La bulle du paiement mobile
Eddye Dibar, journalisterBientôt les citoyens paieront les achats grâce à leur téléphone mobile intégrant la technologie sans contact (NFC). Le procédé est très simple : au moment du passage en caisse, l'utilisateur passe son téléphone à quelques centimètres d'une borne sans contact pour valider le paiement. L'opération prend moins d'une seconde. Séduisant. Le monde de la téléphonie mobile se jette sur cette technologie : Google, Research In Motion, Apple et Microsoft proposeront des smartphones autorisant le paiement sans contact. En France, Bouygues Telecom, Orange et SFR ont créé Buyster, une société qui commercialisera une offre de paiement via mobile concurrente de Paypal et qui devrait s'étendre au paiement sans contact. Pour entretenir le tout, les prévisions des analystes sont d'un optimisme vertigineux : 110 milliards d'euros de transactions via NFC sur mobile en 2015, selon Frost&Sullivan, 170 milliards en 2014, selon Gartner. Et les opérateurs français annoncent la volonté de déployer un million de téléphones NFC en 2011 ! Ces chiffres me laissent perplexe. J'ai l'impression qu'emporté dans le tourbillon de ce nouveau moyen de paiement, l'écosystème surexcité en oublie de prendre en compte une donnée majeure : l'utilisateur. Comme si ce dernier était déjà acquis à la cause. Or, quand on les interroge, les utilisateurs potentiels se montrent plutôt réticents. Une étude d'Accenture indique ainsi que seuls 26 % des Européens et des Américains sont favorables au paiement par téléphone portable, tous modes confondus. En France, 63 % des utilisateurs affirment n'être pas prêts à recourir à leurs téléphones portables pour payer (étude Ifop pour Wincor Nixdorf). Un passage en force tel qu'il se prépare n'y changera rien. L'écosystème a beau avoir la meilleure technologie du monde, si l'intérêt de l'usage n'est pas démontré, elle fera un flop.
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