Jean-Marc Crepel, Micado : «Les entreprises ne peuvent plus rester compétitives sans la simulation.»
Interview de Jean-Marc Crepel, président de la commission Simulation numérique du Micado.
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Quels sont les secteurs d’activité le plus en pointe en termes de simulation numérique ?
Jean-Marc Crepel : « On évoque beaucoup la simulation numérique dans l’automobile et l’aéronautique, mais, dans de nombreux domaines, la simulation est opérationnelle en tant qu’outil de conception. Le génie civil, par exemple, s’appuie sur le calcul numérique depuis longtemps. On ne peut pas construire de prototype.

J’ai débuté ma carrière dans le développement de barrages hydroélectriques et, déjà, on utilisait le calcul numérique. Le spatial est un autre domaine dans lequel la simulation s’est imposée. Tout simplement parce qu’on ne peut pas recréer sur Terre les conditions d’exploitation d’un satellite en orbite.
Paradoxalement, l’automobile est un secteur industriel où l’intégration du numérique dans les processus a pris plus de temps, car il est plus facile de fabriquer des prototypes. En outre, il y a dans ce secteur une très forte culture des tests physiques, une véritable tradition. Cela prend du temps de faire bouger les mentalités. Par ailleurs, il faut savoir que dans ce secteur, on optimise les coûts à l’euro près ! Chaque optimisation a son importance dans une très grande série. »
Les PME sont-elles aussi impliquées dans ce mouvement vers la simulation ?

JMC : « On observe souvent un écart important entre les PME et leurs grands donneurs d’ordre. Ces derniers leur demandent de s’intégrer à leurs processus de simulation, mais pour les PME se pose clairement un problème de taille critique. Il y a un problème du coût d’accès à ces technologies, un problème d’accès aux moyens de calcul. Cela dit, des PME ont prouvé qu’elles pouvaient innover grâce à la simulation. »
Le cloud est-il la solution pour les aider à adopter la simulation ?
JMC : « L’apparition de service de simulation en cloud computing va certainement dans le bon sens, et pourrait constituer une alternative à l’achat de serveurs et de logiciels, mais il faut bien savoir que le frein numéro 1, c’est la notion de masse critique et la gestion des compétences, bien au-delà des moyens matériels et logiciels. Donc le cloud computing n’est qu’un élément de réponse. »
Quels sont les nouveaux enjeux de la simulation aujourd’hui ?

JMC : « La mécanique a été le premier domaine à bénéficier de la simulation numérique. Les équations y étaient le mieux maîtrisées. Depuis, sont venus s’ajouter la mécanique des fluides, l’électromagnétisme etc. Le défi actuel de la simulation, c’est de pouvoir mener des études multiphysiques, c'est-à-dire mêlant de multiples domaines de la physique. Il faut savoir que c’est désormais un impératif. Les produits sont de plus en plus complexes, même pour un téléphone portable qui va demander des simulations sous de multiples aspects.
Aujourd’hui, les entreprises doivent bien comprendre que, sans la simulation, elles ne peuvent plus rester compétitives. La compétition est telle que réduire les délais de développement d’un nouveau produit, c’est crucial en termes de compétitivité. Cela, les grands groupes l’ont bien compris. »
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