Jérôme Zois (Marché international de Rungis) : “ bien contrôlé, le cloud n'apporte que du positif ”
Grâce au cloud, Jérôme Zois a mis en place une dizaine d'applications au sein du Marché international de Rungis. Les utilisateurs accèdent ainsi aux gestions financière et RH, manipulent en temps réel les dossiers clients et les porte-monnaie électroniques.Malgré les craintes que suscite le cloud, vous y recourez depuis quelques années. Pourquoi ?Jérôme Zois : Notre projet initial n'était pas spécialement de passer au cloud, mais de numériser nos dossiers clients. Il est apparu que le cloud nous permettrait d'adapter au pied levé la juste volumétrie de cette numérisation, sans courir le risque d'une envolée des coûts. Nous avons confié la totalité de nos dossiers clients à un hébergeur. S'agissant de données sensibles, nous avons pris notre temps pour choisir ce prestataire, le rencontrer et le connaître. Cependant, nous avons deux approches vis-à-vis du cloud. Si nous hébergeons nos applications critiques chez ce prestataire, avec qui nous avons noué une relation de confiance, nous avons confié notre messagerie à Google, un acteur connu de tous mais impossible à rencontrer pour se rassurer.Placez-vous la messagerie dans un cloud public parce qu'elle est moins critique ?JZ : Au contraire. La messagerie est désormais la colonne vertébrale de la communication d'entreprise, avec une criticité forte en termes d'usage et, parfois, une dérive à devenir un centre documentaire. Nous n'étions plus en mesure d'assurer une qualité de service suffisante et l'entreprise se cristallisait en quelques minutes dès que la messagerie n'était plus opérationnelle. Pour le coup, c'est davantage la réputation de l'outil de messagerie de Google qui nous a fait migrer vers cette offre cloud. Faire ce choix, c'est également la volonté d'accroître le rôle de la messagerie et d'y intégrer des fonctions collaboratives sur les documents partagés.Que vous a apporté le cloud ?JZ : Uniquement du positif. Le cloud a grandement facilité et accéléré la mise en œuvre de nouveaux services. Nos équipes ayant été affranchies des contraintes techniques habituelles. Autre découverte, les récentes évolutions des infrastructures de notre hébergeur nous permettent de calibrer la puissance en fonction de nos besoins. Nous en avons profité pour définir la capacité du “ juste nécessaire ” en termes de disques et de processeurs. La facturation s'en ressent. Il serait d'ailleurs souhaitable que nous prenions le temps de le faire également sur nos solutions internes.Comment vous y prenez-vous pour avoir confiance dans votre service de cloud ?JZ : Si nous ne sommes bien évidemment pas en mesure de vérifier la performance de la sécurité, nous pouvons en revanche exiger de notre prestataire la démonstration que des solutions de sécurité sont bien mises en œuvre. Contractuellement, l'hébergeur s'engage à déployer les dispositifs nécessaires à la confidentialité des données, à leur sauvegarde et à leur disponibilité. Nous échangeons régulièrement avec lui sur ce point, névralgique pour notre collaboration.Effectuez-vous des contrôles ?JZ : La confiance n'exclut pas, en effet, le contrôle. Nous réalisons avec notre prestataire des tests de reprise d'activité sur les applications et vérifions la pertinence des dispositifs. Comble de l'histoire, nous utilisons le cloud pour simuler la reprise des applications… hébergées dans le nuage ! Nous avons en effet choisi de passer par à un autre hébergeur pour continuer l'activité en cas de défaillance. Nous ne connaissons pas cet autre hébergeur et le contact avec lui n'est que virtuel. Et contractuel, bien sûr.Voyez-vous une limite à cet exercice ?JZ : Je pense que la limite consiste à ne pas mettre ses données n'importe où et à n'importe quel prix. Il n'est pas rare de constater “ qu'à prix cassé, service cassé ”. C'est pourquoi je n'opterais pas pour des offres de stockage en cloud public pas chères, comme celles proposées récemment par Amazon dans le cadre de l'archivage de données.
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