Inscrivez-vous gratuitement à la Newsletter BFM Business
Les déploiements de SAN sur IP progressent et les constructeurs musclent leurs produits. Mais une nouvelle menace pointe : le développement du Fibre Channel sur Ethernet.
La déferlante iSCSI n'a pas eu lieu. Voilà quatre ans, les analystes semblaient pourtant formels : cette technologie de réseau de stockage sur IP allait supplanter le protocole Fibre Channel. En fait, ce dernier continue de
régner en maître. Et aujourd'hui ces mêmes experts se montrent nettement plus prudents, même s'ils continuent de croire au succès d'iSCSI. ' L'engouement pour ce standard est bien réel, constate Emeric Calabrese,
consultant réseaux chez Cisco. Tous les constructeurs le proposent désormais à leur catalogue. ' C'est le cas des géants du stockage comme Netapp, EMC, HP ou IBM, même si certains ont mis du temps, tels les
spécialistes du réseau Cisco, Brocade, LSI Logic ou EqualLogic. Tous ces constructeurs revendiquent divers clients, mais rechignent à dévoiler leurs chiffres de vente.Pour les réseaux de stockage importants (SAN), iSCSI vient compléter Fibre Channel du fait de son coût moindre. Mais il est surtout utilisé pour des serveurs de fichiers ou en production avec des serveurs de messagerie qui exigent
moins de performances que d'autres applications. Des clients combinent Fibre Channel pour la production et iSCSI pour le secours. ' Tout dépend des envies et du budget. Certains ont déjà déployé une infrastructure SAN et
développé les compétences nécessaires. D'autres sont plus à l'aise avec IP ', résume Bruno Picard, directeur technique chez Netapp.
Un coup de pouce de la virtualisation
Une fois de plus, VMware bouscule le marché et fait bouger les frontières. Le leader de la virtualisation de serveurs x86 a intégré iSCSI dans la nouvelle mouture de Virtual Infrastructure. De même, Microsoft ?" à l'origine du
populaire iSCSI Initiator (pilote gratuit inclus dans Windows Server) ?" l'a incorporé dans son offre de virtualisation. Des coups de pouce dont iSCSI pourrait profiter pour vraiment décoller. ' La simplicité de mise en
?"uvre d'iSCSI couplée aux serveurs virtuels fait qu'il est de plus en plus utilisé pour des déploiements en production ou des plans de reprise d'activité à bas coût ', explique Bruno Picard.D'autres arguments s'ajoutent à celui financier. ' iSCSI peut gérer des volumes de données massifs dans le système de fichiers VMFS de VMware, poursuit Bruno Picard. Par ailleurs, iSCSI dans
une machine virtuelle gère son disque comme s'il s'agissait d'une machine physique. Ce qui est impossible avec un réseau de stockage sur Fibre Channel. ' Les machines virtuelles mutualisées avec VMware ne requièrent pas une
bande passante importante. Les serveurs web ou serveurs applicatifs ne sont pas si gourmands. Mais cela ne convient pas dans tous les cas. ' On n'imagine pas une réplication synchrone via iSCSI, même si cela est théoriquement
possible. En pratique, ce protocole est plus utilisé pour l'asynchrone ', reconnaît Didier Gava, consultant expert pour LSI Logic.Car les défauts bien connus d'iSCSI subsistent encore. ' Par rapport à Fibre Channel, on perd environ 10 % de performances. Ce qui n'est pas rédhibitoire pour une majorité
d'entreprises ', assure Bruno Picard, de Netapp. Mais parfois cet écart suffit à faire la différence. ' Les clients sont souvent allergiques à TCP/IP, réputé non fiable et moins performant que Fibre
Channel ', remarque Emeric Calabrese, de Cisco. Il est vrai que, depuis sa ratification en 2003, la norme n'a guère évolué, se contentant de s'étendre à des environnements autres que Windows, comme HP-UX ou Solaris.
Fibre Channel reste quatre fois plus rapide
Certains constructeurs ont amélioré la recette en ajoutant des ingrédients de leur composition. C'est le cas de Netapp, dont le mécanisme MCS autorise une gestion simultanée de plusieurs ports Gigabit Ethernet. Et aussi de Cisco, avec
des outils de répartition de charge et d'optimisation de trafic. De son côté, Equalogic a été le premier à proposer, il y a quelques semaines, une allocation des ressources de stockage à la demande (thin provisioning) qui apporte plus de souplesse
et favorise une optimisation des déploiements. Toutes ces améliorations permettent d'envisager des déploiements de SAN sur IP à grande échelle. Mais la véritable avancée réside toujours dans un réseau iSCSIà 10 Gbit/s. Annoncé depuis longtemps,
il tarde à venir. Ni abouti, ni suffisamment économique pour les constructeurs, lesquels ont repoussé la sortie de leurs produits. ' Pour l'instant, iSCSI doit se battre face à la technologie Fibre Channel à 4 Gbit/s,
quatre fois plus rapide ', note Didier Gava.
Un nouveau standard pourrait tuer iSCSI
Or, un nouveau venu vient troubler le petit monde du SAN : Fibre Channel sur Ethernet (FCoE). Cela ressemble à iSCSI, mais c'est du Fibre Channel. Au sein de l'IETF (Internet Engineering Task Force), un groupe de travail, créé en
avril dernier, va s'atteler à la définition de ce nouveau standard. Emballés, Brocade et Cisco émettent l'hypothèse que ce dernier pourrait bien tuer l'iSCSI. Evidemment, Netapp, fervent supporter d'iSCSI depuis ses premières heures, reste
dubitatif. ' FCoE veut résoudre une problématique qui est déjà prise en compte par iSCSI. Il va créer de nouveaux problèmes et risque de complexifier inutilement le paysage ', juge Bruno Picard.
Pourtant, Fibre Channel sur Ethernet ne manque pas d'arguments, du moins sur le papier. Il inclut des mécanismes qui n'existent pas dans iSCSI. ' L'idée est de supprimer la pile TCP/IP, source de problèmes insolubles.
L'objectif consiste donc à amener des mécanismes Fibre Channel directement sur Ethernet. En théorie, la surcharge du processeur (overhead) sera moindre et les performances seront considérablement améliorées ', explique Bruno
Guiet, architecte SAN pour Brocade.Quoi qu'il en soit, plusieurs années s'écouleront avant que Fibre Channel sur Ethernet ne s'impose, s'il le fait. Pour l'heure, Ethernet ne supporte pas les mécanismes Fibre Channel. Il s'agit donc de le faire évoluer.
' Une fois le standard ratifié, il faudra que les constructeurs proposent une nouvelle génération de commutateurs et d'équipements. Cela risque de prendre du temps ', prédit Emeric Calabrese. A terme,
le Saint-Graal du SAN sera la convergence vers le tout Ethernet. ' Une couche de transport unique pour tout, à condition que la qualité de service soit au rendez-vous, conclut Emeric Calabrese. C'est le
véritable challenge. 'k.frascaria@01informatique.presse.fr
Votre opinion