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Pourquoi continuer à utiliser des technologies télécoms incapables de comprendre et de manipuler les flux de données relatifs aux applications ? La pénétration d'IP au c?"ur des réseaux optiques ainsi que l'avènement d'Ethernet
résolvent ce paradoxe.
" Sans conteste, IP est devenu le protocole de choix pour les applications écrites en mode réseau, et le standard d'accès à distance aux autres applications. Aujourd'hui, la fiabilité des échanges applicatifs est systématiquement
réalisée par TCP, qui s'est imposé comme le protocole privilégié de transport et de session au sein des réseaux de transmission de données. Et c'est RTP (Real time protocol) qui perce comme protocole des sessions en mode quasi
temps réel.Ainsi, puisque toutes les applications utilisent déjà un mode connecté pour leurs échanges, pourquoi multiplier la même fonction protocolaire dans toutes les couches sous-jacentes ? Désormais, le vrai débat devrait plutôt viser à
répondre à la question : " Comment apporter les hauts débits aux services Internet, aussi bien pour les services de données que pour les services temps réel (téléphonie et vidéo), les services aux particuliers (simplicité et
capacité d'évolution) et les services aux entreprises (Intranet, Internet, VPN, SAN, etc.)? " ; et à son corollaire : " Quelles architectures et quelles technologies choisir pour déployer et exploiter ces services
? ".Émanant des télécoms classiques, la technologie ATM (Asynchronous transfer mode) a tenté, au cours des années 90, de s'imposer comme méthode universelle de commutation, en essayant, par exemple, de pénétrer
l'infrastructure de communication du réseau local et des serveurs. Mais, l'arrivée du Gigabit Ethernet de niveau 3 lui a définitivement ôté cette perspective. Face à la concurrence conjointe de Sonet-SDH et d'IP, ATM n'a pas remporté plus de succès
sur le réseau métropolitain. Et l'IP-MPLS lui a fermé la porte des grands c?"urs de réseaux étendus de données.Les deux derniers refuges de l'ATM sont donc la concentration d'accès ADSL et, peut-être, la future téléphonie mobile UMTS. Mais, finalement, l'ADSL ne sert qu'à transporter de l'IP, ce qui remet potentiellement en question le choix
historique des opérateurs pour un ATM statique à base de circuits virtuels permanents et de PPPoX. Face au coût d'exploitation de cette approche, on assiste à une montée en puissance d'Ethernet dans le dernier kilomètre soit sur cuivre, via la
technologie Long-Reach Ethernet, soit sur fibre optique. Dès lors, si ce n'est pas ATM, pourquoi pas IP ?Avec ses millions d'utilisateurs, Internet a démontré sa capacité à croître avec succès, et les derniers développements l'ont doté d'une gestion de la qualité de service, par type de flux, tout à fait solide. La seule faiblesse de l'IP
v. 4 réside dans sa limite à 232 adresses, qui n'est pas adaptée au modèle qui fait coïncider un équipement avec une adresse IP afin de permettre les connexions permanentes. L'IP v. 6, avec son espace d'adressage quadruple, résout ce
problème.
Des ressemblances et... des différences
Au fond, qu'est-ce qui ressemble le plus à un réseau local qu'un réseau métropolitain ? Les deux sont équipés de fibres optiques, et la tentation est grande de réutiliser les technologies puissantes et peu onéreuses du réseau local pour
les réseaux de moyenne distance, d'autant que le Gigabit Ethernet peut aisément s'étendre sur 70 km. Des différences existent pourtant. Elles se situent surtout dans les domaines de la mutualisation et de l'extensibilité de l'infrastructure : les
réseaux virtuels et le Spanning Tree* sont moyennement adaptés à la taille d'un réseau métropolitain. Par ailleurs, la technologie SDH a pour effet de morceler fortement la bande passante des boucles d'opérateurs.
L'optique : du point à point vers le multipoint
Pour remédier à ces lacunes, diverses technologies ont vu le jour : Q-in-Q, autrement dit, des VLan de VLan ; Resilient Packet Ring (IEEE 802.17), qui consiste en un double anneau IP dont la bande passante est partagée dynamiquement, la
restauration du réseau en cas d'incident étant assurée en quelques millisecondes ; Atom (Any transport over MPLS), où l'Ethernet est commuté via les circuits virtuels de niveau 3 de MPLS ; Ethernet sur SDH, où les trames sont
multiplexées sur un seul canal SDH, offrant ainsi tout à la fois la souplesse de la commutation de paquets, la tolérance de pannes propre à la SDH et la capacité à transporter les anciens flux dans des canaux parallèles ; enfin, en périphérie du
réseau de l'opérateur, le PON (Passive optical network), qui permet de construire une connexion optique en point à multipoint.Il est primordial de faire bénéficier ces technologies, riches en services, de la puissance du multiplexage DWDM (Dense wavelength division multiplexing), qui est le meilleur moyen de faire exploser la capacité des
fibres optiques. Le DWDM peut aussi être utilisé pour transporter certains flux qui n'ont pas encore été fusionnés avec l'Ethernet, tels le Fibre Channel des réseaux de stockage ou les canaux d'entrées-sorties Escon des ordinateurs centraux IBM. De
surcroît, le DWDM bénéficiera rapidement des techniques évoluées de commutation optique avec un plan de contrôle homogène avec celui d'IP : Generalized MPLS.Finalement, ne nous trompons pas de débat. L'IP et l'Ethernet, enrichis par les techniques optiques, sont un fait acquis chez l'utilisateur. Du côté des opérateurs télécoms, ceux qui feraient preuve de trop de conservatisme risquent de
se retrouver équipés de technologies trop décalées pour bâtir des services résolument orientés vers la modernité. "* Le protocole Spanning Tree, développé par le comité IEEE 802.1, est prévu pour l'interconnexion de tout type de réseau, à condition que ce dernier satisfasse un certain nombre de conditions.** ingénieur consultant chez Cisco Systems France
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