IUT et BTS jouent la carte de l'enseignement professionnel
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Stages en entreprise, cours de management, préparation de certifications d'éditeurs... Les filières de bac+2 diversifient leurs programmes pour initier les élèves au monde du travail. Et s'imposer face aux cursus
universitaires classiques.
C'était traditionnellement la voie express vers le monde du travail. Pour tous ceux que des études longues en informatique angoissaient, IUT et BTS offraient des passerelles rapides et sécurisées vers le marché de l'emploi. En
deux ans, les élèves accumulaient les compétences suffisantes pour décrocher un premier emploi de technicien supérieur, grâce auquel ils pouvaient faire leurs preuves sur le terrain. Les échelons se gravissaient alors auprès du patron, et non pas en
accumulant des diplômes.Aujourd'hui, le contexte a beaucoup changé. Il n'existe pas moins de sept filières différentes d'IUT en informatique (du DUT réseaux et télécommunications au DUT statistiques et traitement informatique des données) et deux
grandes filières en BTS (formant à l'informatique de gestion comme à l'informatique industrielle). En outre, la majorité des élèves ne s'orientent plus directement vers le marché de l'emploi. Au contraire, même, ils seraient entre 50 et 70 %,
en fonction des options, à poursuivre leurs études soit en écoles d'ingénieurs, soit, plus communément, en licence. Le tremplin vers l'entreprise que constituait le bac+2 ne suffit plus à des étudiants qui voient se profiler un marché du travail où
les employeurs exigent non seulement des compétences techniques, mais aussi des profils spécialisés et une connaissance de la vie de l'entreprise.Paradoxalement, IUT et BTS ne s'en trouvent pas pour autant délaissés. Leur enseignement à vocation pratique, axé sur le travail de groupe et les stages, semble plus que jamais perçu comme un atout pour s'initier très tôt aux
réalités d'un monde du travail de plus en plus tendu. ' Certains se disent contents de décrocher un diplôme qui peut leur servir à trouver un contrat. Mais la plupart cherchent surtout un enseignement plus professionnalisant
et concret que celui des facultés classiques ', confirme Alain Séré, inspecteur général de l'Education nationale et responsable du Certa, structure d'accompagnement pédagogique des BTS informatique de gestion.
Les BTS intègrent la réalité de l'entreprise
Désormais moins prisés pour leurs débouchés que pour leur pédagogie spécifique, IUT et BTS ont donc renforcé leurs enseignements à vocation pratique. Classiquement, les IUT offrent une culture générale plus étoffée que les BTS,
lesquels consacrent une majorité de leurs heures de cours aux matières technologiques. Ce pan s'est accentué ces dernières années. Et ce, tant dans les BTS Iris (Informatique et réseaux pour l'industrie et les services techniques), où le volume
d'heures de cours d'informatique a été augmenté, qu'en BTS d'informatique de gestion, où des matières comme la programmation objet ou la programmation web ont été ajoutées. Mais la vraie nouveauté vient de l'introduction progressive dans les cursus
de modules de management, jusque-là quasi absents. Dans le BTS Iris, les cours de gestion d'entreprise, optionnels, sont devenus obligatoires, alors que, dans le BTS informatique de gestion, les cours de culture générale proposent une initiation à
la vie de l'entreprise en plus de l'exposé des grandes théories économiques. ' Cette découverte des réalités de l'entreprise s'avère essentielle, car, de plus en plus, les élèves doivent assumer des fonctions d'encadrement,
même pour des postes intermédiaires ', commente Alain Séré, du Certa.
Un virage plus marqué dans les IUT
Le virage apparaît plus marqué encore du côté des IUT, lesquels sont allés jusqu'à engager une réforme de leur programme pédagogique national afin d'offrir un enseignement plus diversifié et pratique. Place, donc, au nouveau
module d'accompagnement de projets personnels, qui, depuis la rentrée 2005, consacre entre 70 et 120 heures sur les deux années de formation à la gestion de carrière et à la connaissance du marché du travail. Une innovation sans précédent dans les
cursus bac+2, qui aide les étudiants à préparer leur avenir par des simulations d'entretiens d'embauche, des cours de rédaction de CV et, surtout, des rencontres avec des professionnels du secteur. ' Ces discussions avec des
gens de métier suscitent un véritable engouement ', explique-t-on au sein de l'IUT d'Orsay, qui fait venir chaque année plusieurs dirigeants de grandes entreprises et SSII. ' Les élèves se sentent
responsabilisés. 'Les IUT leur offrent aussi la possibilité de compléter leur profil en suivant une autre formation parallèlement aux cours inscrits au programme. Le module baptisé ' Former
autrement ' aide, entre autres, à passer des certifications d'éditeurs et des diplômes de langue anglaise, mais aussi à suivre des cours en ligne. Chaque établissement choisit sa formation alternative. Comme Aix-en-Provence,
qui propose de passer les certifications Cisco, ou Lyon et Versailles, qui préparent au TOEIC, le brevet de langue anglaise.
Stage en entreprise et projet tutoré
Ces nouveaux modules renforcent un dispositif qui accorde une large place à la formation en entreprise, grâce au stage de dix à douze semaines, bien sûr, mais aussi au projet tutoré. Durant celui-ci, les élèves travaillent en
groupe sur des missions souvent confiées par des sociétés ou des associations ?" qu'il s'agisse de créer des logiciels pour les personnes handicapées ou de programmer des chiens robots, comme à l'IUT de Perpignan.Dès la rentrée 2006, cette formation au contact de l'entreprise sera accentuée pour les étudiants souhaitant entrer dans la vie active directement après leur DUT. En effet, un système de parcours inédit va être mis en place en
deuxième année, proposant trois voies différentes selon l'orientation future de l'élève : le prolongement vers une licence professionnelle, la poursuite de cursus vers un bac+5, ou la recherche directe d'un emploi. ' Au
total, chaque parcours profitera de deux cents heures de cours spécifiques ', précise Jean Verger, de l'assemblée des directeurs d'IUT.Paradoxalement, cette réorganisation par filières devrait revaloriser la sortie d'études. Laquelle, même si elle intéresse de moins en moins de diplômés, fournit toujours des opportunités de travail, notamment en SSII.
' Actuellement, je reçois près d'une offre par jour et, le plus souvent, je ne trouve pas de candidats, soupire Patrice Kermorvant, chef du département statistique et traitement informatique des données à l'IUT de
Vannes. Les élèves se disent qu'ils se vendront mieux en poursuivant leur cursus. '