Internautes, reprenez le contrôle de vos données !

Venu des pays anglo-saxons, le courant « MyData » gagne la France. Il propose non seulement aux internautes de se réapproprier leurs données personnelles mais aussi de les « exploiter » eux-mêmes.
Si c’est gratuit, vous êtes le produit ! On connaît l’adage. Les Google et autres Facebook monétisent à prix d’or les données personnelles que nous disséminons à longueur de temps sur les webmails et les réseaux sociaux. Le prix à payer ? Notre vie privée. En réaction à cette dérive est né au tournant de la décennie 2010 le mouvement MyData dans les pays anglo-saxons. Il vise à redonner aux internautes le contrôle de leurs données.
Une fois que vous avez rapatrié vos données, libre à vous de les « exploiter » vous-même. En connaissant le détail de votre consommation de services ou de biens, vous serez plus à même d’évaluer leur coût réel et de faire jouer la concurrence. Ou comment inverser le rapport de force.
Parmi les dix mesures du plan cloud computing de Thierry Breton (Atos) et Octave Klaba (OVH), présenté ce mercredi 5 juin au gouvernement, l’un d’elles vise à faire émerger le concept de « cloud personnel ». De la même façon que la loi a obligé les opérateurs télécoms à assurer le portage du numéro de téléphone, la mise en place d’interfaces de programmation (API) sur les plateformes sociales – pour l’essentiel américaines - permettrait d’assurer la portabilité des données personnelles.
C’est ce qui disait également, avec ses mots, le Conseil européen en octobre dernier. Dans une déclaration commune, les 28 Etats-membres estimaient qu’il faillait « s’attaquer aux obstacles qui continuent d'empêcher chacun d'accéder à sa "vie numérique" à partir de différentes plateformes », en créant « un cadre ouvert et non discriminatoire » qui garantisse cette interopérabilité "sans entraver le développement de l'environnement numérique". »
Tirer bénéfice de ses propres données
En France, la Fondation Internet Nouvelle Génération (Fing) a lancé, dans ce sens, le projet MesInfos. Des entreprises comme la Société Générale, Axa, Orange, Intermarché ou la SNCF ont accepté de « libérer » les données qu’elles possédaient. Des particuliers bêta-testeurs ont eu ainsi accès sur une plateforme en ligne à des informations sur leurs communications fixes et mobiles, leurs dépenses courantes…
Mais les données brutes n’apportent pas grand-chose. Tout un écosystème de startups et de développeurs sont invités à proposer des applications pour mieux consommer, réduire ses déplacements ou négocier le contrat d’assurance le plus adapté à votre situation en se « benchmarkant » avec une communauté d’individus au profil similaire au votre.
Des initiatives privées voient aussi le jour. Le site Yes Profile agit comme un tiers de confiance entre le consommateur et les marques. Après avoir complété son profil de consommateur, l’internaute décide de diffuser telle ou telle information aux marques de son choix. Fini les spams, il reçoit des propositions commerciales ciblées. Mieux, Yes Profile le rétribue pour cette diffusion sachant qu’un contact d’un fichier marketing se négocie de 15 à 25 centimes
L’opérateur télécoms américain AT&T propose, lui, un rabais sur son forfait haut débit aux internautes qui l’autorisent à monnayer certaines données personnelles comme les requêtes sur les moteurs de recherche ou l’historique de navigation.