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La pression sur les projets informatiques s'exerçant de plus en plus, les chefs de projet expérimentés ou juniors ressentent souvent le besoin de suivre une formation portant sur la conduite de projet.
Lancer un projet, fixer ses objectifs, identifier les technologies à utiliser, établir les plannings, évaluer les charges, communiquer avec les utilisateurs et ses propres équipes, gérer les risques et les enjeux... Autant de
tâches que doivent accomplir quotidiennement les chefs de projet. Cette gestion, ils l'apprennent bien souvent sur le tas. Cependant, malgré la baisse des budgets de formation au sein des entreprises, ' les stages portant sur
la gestion de projet ont continué de faire largement recette en 2003. Les chefs de projet sont de plus en plus demandeurs de culture générale en informatique ', estime Jean-Louis Foucard, responsable des formations systèmes
d'information à la Cegos. Il faut dire que ' la formation à la conduite et à la gestion de projet se révèle très importante lorsqu'on a une division services, ajoute Jean-Pierre Goujet, DRH de l'éditeur et SSII
Compuware. Sur les 90 000 euros dédiés chaque année aux formations techniques, nous en consacrons un tiers à la conduite de projet '.
Acquérir une démarche de A à Z
Disposer de chefs de projet rompus aux méthodes de conduite et de management s'avère de plus en plus important. Cette capacité de gestion fait même souvent la différence lors du recrutement d'un chef de projet. Actuellement, les prix
sont de plus en plus tirés vers le bas. Aussi les SSII, travaillant sur des projets au forfait, n'ont-elles qu'une faible marge de man?"uvre. La rentabilité de la mission dépend alors de la bonne gestion du projet. Mais cette obligation de
résultat existe aussi au sein des directions informatiques. Aujourd'hui, les DSI ont des comptes à rendre à leur direction financière. ' Depuis quelque temps, on note un retour en force des formations portant sur les
techniques de base de la gestion de projet, comme l'estimation des charges ou la planification. Ce retour aux fondamentaux est lié à la pression qui s'exerce actuellement sur les projets informatiques : tenir à la fois les délais et les
coûts ', confirme Pascal Escalé, responsable de l'offre méthodes d'Unilog IT Training.Les sociétés peuvent former leurs chefs de projet au coup par coup, ou établir un plan de formation plus global. Une solution retenue cette année par Via Networks. Car ' former nos collaborateurs aux techniques
de gestion de projet permet d'améliorer leurs méthodes et d'accroître la rentabilité de l'entreprise. Par ailleurs, s'ils sont mieux organisés, ils communiqueront souvent plus efficacement avec le client ', explique Paulo
Baptista, directeur général de l'intégrateur télécoms. C'est aussi l'occasion d'uniformiser leurs méthodes et leur culture.Souvent, les jeunes chefs de projet ont une expertise métier ou technologique. Mais ' un jeune consultant qui va se muer en chef de projet n'aura qu'une vision partielle du projet. Or, il doit devenir un
manager, avec des repères clairs et des outils efficaces ', estime Jean-Pierre Goujet. Bref, il lui faudra acquérir une démarche de A à Z. Suivre un cours général sur la gestion de projet lui permettra de mieux s'organiser,
de gagner du temps et le confortera dans ses nouvelles fonctions. Ces formations mettront davantage l'accent sur les méthodes, les process à adopter ou les indicateurs à mettre en place, et n'aborderont que très superficiellement la vision plus
managériale du métier. Les chefs de projet plus expérimentés repassent parfois, eux aussi, par ces formations. ' Les gens gèrent des projets depuis des années. Mais ils prennent peu à peu des habitudes, et adaptent les process
à leur façon ', note Paulo Baptista. Revoir les fondamentaux peut donc être leur utile.
Se sensibiliser à la finance ou au droit
Les organismes de formation proposent des modules de spécialisation comme la gestion des risques, la communication ou la négociation. ' A partir d'un certain niveau, les chefs de projet doivent acquérir des
réflexes financiers : apprendre à gérer les coûts dans un contexte de compte de résultat, mesurer en termes de valeur ajoutée ses gains, les coûts générés par ses choix technologiques, etc. ', estime Eric Darras,
responsable des formations informatiques chez Demos. Il leur faut également, entre autres, avoir un vernis juridique, savoir gérer plusieurs projets de front, et maîtriser des outils de planification tels que MS Project...Quel que soit le niveau des stages, les participants veulent du concret. ' Les stagiaires réclament des conseils pratiques pour gérer les équipes ou définir une instance de pilotage. Ils veulent acquérir des
méthodes pour découper un projet, effectuer des calculs financiers. Ils demandent des checklists et des plans types pour la qualité, par exemple. Mais nous les initions également à la notion de management d'équipes ',
explique Jean-Louis Foucard. Durant la formation, les participants travaillent sous forme de jeux de rôle : des événements se produisent au cours d'un projet ; ils doivent alors réagir, analyser les incidences, etc. Soit ils appliquent les
méthodes qu'ils viennent d'étudier, soit ils imaginent des solutions. Ensuite seulement, le formateur leur dévoile les bonnes pratiques.La certification très courante dans les formations produits ou logicielles pourrait, dans quelque temps, faire son apparition dans la gestion de projet. Ainsi des organismes de formation mettent-ils à leur catalogue des cours de
préparation à la certification PMP (Project Management Professional), mis au point par le Project Management Institute (PMI). Cet examen provient des Etats-Unis et commence à être reconnu dans de nombreux pays. Il assure que le chef de projet a bien
la pratique de la gestion de projet et qu'il parlera un langage identique à celui des autres certifiés PMP. Certains crient au coup marketing.Cependant, si ces certifications s'imposent, les sociétés de services se retrouveront obligées de financer ces certifications pour répondreau cahier des charges ou mettre en confiance leur prospect. ' Il est
très rare que des clients nous demandent qu'un chef de projet soit certifié. C'est une notion encore très peu implantée en France, mais elle pourrait faire son chemin. Aujourd'hui, faire certifier nos chefs de projet n'est donc pas notre priorité.
Mais nous y réfléchissons pour être prêts le jour où cela sera nécessaire ', estime David Carrère, responsable coordination, méthodes et qualité de Dimension Data. Une chose est sûre : ces certifications, si elles sont
reconnues, valoriseront beaucoup un curriculum vitae. Elles permettront aux chefs de projet de confirmer leur niveau de compétence. Car, aujourd'hui, les recruteurs ne peuvent juger les candidats que par rapport à l'expérience affichée sur leur
CV.
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