Inédit : un département libère la totalité de ses données publiques

Opendata71.fr référence toutes les données concernant l'activité du conseil général de Saône-et-Loire. Des informations livrées avec des outils de visualisation et d'analyse.
Le conseil général de Saône-et-Loire frappe fort. Avec Opendata71, son nouveau portail départemental (ouvert vendredi prochain), il franchit un cap dans les pratiques de l’open data. A ce jour, les données libérées par les municipalités pionnières ne concernent que certains volets de la vie publique. Et pas les plus sensibles : tourisme, transport, cartographie… Rennes est l’une des seules à avoir ouvert ses données budgétaires. Par ailleurs, ces informations existent souvent à l’état brut et statique. Charge au citoyen, aux chercheurs ou aux développeurs de les analyser et les croiser.
Opendata71 lève ces deux limites. Il libère ainsi l’ensemble des données du conseil général : notes de frais des élus, finances (avec un arriéré de dix ans), subventions (aux associations, communes et entreprises), dépenses, patrimoine, passations de marchés publics, fournisseurs, énergie, eau, etc. « Après cette libération massive de données, il n'y aura plus d'informations libérables juridiquement. Ensuite, nous entrerons dans le champ secret des données nominatives protégées par la loi », indique Arnaud Montebourg, président du conseil général.
Des interfaces normalisées pour les développeurs

Autre originalité : le portail propose un outil de visualisation pour que l’utilisateur explore lui-même, en les faisant interagir, les différents jeux de données. Il pourra ainsi croiser par glisser-déposer des axes tels que les subventions et l’action sociale. Côté infrastructure, l’entrepôt de données central bâti pour l’occasion présente aux développeurs deux types d’accès. L’un, classique, sous la forme d’export de fichier (Excel essentiellement), l’autre plus industriel, par le biais d’interfaces documentées.
Les données seront gratuites et régies par la licence V2 de l’Apie, favorable à une réutilisation commerciale. Cette licence impose la citation de la source, mais n'oblige pas à reverser à la communauté le fruit de l’enrichissement de ces données.
La transparence avant les retombées économiques

L’argument de la transparence politique est largement mis en avant par le conseil général, et surtout par son président. « Nous allons travailler sous le regard public, des citoyens, de l’opposition, des journalistes et de tout ceux qui vont évaluer nos décisions. Ce programme peut même nous mettre en difficulté », avance le candidat aux primaires du PS. Cette transparence de l’action politique est également un moyen pour lui de lutter contre le clientélisme : « Vos ennemis n’ont pas d’argent, et vos amis ont de l’argent dont ils n’ont pas besoin. Et ceci produit du gaspillage de l’argent public. »
Enfin, Arnaud Montebourg croit son initiative open data irréversible : aucun élu ne pourra remettre en cause cet « acquis informatif ». Reste à voir si elle fera des émules au niveau des communes ou d'autres départements.
On notera toutefois que le conseil général est resté assez discret sur l’autre volet crucial de l’open data : les retombées financières sur les acteurs privés exploitant ces données. Une timidité qui s’explique sûrement par le fait que l’équation économique de l'open data reste encore à démontrer.