La Cnil n'a pas les moyens de ses ambitions
Les entreprises enrichissent leurs bases de données personnelles et multiplient les traitements à caractère privé. Au grand dam de la Cnil qui prononce ses premières sanctions.
Zoominfo ou Spock, les nouveaux moteurs qui fichent les internautes, rouvrent le débat. En cause : la conjugaison du web avec la protection des données personnelles. Vrai risque ou fausse crainte ? Alex Türk, lui, se sent
impuissant - dans tous les cas, le président de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) n'a pas les moyens de faire respecter la loi. Il assiste à l'explosion des bases de données personnelles en entreprise. A la
banalisation des usages et des traitements. A la généralisation des technologies de traçage et de surveillance (biométrie, vidéosurveillance, géolocalisation, RFID). A la complexification des sujets de société (' statistiques
ethniques ', dossier médical personnel), d'enjeux économiques (centrales positives). Tout cela sans avoir les moyens financiers et humains de surveiller et de suivre ces outils et ces techniques.
' Alors que les Allemands sont 400, les Italiens 300 et les Anglais 250, nous ne sommes que 95 personnes à la Cnil, ne décolère pas Alex Türk. Résultat : en Espagne il y a 700 contrôles par an, contre 120 en France alors
qu'il nous en faudrait au moins 800 '. Faute de moyens financiers, plus de 3 000 dossiers sont déjà en souffrance. Notamment des plaintes pour faire valoir des droits d'accès aux données personnelles.
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