La CGT et le DRH d’Orange militent pour un droit à la déconnexion

L’idée de limiter l’intrusion de la vie professionnelle dans la sphère privée via les nouvelles technologies fait son chemin. Coup sur coup, un syndicat et un grand DRH demandent à ce que les salariés puissent réellement « débrancher ».
Union sacrée pour limiter l’intrusion de la vie professionnelle dans la sphère privée avec la multiplication des outils de communication à distance (messagerie, smartphone…). Coup sur coup, un syndicat et le DRH d’une grande entreprise du CAC 40 plaident pour un droit à la déconnexion. A son domicile, le soir et le week-end, ou dans les transports, un salarié doit pouvoir débrancher et ne pas avoir à répondre aux sollicitations numériques de sa hiérarchie.
Dans le cadre d’une campagne de sensibilisation, l'Ugict-CGT (cadres) dénonce « l'explosion du travail au noir des cadres et techniciens » « 75% des cadres déclarent utiliser les nouvelles technologies pour leur usage professionnel sur leur temps personnel. Ce travail réalisé à la maison ou dans les transports n'est en général ni reconnu, ni comptabilisé, et dépasse très souvent les limites horaires imposées par la loi ».
« Nous assistons donc à un mouvement d'explosion du travail dissimulé chez les cadres et techniciens », selon la CGT qui « exige qu'un décompte du temps de travail effectué par les salariés dans et en dehors du lieu de travail soit effectué dans l'ensemble des entreprises et administrations ».
Un outil pour évaluer le temps de travail effectif

« L'usage intensif des technologies de l'information et de la communication (TIC) induit une disponibilité permanente et sans limite et brouille la frontière entre vie professionnelle et vie privée » Pour la CGT, « il s'agit d'une remise en cause du fondement du droit du travail qui garantit que le lien de subordination entre le salarié et l'employeur doit être temporaire et délimité dans le temps ».
Le syndicat demande « la mise en place d'une négociation obligatoire dans chaque entreprise sur l'utilisation des outils numériques, prévoyant notamment des plages de trêve de mails » et « le renforcement de la réglementation du télétravail ». Par ailleurs, il réclame l'encadrement du forfait-jour, qui rémunère les cadres sans se baser sur leurs horaires hebdomadaires, « pour mettre la France en conformité avec le droit européen et international ».
Le syndicat demande également l'obligation « de justifier, majorer ou compenser le travail de nuit ou le dimanche », et « le décompte du temps de transport effectué durant les déplacements professionnels comme du temps de travail ». Sur son site, l'Ugict-CGT propose un outil pour permettre aux cadres et techniciens « d'évaluer leur temps de travail TTC (Toutes Tâches Comprises) ».
Dans une interview donnée au Figaro, Bruno Mettling, directeur général adjoint du groupe Orange, en charge des ressources humaines, propose, lui aussi, de repenser l'organisation du travail. Avec le numérique qui transforme les modes de management et les relations des salariés au travail, « les entreprises doivent anticiper les changements qui les attendent et auxquels elles ne peuvent échapper. Dans le cas contraire, on risque de voir se multiplier les situations de blocage chez les salariés et les litiges devant les tribunaux. »