certains en stages, d’autres en CDD depuis novembre 2010.
Sur certains dossiers, l’Administration a estimé que la société n’avait pas suffisamment tenu compte des candidatures envoyées par Pôle emploi. Celles-ci étaient de niveau bac + 2 alors que les postes (consultants en sécurité, en architecture, en organisation du système d'informationI) s'adressaient à des profils bac + 5.
Faute de visa, ces ingénieurs maghrébins ont dû être licenciés. Ces départs « précipités » ont provoqué un émoi en interne et une surcharge de travail pour les équipes restantes. Et ils ont suscité l’incompréhension puisque, parallèlement, quatre dossiers, pas différents des autres, ont été acceptés.
« Il semblerait que les dossiers examinés par les préfectures le soient sur la forme (un formalisme administratif qui prime) et guère sur le fond », estime la DRH de Solucom, qui se refuse à se résigner. Elle procède à des recours « très ficelés », étayant point par point chaque dossier.
La cause de ces refus à répétition, c'est la nouvelle politique d’immigration professionnelle du gouvernement, qui s’est traduite fin mai par la circulaire dite Guéant, restreignant le nombre de travailleurs et étudiants étrangers.
Puis, le 12 août, le même Claude Guéant et son confrère Xavier Bertrand signaient un arrêté réduisant de moitié la liste des métiers ouverts aux ressortissants non européens. Exit l’informaticien d’étude et l’informaticien expert. Bienvenue à l’ingénieur production et exploitation. Une politique qui donne des « résultats », puisque sur les huit premiers mois de l'année les autorisations de travail sont, selon Claude Guéant, en réduction de 30 %.
Les étudiants étrangers ont « vocation » à regagner leur pays
Saisi du « problème » dès le mois de mai, Syntec numérique a sollicité un rendez-vous « politique » avec Xavier Bertrand – resté pour l’heure sans réponse – après avoir eu un entretien « technique » avec le ministère du Travail.
« Avec un chômage des informaticiens à 3 ou 4 %, nous sommes sur un marché de plein emploi, estime Michaël Hayat, délégué aux affaires sociales de la chambre syndicale. Cette restriction met non seulement les SSII en difficulté mais génère des drames individuels. Les entreprises ne peuvent tenir les promesses faites à ces ingénieurs. »
Selon lui, ce n’est pas tant la circulaire elle-même qui pose problème que son application. Il est demandé aux préfets de se référer à l’enquête « Besoins de main d’œuvre » (BMO) de Pôle emploi pour apprécier les profils manquants en France. Or, cette enquête BMO place l’informatique parmi les métiers éprouvant les plus de difficultés à embaucher.
Il en retient toutefois une formulation malheureuse qui rappelle que « les étudiants étrangers ont prioritairement vocation, à l’issue de leur séjour d’études en France, à regagner leur pays pour y mettre en œuvre les connaissances acquises ». Quel intérêt d’intégrer une grande école française si la France ne propose pas de perspectives d’avenir sur son sol ?
Pour le Munci, très au fait du sujet, la circulaire Guéant a surtout pour but de rappeler les dispositions de l’article R.5221-20 du code du travail, qui s'oppose notamment au dumping salarial. « Mais en pratique, les contrôles sont rares et il serait utile d'instaurer un seuil de rémunération minimum pour les travailleurs étrangers hautement qualifiés. » Un seuil qui existe dans d'autres pays : 65 K€ par an en Allemagne, 36,6 K€ en Belgique. « A partir de là, plus besoin de chercher à réguler hasardeusement l'immigration économique. Nous verrions alors si nos SSII continuent à recruter autant dans les pays à bas coûts, comme au Maghreb... », conclut l’association professionnelle.
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Ghitza
Dehors avec les traailleurs immigrees. ca coure les rue des indiens et maghrebins venus se pros.tiruer pour pas cher.
Dehors avec les entreprises qui ont delocalise. Meme l'etat delocalise ! voir AIRBUS qui soutraite a travers Logica tout le developpement en Inde.
Assez de la mondialisation, nous payons nos impots on veut notre travail ! -
lagarde
Je suis patron d'une SS2I sur Paris et je recherche désespérément des ingénieurs payés au SMIC. Seuls les étrangers acceptent, les français ne veulent plus travailler, c'est une honte.
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Ingé_com
Un salaire à 30/32k?, 70000? de CA annuel perdu.
Pour moi cela représente: un TJM faible; un salaire très peu élevé pour un ingénieur avec 6 ans d'expérience.
Il doit clairement y avoir un problème de rentabilité ici.
Et puis depuis quand les SSII sérieuses recrutent des "cobolistes" en 2011. Soit tu les as, soit tu les as pas, mais en aucun cas tu ne vas les chercher si tu mises sur le futur. Vendeur de viande? -
viandeapascher
""" C’est un ingénieur tunisien, bénéficiant de six années d’expérience dans le domaine bancaire français.
(...) En recrutant à un salaire « normal » ( de 30 à 32 K€), Eric Decalf se défend de tout dumping social """
C'est une plaisanterie ???
Un ingé avec 6 ans d'exp, c'est 40-45K€ en France, 30-32 K€ c'est pour les débutants, et plutôt en province !!!
Là voilà la raison... -
pedro11111
http://pro.01net.com/editorial/545162/le-chomage-remonte-pour-le-troisieme-mois-consecutif/
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polodu75-2
Le MUNCI (et 01NET) ne font que reprendre les stats publiques à savoir les chiffres mensuels de Pôle-emploi sur le chômage dans le secteur !!!
Voir :
http://pro.01net.com/editorial/542378/mille-informaticiens-de-plus-au-chomage-en-aout/
http://munci.org/Le-chomage-des-informaticiens-joue-au-yoyo-sources-Dares-Pole-emploi-Insee -
polodu75
Le MUNCI (et 01NET) ne font que reprendre les stats publiques à savoir les chiffres mensuels de Pôle-emploi sur le chômage dans le secteur !!!
Voir :
http://pro.01net.com/editorial/542378/mille-informaticiens-de-plus-au-chomage-en-aout/
http://munci.org/Le-chomage-des-informaticiens-joue-au-yoyo-sources-Dares-Pole-emploi-Insee -
viking10
L'exemple donné par Monsieur SYNTEC est le plus ùmauvais exemple qu'il pouvait trouver. En effet, Il y a 2 à 3 ans, les banques et les sociétés de backoffice boursier (Euroclear et Clearstream par explemple) ont résilié leurs contrats de mise à disposition de personnel auprès des SSII et ces contrats concernaient en très grande majorité des informaticiens Cobolistes. Cela a concerné plusieurs centaines de personnes en majorité de nationalité française qui du jour au lendemain n'ont plus eu de travail et leurs SSII d'appartenance n'a pas été capable de leur retrouver des contrats correspondant à leurs compétences informatiques bien souvent limitées au Cobol. Aujourd'hui ces mêmes banques et sociétés de backoffice sont de nouveau demandeuses mais pour des effectifs inférieurs à ceux qui ont été remerciés.
Certaines SSII peu présentes sur ces marchés essaient donc d'y pénétrer en faisant appel à des travailleurs magrébins principalement et en leur proposant des salaires de misère pour pouvoir remporter ces marchés.
Il est donc normal que les pouvoirs publics favorisent les informaticiens français Cobolistes qui sont toujours sur le carreau. -
ci-devant syndicaliste
Mea culpa, mea maxima culpa !
Je regrette de n'avoir pas eu la clairvoyance et aussi le courage de ne pas m'être opposé radicalement aux évolutions du SYNTEC dans les années 80.
A même avoir accompagné SYNTEC dans l'élargissement de son champs professionnel... en acceptant d'intégrer dans notre branche les entreprises de main d'oeuvre (traitement à façon pour le compte des entreprises utilisatrices) l'ancien code NAF 7704.
Et pire de ne pas avoir freiné des 4 fers quand les entreprises prestataires de main d'oeuvre qui ont poussé comme les champignons pour offrir en régie, aux grands comptes une main d'oeuvre bon marché, taillable et corvéable en s'exonérant d'une manière éhontée des règles des entreprises d'intérim...
(inter-contrat, salaire au raz des pâquerettes, utilisation frauduleuse des fonds de la formation professionnelle, etc?)
Nous pensions naïvement (tous syndicats confondus) que nous aurions plus de poids pour mieux négocier avec nos patrons. Quelle erreur !!!
Le secteur des entreprises du SYNTEC, fournisseur « d'intelligence » et de « savoir-faire » à haute valeur ajoutée, fourni aujourd'hui majoritairement des prestations de service dont les salariés sont considérés comme de la piétaille ! -
ex_altran
que certaines societes se plaignet de ne pas pouvoir embaucher des etrangers et que ca leur pose probleme soit
mais que des marchands de viandes le font, c est quand meme gonfle !
D ailleurs l article contient la veritable raison dans la bouche de l interviewé : on va devoir augmenter les salaires si on peut pas embaucher des etrangers
Je suis sur que si c etait bien paye et pas en SSII un poste en cobol attirerait des candidats. Mais en SSII, faire du cobol est suicidaire, le jour ou vous n aurez plus de client, on vous montrera la porte.
Une SSII va pas perdre de l argent a former son personnel !
Sinon, au lieu de faire ce type de blocage, il suffirait de mettre une limite au salaire. Si on met 65 KE comme en Allemagne, curieusement, on va plus avoir de SSII ...
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