Jean-Michel Aulas, pdg de Cegid et président de l'Olympique Lyonnais : ' La bulle spéculative des droits sportifs doit elle aussi exploser '
Le patron de l'Olympique lyonnais tire les conclusions de la folle inflation des droits sportifs. Et comme PDG de Cegid, il parie ' sur une vraie reprise '.
Que pensez-vous de l'inflation des droits sportifs ? Flou juridique, tourments du groupe Kirch, difficultés de la TNT anglaise ... Le secteur est-il au bord d'un krach ?On peut dire qu'une bulle spéculative s'est formée, ces dernières années, sur les droits sportifs. En particulier la TV. Je suis du côté des clubs, donc de celui des " fournisseurs ", mais je
reconnais que certaines relations contractuelles n'ont pas été bien négociées. Il nous faut réfléchir différemment, et au niveau de l'Europe. Nous devons nous attendre à une phase de désinflation des droits, du simple fait de la régulation
économique. Cette bulle doit à son tour éclater.Comment voyez-vous l'avenir de l'exploitation du sport sur internet ?La question déjà complexe des droits s'est trouvée compliquée, pour ce média, par le retard de la technique. Le développement d'internet et du haut débit n'a pas été aussi vite que prévu. Mais, sur le plan juridique, il semble que le
régime d'internet dans l'Union européenne pourrait être plus souple que celui de la télévision. Internet pourrait échapper à la fameuse exception culturelle qui règne sur l'audiovisuel classique. Aux clubs de prendre des initiatives pour exploiter
ce média qui reste un support d'avenir.La TNT vous intéresse-t-elle, que ce soit au niveau de la Ligue ou de l'Olympique Lyonnais ?La Ligue n'a pas déposé de dossier pour une fréquence, et je crois que c'est une bonne décision. Et l'OL a déjà sa télévision.Le candidat des " libéraux " du football français, c'est Jacques Chirac ?On ne peut pas dire cela. Nous avons des contacts avec les grands partis. Il est certain que Renaud Muselier [député RPR, souvent vu en ministre des Sports d'une équipe chiraquienne, ndlr] comprend bien les problèmes du foot.Revenons à votre rôle de président de Cegid. Vous avez publié des résultats un peu meilleurs qu'attendus. Vous n'êtes pas touchés par la crise ?Je ne dirai pas cela, nous avons aussi constaté, après septembre, que les entreprises différaient des investissements. Les choses se sont stabilisées, mais février et mars n'ont pas été bons. La sortie de crise doit passer par un vrai
rebond américain. Je parie sur une vraie reprise à partir du deuxième semestre. Cela dit, Cegid a continué à progresser, sous l'effet de facteurs bénéfiques. Les entreprises moyennes ont ainsi engagé tardivement leurs investissements pour le passage
à l'euro, ce qui a occasionné un bon volant d'affaires fin 2001. La mise en place de la nouvelle réglementation comptable ?" dématérialisation des déclarations fiscales ?" a dopé les ventes de notre logiciel Etafi, devenu un véritable
phénomène, puisque deux tiers des entreprises concernées l'ont adopté. Enfin, une gamme de produits destinés aux experts-comptables a donné un coup de fouet à nos ventes.Le marché des experts-comptables et des PMI est convoité par de grands acteurs mondiaux, comme SAP ou Microsoft. Comment Cegid peut-elle résister ?Ces groupes jugent sans doute que nous faisons un bon métier. Si nous sommes attentifs à la nouvelle concurrence, nous sommes bien placés pour savoir que les PMI ont une culture assez éloignée de celle de ces grands groupes, aux
tendances parfois hégémoniques. Notre qualité d'acteur indépendant et notre connaissance du terrain sont des atouts essentiels, qui nous garantissent une place de choix. Enfin, il se trouve que nous avons conquis une certaine avance technologique.
Dans les progiciels de gestion intégrés pour les entreprises du middle market, nous disposons du produit de demain. Je suis donc attentif mais serein. J'ajoute que Microsoft est actuellement l'un de nos principaux partenaires
sur le marché de la normalisation comptable.Le marché des experts-comptables n'est pas extensible à l'infini. Quels sont vos relais de croissance ?Ce marché ne pèse déjà qu'un tiers de notre chiffre d'affaires. Mais nous continuons à élargir notre cible. Prise il y a six mois, la décision d'ouvrir Cegid à la distribution indirecte va nous y aider. La mode et le textile, la
restauration, sont des pôles de développement actifs.Vous parlez-là du marché franco-français. Et c'est le principal reproche des analystes à Cegid...Nous comptons plus de 600 clients hors de France, ce qui nous a amenés à créer des filiales, en Europe et aux États-Unis, pour mieux les servir. Notre volonté est d'aller à l'international. Notamment au moyen de petites
acquisitions.N'avez-vous pas les moyens de frapper fort ?Cegid n'est pas endettée, nos capitaux permanents approchent les 100 millions d'euros à quoi s'ajoutent 25 millions de trésorerie. Nous avons des moyens. Mais je regrette notre sous-valorisation. Cegid ne se paye qu'une petite fois le
chiffre d'affaires, contre 2 à 3 fois dans les dernières opérations réalisées sur les marchés. Mais cette anomalie ne devrait pas durer.
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