Intervention d'Olivier Gaultier* : ' Témoignage, le DSI, un directeur parmi d'autres '

(*) Gérant des Editions LégislativesFrédéric Simottel : L'intervention suivante est d'Olivier Gaultier, gérant des Editions législatives. C'est une intervention interactive avec les personnes de la table et le public. Ma première
question, Olivier, est pour vous demander de présenter les Editions législatives et de situer l'informatique dans une entreprise comme la vôtre.Olivier Gaultier : Les Editions législatives éditent des dictionnaires et de la presse juridiques. Le deuxième aspect important est que nous sommes un groupe de PME de taille modestes. Nous avons fait le choix de ne
pas avoir de direction groupe importante et hypertrophiée et d'avoir toutes les compétences opérationnelles et techniques au niveau des filiales opérationnelles. Nous vivons ce choix au niveau informatique : nous n'avons pas de
directeur informatique groupe, mais nous souhaitons avoir des synergies informatiques, des développements d'applicatifs en commun, des choix techniques en commun, etc. Comment cela fonctionne-t-il ?Nous nous efforçons de relever deux défis. Le premier est que les DSI des filiales créent entre eux des relations de confiance, un partage des savoir-faire, des techniques et le deuxième est que les DG des différentes sociétés
opérationnelles ?" qui doivent prendre les décisions ?" doivent s'y intéresser. Ce n'est pas toujours facile, mais cela marche.Frédéric Simottel : Quand vous avez redéfini l'informatique au sein de ces PME, et où l'avez-vous situé ?Olivier Gaultier : Parmi ces PME, j'ai choisi d'en ' réingéniérer ' une totalement. Il s'agissait de 300 personnes, donc d'une taille où il est possible de
travailler assez rapidement. J'ai tout redéfini : organigrammes, missions, description de postes. Près de 250 personnes sur 300 ont bougé en trois ans. Leurs postes ont été redéfinis, nous sommes repassés par un recrutement externe, de
la mobilité interne, etc. La première personne que j'ai embauchée a été un DSI. Pour deux raisons : parce que nous traversions une crise et parce qu'il fallait commencer par un problème pour régler les suivants les uns après les
autres. La crise était liée à des luttes de pouvoir et à un grand débat dans l'entreprise entre Mac et PC, qui empêchait de renouveler les parcs de matériels. Plus rien ne fonctionnait. Nous avons renouvelé le parc et défini des fonctions
support utilisateur, étude et développement, systèmes et réseaux. Nous avons défini les postes, recruté des compétences pointues et mis en ordre de marche la partie DSI.Frédéric Simottel : Pourquoi avez-vous commencé par recruter un DSI ?Olivier Gaultier : Nous sommes une PME à très forte valeur ajoutée, le personnel est très qualifié, le chiffre d'affaires par personne est très élevé. Nous nous préoccupons beaucoup de productivité personnelle,
de productivité visuelle et d'efficacité de la personne. L'outil informatique est au c?"ur du travail, avec des utilisateurs exigeants et une informatique au coeur du produit. Il était déterminant que le système fonctionne. Je suis
plutôt d'accord avec M. Tassin sur la partie technique, managériale et gestion. J'attendais du DSI qu'il ait une capacité à gérer les projets et les budgets, mieux, à gérer des projets informatiques ?"
d'investissement et de fonctionnement ?" ce qui représente une gestion de projet particulièrement difficile, les problèmes ne manquant jamais d'intervenir. En termes de management d'équipe, du côté ' relations
humaines ', il est clair que le DSI doit savoir manager ses propres équipes et des relations interpersonnelles avec les non informaticiens, les ' métiers '. Ce n'est pas par hasard si ce sont des
opposants structurels.Frédéric Simottel : Vous disiez que le couple DSI ?" DG n'existait pas...Olivier Gaultier : Sur la capacité technique du DSI ?" est-il plus important qu'il ait une connaissance métier ou technique ? ?" j'ai préféré un DSI qui avait certaines capacités techniques
et qui connaissait le métier... Mais je suis d'accord avec M. Tassin. J'attendais que mon DSI ait des capacités techniques au moins sur des points critiques pour moi, ainsi qu'une capacité à apporter une valeur ajoutée sur
n'importe quel sujet technique sur n'importe quel sujet, même sur ceux qui ne l'intéressent pas. Ma règle du jeu est donc d'afficher les sujets sensibles. Je préviens. Les métiers savent déjà que sur ces sujets, je peux
descendre tout au fond de la mine, le DSI aussi et je leur demande à tous d'apporter de la valeur ajoutée. Il n'est pas possible d'amener en réunion un expert sur un de ces sujets... Il faut s'y intéresser
personnellement.Frédéric Simottel : Cette sensibilité aux sujets vous est-elle particulière ou est-elle générale ?Olivier Gaultier : Je crois que c'est général, car l'informatique est au c?"ur du produit et de la commercialisation. Nos produits sont des bases numériques structurées. Ce sont des centaines de
milliers de caractères structurées SGML avec des liens hypertextes dans tous les sens, de la navigation, etc. Par ailleurs, nous sommes vépécistes et spécialistes en vente à distance, un type de vente qui implique bases de données, adresses
hautement qualifiées sur lesquelles nous faisons des tris dans tous les sens. Nous vendons nos produits sur abonnement et nous devons donc être performants en CRM, avec des plateaux d'appels entrants et sortants - pour ceux que cela
passionne, le couplage téléphone/informatique sur les plateaux d'appel est quelque chose de passionnant. L'informatique est donc au c?"ur de produits et des méthodes de commercialisation. Je suis obligé de m'y intéresser. Mon
DSI doit comprendre le métier, s'intéresser aux problèmes opérationnels au c?"ur des opérations.Frédéric Simottel : Quelles sont les trois missions prioritaires que vous lui avez données ?Olivier Gaultier : Tout construire dans une entreprise implique aussi l'informatique. D'abord, c'est l'équipe, avec des tâches, des missions. Ensuite, définir un plan de renouvellement de
tout le parc matériel. Il s'agissait de doter chaque personne d'un PC qui marche. Et enfin, renouvellement de tous les applicatifs opérationnels, plus des systèmes et réseaux performants et en sécurité. L'ensemble sur cinq ans.
Le problème crucial réside dans les applicatifs métier : gagner la confiance des utilisateurs avec un matériel performant et des machines qui marchent est la base, deuxième étape, gagner celle des directeurs métier pour qu'ils reconnaissent
la valeur ajoutée du DSI, grâce auquel ils vont avoir des systèmes plus efficaces, plus fiables, avec des gains de productivité. C'est difficile.Frédéric Simottel : Comment avez-vous fait ? Le DSI assiste-t-il aux comités de direction ?Olivier Gaultier : Bonne question. La tradition était qu'il existait un comité de direction et un comité des directeurs. De droit, certaines directions étaient dans les premiers et d'autres dans le
second. L'informatique n'était pas dans le comité de direction. J'ai maintenu cet état de fait en n'y mettant pas immédiatement l'informatique, parce que le comité de direction n'est pas honorifique.
Traditionnellement, c'est la personne qui fait la différence. C'est sa façon d'apporter de la valeur ajoutée qui la fait reconnaître.
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