J.E. Hoover, archiviste très spécial

Il a incarné, à lui seul, l'ensemble des erreurs à éviter
Le parcours de John Edgar Hoover, l’ancien patron du FBI qui fait l’objet d’un film de Clint Eastwood, est stupéfiant. Ne serait-ce qu’en tenant d’une main de fer l’agence américaine de renseignement un demi-siècle durant, et en exerçant son pouvoir sur huit présidents. Plus surprenant, ce dirigisme se traduisait au quotidien jusque dans les pratiques d’archivage, pour le moins singulières.
Le Monde Magazine révèle que les enregistrements, les écoutes, les enquêtes ou encore les empreintes digitales, conservés scrupuleusement par Hoover, étaient rangés selon « un classement kafkaïen, mystérieux et inintelligible, volontairement labyrinthique, dans lequel il était le seul à se retrouver ». De quoi faire bondir les archivistes contemporains ! Certes, on comprendra que la transparence n’était pas la vertu première de notre homme. Mais est-ce une raison pour bafouer à ce point les principes de la norme Afnor Z 42-013 ou celle de Moreq ? Lesquels, pour rappel, exigent la pérennité des documents dans le temps. Et en particulier celle de leur description, de leur format et de leurs supports de stockage.
Or ici, toute la matière a été détruite à la mort du boss. Et quand bien même elle aurait survécu, elle serait restée illisible et insondable sans l’archiviste en chef, John Edgar Hoover lui-même. Qui est donc parvenu à lui seul à incarner l’ensemble des erreurs à éviter dans les projets d’archivage. Mais reconnaissons-lui toutefois un mérite fort appréciable : son souci permanent de la qualité des données. « Lettres et mémos devaient être rédigés de manière uniforme, dans un respect des marges et des interlignes fixés au millimètre », indique Le Monde.
Ah ! Si les archivistes du monde entier parvenaient à uniformiser de la sorte le format des fichiers à conserver, leur métier en serait facilité. Peut-être inspirent-ils moins de crainte à leurs collaborateurs que Hoover en son temps…
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vgendrin
N'oubliez pas la norme ISO 15489 sur la maîtrise de l'archivage (ou records management) fut la première à dire que le propre de l'archivage est d'identifier, de classer et de conserver les documents de manière à ce qu'on puisse les retrouver aussi longtemps que nécéssaire. Mais votre article est exemple parlant de tout de que ne doit pas être l'archivage au travers de de personnage singulier.
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