Internet mobile Enfin, le véritable coup d'envoi
Avec la banalisation du GPRS et l'arrivée d'une nouvelle génération de terminaux, les conditions sont désormais réunies pour permettre à l'internet mobile de décoller. Assez optimistes, les opérateurs se méfient toutefois du poids croissant de Nokia et de la montée en puissance de Microsoft.
Avec deux ans de retard, l'internet mobile est enfin prêt à rebondir de manière à peu près crédible. Certes, on est loin des projections fantaisistes de certains constructeurs, qui, début 2000, prédisaient que, " dès 2003, le nombre d'utilisateurs d'internet en situation de mobilité [dépasserait] celui des internautes depuis un PC fixe " (Nokia) ou que " six cents millions de personnes [consulteraient] des services internet sur leur mobile en 2004 " (Ericsson). Il n'empêche : l'arrivée de terminaux spécifiques, notamment dotés d'un écran en couleurs, et la banalisation du protocole GPRS - désormais opérationnel - ouvrent de véritables perspectives au multimédia mobile. Après deux ans et demi de tâtonnements, les trois opérateurs tricolores (Orange, SFR et Bouygues Telecom) ne s'y sont pas trompés, avec un renouvellement de leur offre de services multimédias, pour les deux premiers ; et le lancement d'i-mode, pour le troisième. Pour l'instant prioritairement tournés vers le grand public, ces services devraient permettre de tester enfin le marché, sans retomber dans les errements du WAP. De même, la réflexion sur les services semble nettement plus aboutie, à l'instar de la multiplication des partenariats noués avec les fournisseurs de contenus (près de 80, dans le cas de l'i-mode). Terminée, également, l'arrogance d'opérateurs, tous plus conquérants les uns que les autres :" L'accord est signé, la marque est trouvée, les équipes sont en place, le produit est là ", disait Jean-Marie Messier, président de Vivendi, lors du lancement de Vizzavi, son fameux portail commun avec Vodafone. " Nous sommes les premiers sur ce marché, où nous allons créer beaucoup de valeur pour nos actionnaires ", renchérissait Chris Gent, le président de Vodafone...
Orange vient de franchir un pas significatif, en commercialisant un appareil fabriqué par le taïwanais HTC, et doté d'un système d'exploitation d'origine Microsoft. Baptisé SPV (son-photo-vidéo), ce dernier est, en quelque sorte, l'antiSymbian, le principal consortium - notamment animé par Nokia - concurrent de Microsoft dans les systèmes d'exploitation pour téléphones mobiles." Si on tourne le dos à Nokia, on risque de passer sous la coupe de Microsoft ", s'inquiète un membre du comité exécutif de France Télécom, la maison mère d'Orange. Quant à Vodafone, il semblerait qu'il envisage de s'approvisionner davantage dans le Sud-Est asiatique, où ses spécifications (y compris au niveau du système d'exploitation) seraient mieux prises en compte. Reste le cas de l'i-mode où l'opérateur, à l'instar de NTT DoCoMo, spécifie lui-même ses terminaux. Témoin Bouygues Telecom, E-Plus, KPN et Telefónica - les principaux opérateurs européens à avoir adopté l'i-mode -, qui s'apprêtent à adopter des spécifications communes, afin de peser davantage vis-à-vis des fournisseurs de terminaux. Ce foisonnement d'initiatives permettra-t-il de véritablement lancer l'internet mobile en Europe ? Pragmatiques, les opérateurs se montrent néanmoins optimistes, malgré les déboires rencontrés.
Oublier le traumatisme du WAP
Aujourd'hui, l'heure est au réalisme et à la modestie. " Nous avons sous-estimé les ravages du WAP auprès des utilisateurs ", reconnaît Alain Pouyat, administrateur et directeur des systèmes d'information du groupe Bouygues. " Même si SFR devait, de toute manière, investir dans un portail mobile, le lancement de Vizzavi était démesuré ", concède Philippe Germond, le président de Cegetel (qui doit rejoindre Alcatel d'ici quelques semaines).Il faut dire qu'il en va de la crédibilité même d'une industrie qui a besoin de se relancer, tant du côté des équipementiers, plutôt mal en point en ce moment, que des opérateurs cellulaires. Pour ces derniers, fini le temps - pas si lointain - où ils pronostiquaient que leurs recettes issues d'internet et des données mobiles dépasseraient rapidement celles de la voix. Aujourd'hui, l'augmentation du revenu par abonné (le fameux Arpu) est un impératif incontournable. " De toute façon, nos actionnaires ne nous laissent pas le choix ", confiait, l'an dernier, Frank Esser, alors directeur général de Cegetel, la maison mère de SFR, dont il a récemment été promu président. Pour ce faire, les opérateurs tournent, désormais, presque le dos à la technologie, pour privilégier les applications et les besoins prêtés aux utilisateurs. " L'objectif n'est pas de promouvoir des technologies, mais de mettre en place des services s'appuyant sur une ergonomie qui fonctionne et des technologies qui marchent, résume Alain Pouyat, qui parle de la nécessité de créer un écosystème favorable. "Opérateurs contre industriels ?
Derrière la bataille des services et de ses diverses applications, comme le " bureau mobile ", l'enjeu est également industriel. Avec une question que se posent de nombreux opérateurs cellulaires, de plus en plus échaudés par l'omniprésence de Nokia dans cet univers : " Faut-il constituer une sorte de sainte alliance pour contrer Nokia ? " Sans que la question soit définitivement tranchée, un nombre croissant d'opérateurs prennent leurs distances avec le constructeur finlandais (qui détient la moitié du marché européen).Orange vient de franchir un pas significatif, en commercialisant un appareil fabriqué par le taïwanais HTC, et doté d'un système d'exploitation d'origine Microsoft. Baptisé SPV (son-photo-vidéo), ce dernier est, en quelque sorte, l'antiSymbian, le principal consortium - notamment animé par Nokia - concurrent de Microsoft dans les systèmes d'exploitation pour téléphones mobiles." Si on tourne le dos à Nokia, on risque de passer sous la coupe de Microsoft ", s'inquiète un membre du comité exécutif de France Télécom, la maison mère d'Orange. Quant à Vodafone, il semblerait qu'il envisage de s'approvisionner davantage dans le Sud-Est asiatique, où ses spécifications (y compris au niveau du système d'exploitation) seraient mieux prises en compte. Reste le cas de l'i-mode où l'opérateur, à l'instar de NTT DoCoMo, spécifie lui-même ses terminaux. Témoin Bouygues Telecom, E-Plus, KPN et Telefónica - les principaux opérateurs européens à avoir adopté l'i-mode -, qui s'apprêtent à adopter des spécifications communes, afin de peser davantage vis-à-vis des fournisseurs de terminaux. Ce foisonnement d'initiatives permettra-t-il de véritablement lancer l'internet mobile en Europe ? Pragmatiques, les opérateurs se montrent néanmoins optimistes, malgré les déboires rencontrés.
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