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Les quatre cartes accélératrices iSCSI testées par le laboratoire révèlent les limites des implémentations actuelles. Les constructeurs doivent améliorer l'intégration de leurs produits, et fournir de meilleures performances.
La technologie iSCSI (Internet SCSI, qui vise à transporter des commandes SCSI dans des trames IP) a été normalisée il y a maintenant 18 mois. Si son adoption au sein des entreprises est encore timide, et les ventes limitées, il n'en reste pas moins que personne ne remet en cause l'intérêt de ce type de liaison pour répondre, avec Fibre Channel, à la mise en réseau du stockage. Pour évaluer cette offre naissante, notre laboratoire a étudié les quatre principales cartes iSCSI disponibles sur le marché, fournies par Adaptec, Alacritech, Intel et QLogic. Il s'agit moins de recommander une carte, que de faire un état des lieux et de nuancer le discours des fournisseurs, trop enthousiastes au regard de la réalité.
Des produits d'intégrateurs
À commencer par l'idée qu'iSCSI est simple. Pour tester ces équipements, notre laboratoire a dû réaliser un travail d'intégration, qui n'est pas à la portée de tous. Sur de nombreux points, leur mise en ?"uvre est même plus complexe que celle d'équipements Fibre Channel. En effet, iSCSI est une pile de technologies, qui fait appel à une vaste palette de compétences.Les quatre cartes présentent des modes de fonctionnement totalement hétérogènes, selon que l'accélérateur repose, plus ou moins directement, sur les fonctions du système d'exploitation (voir infographie). D'un côté, la carte d'Alacritech est vue par le système (Windows uniquement) comme une simple carte Ethernet. Le traitement d'iSCSI est en fait entièrement sous-traité à l'initiateur logiciel de Microsoft, la carte n'opérant que sur TCP. À l'opposé, chez les trois autres constructeurs, les fonctions iSCSI sont assurées par les cartes elles-mêmes, mais avec des variations dans la proportion de traitement matériel/logiciel. Physiquement, les cartes d'Intel et d'Adaptec disposent d'un composant SCSI, et celle de QLogic exploite un Asic assurant tous les traitements. Ces différences de conception se répercutent sur la mise en ?"uvre. Dans le cas d'Alacritech, il faut installer la totalité de l'initiateur logiciel de Microsoft, ce qui n'est pas aussi simple qu'on pourrait le souhaiter (mal documenté). Pour Intel, et uniquement avec Windows 2000, il faut déployer le service iSCSI. Les deux autres cartes sont autonomes. Plus généralement, l'installation, l'administration et la supervision laissent à désirer. La détection de la baie de stockage est, dans le meilleur des cas, semi-automatique, quand elle n'est pas purement manuelle comme chez QLogic. La pauvreté des fonctions intégrées pose problème : VLAN et qualité de service ne sont gérés par aucun des modèles testés ; les trames Jumbo ne sont acceptées que chez Intel et Adaptec et, chez ce dernier, dans une version tronquée. Quant aux interfaces de supervision, si celles d'Adaptec et de QLogic sont assez complètes, celles d'Intel et d'Alacritech sont limitées. L'interface d'Alacritech repose quasi entièrement sur les outils de Microsoft, même si le constructeur a eu la bonne idée d'inclure des compteurs spécifiques dans le moniteur de performances de Windows. Les fonctions de sécurité associées à ces accélérateurs sont minimales, en dépit des recommandations de la norme iSCSI. IPSec en particulier n'est pas géré. L'activation du protocole Chap s'est révélée assez simple, sauf pour la carte de QLogic, du fait d'un défaut du logiciel de paramétrage. Cependant, ce protocole ne peut pas être associé à un système de contremarque type MD5.
La charge est mal répartie
Les résultats des tests d'entrées/sorties en mode CIFS, effectués en générant des transactions multi-utilisateurs, sont identiques, avec ou sans carte accélératrice (initiateur logiciel et interface Gigabit). Cependant, la carte de QLogic ne réussit que 882 transactions en 5 minutes, contre environ 1160 transactions sans carte ou avec une autre carte. La répartition de la charge est ici mauvaise pour les quatre modèles.En simulant une activité transactionnelle importante avec l'outil Iometer, la carte d'Alacritech obtient le meilleur résultat : 16369E/S par seconde, alors que celle de QLogic arrive dernière, avec 10836 E/S. Cependant, la carte d'Alacritech sollicite fortement les processeurs, avec 40,9 % de charge moyenne, et génère deux à trois fois plus d'interruptions CPU que ses concurrentes. Assez pour mettre un serveur de production à genoux. La carte de QLogic se situe à moins de 20 % de charge et provoque peu d'interruptions. Avec le modèle d'Alacritech, la charge est mal répartie sur les processeurs et irrégulière dans la durée, alors que pour les trois autres modèles, la répartition est plutôt bonne. En termes de débit, la carte d'Intel s'en sort le mieux, celle d'Alacritech obtenant les moins bons résultats. Pour les épreuves CIFS, les plus proches de la réalité, les débits en lecture sont supérieurs à 85 Mo/s pour celles d'Adaptec, Intel et QLogic. La carte d'Alacritech plafonne à 71,3 Mo/s tout en occupant plus de 42 % de la charge CPU. En écriture, la carte de QLogic atteint 60 Mo/s, alors que celle d'Alacritech ne dépasse pas 48,8 Mo/s.