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Critiques, les projets logiciels dans l'aéronautique sont également toujours au long cours. Aussi, l'arrivée de nouvelles technologies ou méthodes doit-elle être encadrée par des règles strictes.
Cockpits intelligents, drones, satellites, mise à niveau des équipements d'anciens avions, adaptation de systèmes militaires, le secteur aérospatial devient de plus en plus friand de logiciels. Dans ce domaine, la France dispose
d'une compétence reconnue, et d'un tissu d'industriels performants et inventifs.De nouvelles approches techniques commencent par conséquent à émerger, mais les contraintes propres à l'aéronautique obligent à prendre certaines précautions. ' Il faut toujours tenir en compte de
l'existant, certifie Nicolas Delattre, ingénieur chez Incka, une société spécialisée dans l'informatique embarquée. Dans le domaine militaire, par exemple, les applications doivent durer longtemps, vingt ou trente ans, mais
elles subissent, au cours de cette période, de nombreuses modifications, telles des adaptations commerciales pour les équipements ou des ajouts de systèmes d'armes. En revanche, les modifications se révèlent être moins nombreuses dans l'aéronautique
civile. 'Qu'il s'agisse de systèmes militaires ou civils, le logiciel est devenu prépondérant pour l'innovation. Dans le cas d'une remise à jour d'anciens appareils, il est fréquent de remplacer des systèmes analogiques équipés de
cadrans à aiguilles par des ensembles de calculateurs avec un affichage LCD.En matière de développement, le langage Ada 95, complété par l'assembleur, s'est imposé dans le logiciel embarqué afin de garantir un fonctionnement sans faille. Pour autant, on commence à utiliser les langages C++ et Java pour
des projets partant de zéro. De même, l'UML est devenu le standard de représentation pour les modèles d'objets physiques. Il est donc facile d'obtenir des correspondances directes avec des objets C++ ou Java. ' Mais il faut
appliquer des règles strictes, si possible, dès le niveau du codage, sur les allocations dynamiques de mémoire ou le multithreading pour éviter les mauvaises surprises, décrit Nicolas Delattre. Décliner des
ateliers de génie logiciel incluant des outils de vérification à chaque phase se généralise. Cela va jusqu'à des compilateurs détectant des entorses aux règles. Plus le cycle du projet est long, plus le nombre d'intervenants est grand et le risque
est en proportion. Il est donc préférable de pouvoir brider dès le début. 'Les nouvelles approches d'organisation des équipes, comme les méthodes agiles, restent d'une utilisation confidentielle. ' Cette culture n'est pas encore très développée dans le monde
industriel, explique Nicolas Delattre. Je crois plus au cycle en V incrémental avec une multitude de validations intermédiaires. '
L'architecture est primordiale
Le secteur se met également à utiliser de manière croissante des composants standards du marché. Ainsi, le processeur PowerPC jouit d'un succès certain, comme l'OS temps réel VxWorks, en raison de ses nombreuses certifications,
en particulier dans le domaine spatial.A l'image du secteur automobile, les projets impliquent le plus souvent des réseaux de calculateurs, l'important étant de maîtriser leurs interactions. ' Les processus de base ?" faire tourner
une application sur un calculateur ?" sont maîtrisés, indique Eliane Fourgeau, directrice générale de TNI Software. Il n'y a guère de différenciation dans les couches basses. Il est plus important de travailler sur
l'architecture pour l'optimiser. 'Les systèmes embarqués aérospatiaux sont l'un des trois piliers du pôle de compétitivité Aerospace Valley, situé à Toulouse. Il regroupe 1300 entreprises ou organismes parmi lesquels les fleurons de l'industrie aérospatiale
française et européenne (Airbus, Dassault Aviation, EADS Espace, etc.) et des centres de recherche comme le Cnes et l'Inria.
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