Incertitude totale
Olivier Discazeaux, chef d'enquêteJusqu'ici tout allait bien dans les services. Malgré les incertitudes qui pèsent sur les finances publiques, les cabinets d'analyse prévoyaient un nouveau cycle d'investissements dans les prestations de services informatiques. Gartner prédisait pour cette année une augmentation de 6,6 %, à 846 milliards de dollars dans ce domaine. Les résultats des SSII laissaient croire à une année exceptionnelle. Et puis le cabinet britannique Ovum est venu doucher l'optimisme ambiant, en annonçant une baisse de la valeur des contrats d'externalisation signés dans le monde de 40 %, à 19 milliards de dollars au deuxième trimestre 2011, comparé à la même période de l'année précédente. Le plus bas niveau atteint depuis huit ans sur un trimestre. La conjoncture économique a conduit à un allongement du cycle de vente des projets. Et les entreprises préfèrent signer des contrats plus courts : de cinq à sept ans, les contrats d'externalisation sont passés à une moyenne de trois à cinq ans. L'étude a été reprise par l'ensemble des sites de la presse informatique, les Cassandres annonçant déjà un retournement de tendance. Il faut toutefois relativiser ces chiffres qui ne portent que sur un trimestre. La baisse de la valeur des contrats signés, outre la chute du nombre de signatures, est aussi liée à l'absence de mégacontrats (de plus de 500 millions de dollars, selon Ovum) sur le trimestre concerné. Il suffit qu'un ou deux gros accords aient été décalés et les chiffres sont biaisés. Cette tendance à la réduction de la taille des contrats n'est pas non plus nouvelle. Depuis deux ou trois ans, les grands contrats d'externalisation se font de plus en plus rares. Les entreprises préférant opter pour le multisourcing. Le véritable marqueur de tendance pour le marché des services reste l'évolution des prestations de conseil et d'intégration de systèmes, particulièrement sensibles aux cycles économiques. La révision à la baisse des prévisions de croissance du PIB au deuxième trimestre, en France notamment, aurontelles un impact ? Personne ne peut prédire quelle sera l'attitude des entreprises.
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