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Les SSII sont sur le pied de guerre pour trouver des développeurs J2EE et .Net : chasse, sourcing de CV, cooptation, formation ou encore développeurs étrangers, toutes les pistes sont explorées...
' Les technologies les plus recherchées aujourd'hui par les SSII sont en premier lieu Java/J2EE, puis les PGI, suivis par .Net ', constate Cédric Barbier, directeur associé du site d'emploi informatique Lesjeudis.com. Le problème, c'est que toutes les SSII veulent des développeurs chevronnés, avec deux à trois ans d'expérience pour J2EE et dix-huit à vingt-quatre mois pour .Net. Des profils rares sur le marché. Les sociétés de services doivent donc batailler sur tous les fronts pour trouver des compétences ou les créer. Car les projets J2EE et .Net sont de plus en plus nombreux et exigent des équipes plus étoffées. Et les SSII doivent également faire face aux départs de leurs développeurs vers la concurrence ou les clients.Pour attirer la perle rare, les sociétés de service multiplient les annonces sur les sites d'emploi. Mi-novembre, il y en avait plus de 600 sur le site Lesjeudis.com pour les seules technologies J2EE et .Net. Mais le délai de visibilité est très court : ' Au bout de trois jours, une annonce passée sur Monster a totalement disparu tant le flux de demandes est important. Il faut donc en passer de nouvelles très régulièrement ', explique Olivier Martinerie, PDG de la SSII Progiweb. De plus, les candidatures reçues, le plus souvent, ne correspondent pas aux profils recherchés : en 2006, l'organisme de formation Avolys a calculé que pour 7 400 offres de postes .Net, 8 500 personnes ont envoyé un CV, dont 2 000 possédant réellement les compétences demandées, et seulement 250 disponibles !Même problème avec J2EE : ' C'est une technologie très vaste, composée d'une myriade d'acteurs et d'outils différents. Il y a donc un tri important à faire au niveau des CV que nous traitons, car les développeurs qui connaissent un ou deux aspects de ce domaine estampillent facilement leur curriculum J2EE ', remarque Laurent Benazera, directeur du recrutement de Teamlog.
Un marché de l'emploi très concurrentiel
Pour engranger suffisamment de réponses pertinentes, il faut donc ratisser encore plus large : les cabinets de recrutement envoient des e-mails à des promotions entières d'anciens étudiants, tandis que les DRH écument les CVthèques des sites d'emplois pour débusquer l'expert qui leur manque. Mais la concurrence est rude : ' Un candidat compétent, avec deux à trois ans d'expérience, qui dépose son CV sur un site un soir à 22 heures, aura reçu 40 à 50 messages moins de vingt-quatre heures plus tard. Il sera alors injoignable, tant il croulera sous les demandes ', prévient Dominique Galet, directeur de la division Systèmes d'information du cabinet de recrutement Michael Page France. Il faut aller vite car ' ce type de profil reste moins de quinze jours sur le marché, note Patrick Magnaval, directeur de l'agence Manpower de Lyon, spécialisée dans l'informatique. Les entreprises doivent faire une proposition d'embauche très rapidement. Ce qui pénalise les grandes SSII aux processus de décisions souvent trop longs. ' Et pas question de lésiner sur le salaire si la compétence est là...Autre technique utilisée : démarcher des développeurs qui n'ont pas encore eu l'idée de bouger. Pour cela, les recruteurs jouent la carte des communautés d'intérêts, en sillonnant les forums de développeurs J2EE et .Net, les blogs et les sites personnels, en discutant avec leurs partenaires, en remettant la cooptation au goût du jour, etc. En effet, ' s'ils veulent changer de poste, les développeurs expérimentés activent leurs réseaux ', estime Nathalie Choux, DRH de Micropole Univers. Les SSII se tournent également vers les jeunes diplômés qui ont fait du J2EE ou du .Net au cours de leurs stages. ' Nous avons des partenariats avec des écoles d'ingénieurs informaticiens comme l'INT, l'Ensimag, l'Enserg, l'Ifsic, etc. Nous accueillons ainsi des stagiaires pendant leurs avant-dernière et dernière année d'étude. L'objectif est de les recruter dès l'obtention de leur diplôme ', confirme Laurent Benazera, de Teamlog. Cette stratégie a de multiples avantages : souvent les étudiants signent avec l'entreprise chez qui ils étaient en stage sans chercher ailleurs. De plus, les recruteurs sont certains de l'adéquation de leurs compétences. Dans la même veine, les SSII réfléchissent de plus en plus à l'apprentissage. Là encore, elles connaissent la qualité des compétences qu'elles embauchent. Cependant, les contraintes de l'alternance sont complexes à gérer pour une SSII : ' Il faut organiser les plannings en fonction des cours et prévoir un accompagnement sérieux avec des tuteurs pouvant consacrer du temps aux étudiants ', souligne Stéphanie Podesta, responsable RH d'Aptus.
Une ' université ' pour maîtriser .Net
Les besoins en compétence J2EE et .Net sont tels que les SSII recrutent aussi des développeurs qui ne connaissent pas ces technologies mais sont motivés pour les apprendre. En effet, ' ces plates-formes ne sont pas forcément étudiées dans les écoles ; il nous faut donc être prêts à former les nouveaux collaborateurs ', note Sophie Pilet, responsable formation chez Avanade France et Belgique. Face aux demandes récurrentes de ses partenaires en manque de compétences, Microsoft a d'ailleurs mis en place l'Université .Net en juin 2006. Ses cours permettent à un informaticien connaissant l'objet de maîtriser la plate-forme en quatre semaines. ' Au cours des douze premiers mois, 350 personnes ont participé à ce programme et nous en prévoyons 500 pour la deuxième année ', déclare Frédéric Bojman, le responsable du programme chez Microsoft.Cependant, investir dans ce type de formation, relativement longue, suppose d'avoir du temps devant soi et de prendre un certain risque. Ainsi, Avanade a envoyé quatre jeunes diplômés à l'Université .Net. Un an après, l'un d'entre eux est déjà parti à la concurrence, ses certifications sous le bras... Aptus, elle, a préféré réserver cette formation à des collaborateurs qui ont au moins un an d'ancienneté. ' Ils ont vécu cette expérience comme une promotion et tous sont restés chez nous. La formation interne est un bon moyen de fidéliser ces profils ', estime Stéphanie Podesta. Cependant, le Fafiec (fonds d'assurance formation ingénierie études et conseil) qui finance une bonne partie des plans de formation des SSII, note que la majorité des cours J2EE et .Net durent plutôt cinq jours que trois semaines. ' Les formations courtes sont utilisées lorsque nous avons besoin d'acquérir un premier niveau de compétence en urgence ', reconnaît Stéphanie Podesta. Les informaticiens pratiquent également l'autoformation : par exemple, des cours de quatre à cinq jours pour fixer leurs acquis avant de passer des certifications. Enfin, les recruteurs regardent de nouveau, comme au début des années 2000, en direction du Maghreb et des pays de l'Europe de l'Est, à la recherche de candidats, titulaires d'un diplôme reconnu et ayant fait, si possible, une partie de leurs études en France. ' Dans les deux à trois ans à venir, 15 % de nos développeurs J2EE seront issus des pays de l'Est, du Maghreb ou du Canada ', confirme Laurent Benazera.Attirer ces profils ne sera pas forcément facile pour les SSII françaises. De nombreux centres de développement se montent dans ces pays, et il peut être plus séduisant pour les salariés de rester près de leur famille. Par ailleurs, l'Hexagone n'est pas le mieux placé en termes de salaires et les pays voisins connaissent la même pénurie. ' En Grande-Bretagne, les développeurs J2EE sont deux fois mieux payés, et mes collaborateurs ont déjà été chassés plusieurs fois par des sociétés d'outre-Manche ', affirme Olivier Martinerie. Si la France devient à son tour un réservoir de compétences pour les recruteurs européens, la pénurie risque de se prolonger !
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