Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, répond aux critiques publiées dans le n° 2077 de 01 Informatique, daté du 24 mars 2011.Je réagis aux nombreuses erreurs de l'article rapportant les propos de Jean-Pierre Corniou, directeur général adjoint de SIA Conseil et ex-président du Cigref, qui “ défend, au travers du programme Chorus, les projets informatiques dans leur ensemble ” et critique, dans le même temps, les conclusions de la Cour des comptes dans son rapport public annuel. Ces déclarations témoignent d'une méconnaissance manifeste du contenu des rapports de la Cour des comptes, mais aussi de ses activités d'audit et des compétences de ses équipes de contrôle. L'accumulation d'inexactitudes est de nature à porter atteinte à l'image de la Cour, ainsi qu'à induire en erreur les lecteurs de 01. Je souhaite, par conséquent, rectifier les erreurs suivantes.
“ Le projet Chorus expliqué à la Cour des comptes ” […]
Non, contrairement à ce qu'indique le titre de l'article, le projet Chorus n'a nul besoin d'être expliqué à la Cour des comptes, qui en a suivi toutes les évolutions. Depuis 2007, la Cour suit, contrôle et évalue le projet Chorus tant au titre des demandes qu'elle reçoit du Parlement, qu'à celui de sa mission de certification des comptes de l'Etat.[…] “ Même si la juridiction financière reconnaît la complexité de l'exercice, elle concentre ses critiques sur la gestion de projet. ” […]
Non, la Cour n'a jamais concentré sa critique sur l'informatique. L'insertion au rapport public démontre, en réalité, les carences en matière de réorganisations qui interdisent (et risquent d'interdire s'il n'y est pas porté remède) de tirer au mieux parti du progiciel.[…] “ La Cour néglige l'essentiel. ” […]
Non, la Cour ne méconnaît évidemment pas “ l'indispensable passage de la gestion publique française au XXIe siècle ” : la modernisation de la gestion publique française est au cœur même de ses préoccupations. Mais cela ne saurait conduire à un soutien sans discernement du projet Chorus. L'article, en faisant l'amalgame, détourne le sens des critiques de la Cour.[…] “ Le rapport n'exploite aucun référentiel international reconnu. ” […]
Non, ce n'est pas parce que l'insertion au rapport public annuel ne fait pas explicitement référence aux référentiels d'audit que les équipes de contrôle ne les appliquent pas. Tous les audits de la Cour portant sur les systèmes d'information se réfèrent au référentiel Cobit. La Cour dispose des compétences internes pour les mener et fait appel, lorsque l'ampleur des projets le nécessite, à des cabinets d'audit et de conseil pour l'assister.[…] “ Chorus a pour objectif de remplacer 340 applications anciennes et hétérogènes. ” […]
Non, Chorus n'a pas vocation à se substituer à 340 applications de l'Etat. En réalité, le projet permettra d'en remplacer environ 80, ce qui est d'ailleurs écrit dans le chapitre du rapport public annuel de la Cour visé par l'article.
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