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L'ancien DSI à l'Intérieur coordonnera l'informatique de l'Administration
Une direction interministérielle des systèmes d'information et de communication (Disic) a enfin vu le jour. Le décret vient d'être publié au Journal officiel du 22 février. Cette création était attendue depuis juillet, dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP). A l'image de ce qui se pratique déjà aux Etats-Unis (Federal CIO), au Royaume-Uni (Government CIO Council) ou en Allemagne (Bundes-CIO), cette “ DSI de l'Etat ” conduira des opérations de rationalisation entre les différentes administrations. En centralisant les achats, elle fixera les orientations en matière de sous-traitance et d'acquisition de matériels, logiciels et prestations de services.La Disic aura aussi en charge le volet urbanisation et stratégie. Soit la batterie de méthodologies et d'indicateurs à même de garantir l'interopérabilité des systèmes d'information (SI) ministériels et de professionnaliser la gestion de projet. A sa tête, a été nommé Jérôme Filippini. Ce diplômé de Sciences-Po, normalien et énarque de 42 ans, a fait toute sa carrière dans la fonction publique, avant d'occuper pendant un an et demi le poste de DSI du ministère de l'Intérieur. Epaulé par une équipe de 20 personnes “ de haut niveau ” aux origines mixtes (public-privé), il se fixe comme objectif, entre autres priorités, de faire monter en maturité les DSI ministérielles (schéma directeur actualisé, gouvernance…). “ La Disic devra aussi œuvrer pour que les SI des services de l'Etat dans les régions soient une réussite ”, précise-t-il.
Vision globale interministérielle des projets à mener
Coprésident de la commission économie et marchés de Syntec numérique, Eric Tirlemont salue la création de cette Disic, même si elle intervient tardivement. Elle s'inscrit, d'après lui, dans la continuité des chantiers transversaux de type Chorus ou ONP (système de paie des fonctionnaires). “ La Disic disposera d'une vision globale des projets à mener. Le pilotage pouvant s'effectuer en direct ou par le biais de partenariats privés-publics. ” Une prise de hauteur qui servira aussi lors des chantiers d'e-administration impliquant plusieurs ministères.
Un DSI à temps partiel
Reste à savoir quels budgets ? et donc quels pouvoirs ? seront rattachés à Jérôme Filippini. Ce dernier étant muet sur la question. “ Sera-t-il un DSI corporate ? en charge du SI du seul Premier ministre ? ou un vrai DSI groupe ? ”, s'interroge Eric Tirlemont.Louis Naugès, président du cabinet Revevol, regrette, lui, les faibles connaissances techniques du titulaire, qui se définit lui-même comme un “ généraliste ” et un “ manager ”. “ Plus aberrant encore, il n'exercera ce poste à forts enjeux qu'à temps partiel ”, déplore-t-il, Jérôme Filippini conservant son poste de directeur adjoint au secrétaire général du Gouvernement. Louis Naugès ne peut s'empêcher d'établir une comparaison avec son alter ego à la Maison Blanche. Avant de rejoindre l'administration Obama, Vivek Kundra avait cumulé les postes de directeur technique (CTO). Depuis, ses prises de position en faveur de l'open source ou du cloud computing ont fait date. S'inspirant de ce modèle, Louis Naugès conseille au nouveau DSI de démarrer par des solutions radicales. Comme se donner deux ans pour basculer vers IPv6 ou migrer les applications transverses (messagerie, collaboratif) en mode Software as a Service.
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