Jean-Luc Roudaut
Cet ingénieur industriel de formation s'est impliqué au fil du temps dans le management et le SI. Jusqu'à quitter l'industrie pour le monde de la finance.
Sans être informaticien de formation, vous avez débuté dans le domaine ?En 1989, j'ai obtenu un diplôme d'ingénieur des Arts et Métiers à dominante mécanique et je me suis retrouvé à faire du développement logiciel dans une filiale de Thomson, puis de la maintenance en conditions opérationnelles sur la base de Kourou. Ne voyant pas comment évoluer dans l'informatique, je suis revenu à ma formation initiale avec plusieurs postes à la production dans des filiales de Thomson : ingénieur méthodes, responsable d'atelier, responsable méthodes et industrialisation.L'étape suivante, ce fut le retour à l'informatique ?Oui, mais de façon progressive. En devenant responsable production, une fonction de management avec une équipe de 70 personnes, mon rôle a gagné en transversalité. J'ai contribué à homogénéiser les pratiques avec d'autres sites de la filiale, sur la partie GPAO et le PGI. Mon intérêt pour le SI s'est affirmé. J'ai ensuite été chargé de définir ce que devrait être un SI adapté aux besoins de l'ensemble de la filiale, présente dans trois pays et sur six sites. Il s'agissait en fait d'utiliser l'outil informatique pour faire converger nos pratiques et acquérir un langage commun.Quelle était alors votre conception de l'informatique dans l'entreprise ?Je pensais que l'organisation devait s'adapter à l'outil, car fonctionner à l'inverse obligeait à développer un système d'information très complexe, et impossible à entretenir dans le temps. Aujourd'hui, à mon poste, les choses sont différentes, le SI n'est pas uniquement interne, il y a d'autres contraintes. Chez Thomson, devenu Thales, j'ai enfin travaillé entre la France et l'Angleterre au remplacement du PGI, jusqu'aux phases de recette. C'est à cette époque que j'ai changé totalement de domaine.Avez-vous changé volontairement ?J'avais clairement l'idée de passer au métier de DSI. C'était impossible chez Thales en restant sur Brest. Je suis donc entré chez Financo, dans un secteur, le crédit à la consommation, qui m'était inconnu. Un gros défi, mais avec des avantages : le métier me plaît, je reste à Brest, et l'entreprise a des ambitions, y compris pour son SI. Ma fonction ne se limite pas à l'informatique : il faut redéfinir les modes de fonctionnement des projets, avec un doublement du plan annuel de développement et une douzaine de chantiers majeurs à conduire en deux ans. Et faire passer le message aux équipes : on ne fait pas que de l'informatique, le SI, c'est d'autres choses aussi : l'amélioration de la circulation de l'information, la ToIP, l'archivage et la dématérialisation.Comment exercez-vous votre métier aujourd'hui ?Je ne me situe pas du côté strictement technique, je n'irai pas déboguer une application par exemple, ce n'est pas mon job. Je suis là pour demander à l'utilisateur de définir ses besoins, puis y répondre en sachant que l'informatique n'est, la plupart du temps, qu'une partie de la solution. Il existe souvent des besoins nouveaux qui ne justifient pas de développement informatique. Il faut bien séparer besoin fonctionnel et solution technique.De l'industrie à la finance, l'informatique a un rôle totalement différent ?L'approche n'a rien à voir. Dans l'industrie, une panne informatique ne vous empêche pas totalement de travailler. Ici, la continuité de service est essentielle, et tout le monde a conscience du rôle central de l'informatique dans l'activité. Cette position centrale nous oblige à établir notre plan de développement en sachant qu'il peut sans cesse être nécessaire de rajouter des éléments imprévus, et donc de le réviser.
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