L’évasion fiscale de Airbnb en détails

Airbnb aurait élaboré un circuit complexe d'évasion fiscale qui lui permettrait de ne payer que très peu d'impôts en France et en Europe.
Selon les révélations de nos confrères de BFM Business, le site de location d’appartement Airbnb échapperait à l’impôt grâce à un « tour du monde » particulier de l’argent perçu. En effet, divers paradis fiscaux seraient mis à contribution pour que la startup américaine ne paye pas l’impôt dans le pays où la location s’est effectuée. Particulièrement en France.
Airbnb possède bien une filiale en France (Airbnb France SARL) mais elle est détenue par Airbnb Holdings LLC, société immatriculée au Delaware. Un Etat américain reconnu comme un paradis fiscal au sein même des Etats-Unis. Cette filiale française a un chiffre d’affaire de 3.4 millions d’euros et n'a payé que 97 692 euros d’impôts en 2013. Selon les calculs de BFM Business, le chiffre d’affaire en France devrait en fait avoisiner les 100 à 130 millions d’euros. Or, la startup américaine déclare que l’argent des loyers français est intégralement envoyé à Airbnb Ireland, basée à Dublin et qui est une filiale de Airbnb Inc, basée elle aussi au Delaware. En théorie, l'Irlande impose les bénéfices à 12,5% seulement. Mais en réalité, les géants américains de l'Internet payent bien moins, grâce à l'utilisation de différentes niches fiscales. Ainsi, il y a un an, une enquête du congrès américain avait révélé qu’Apple payait des impôts quasi-nuls au fisc irlandais.
Un montage bientôt plus complexe encore
En clair, l’argent va directement en Irlande et échappe ainsi à l’impôt. Toujours selon BFM Business, Airbnb pourrait complexifier encore davantage son montage financier. Trois nouvelles filiales ont été créées dans le paradis fiscal de Jersey.
Mais Bercy pourrait bien avoir son mot à dire. En effet, le fisc français pourrait considérer que le chiffre d'affaires réalisé en France doit être déclaré en France, car ce revenu est généré en utilisant des ressources basées en France (salariés, serveurs...) Pour ce motif, le fisc a déjà notifié d'importants redressements fiscaux à Google ou Amazon. Mais Airbnb répond "ne pas avoir été contrôlé par le fisc français", et assure "bien payer ses impôts dans les pays dans lesquels où il opère".
A suivre.
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