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A l'heure de la reprise, les DSI se révèlent à la fois robustes et flexibles, malgré les restrictions budgétaires dues à la crise. Confirmées dans leurs missions, elles travaillent de plus en plus avec les directions des achats. Ce qui n'est pas sans conséquence sur leurs relations avec les fournisseurs.
Comment s'en sortent les DSI après la crise financière de 2008-2010 ? Pas trop mal, malgré des contraintes qui tardent à disparaître. Parmi ces dernières, Gartner cite la faible augmentation des budgets informatiques au niveau mondial, laquelle ne serait en moyenne que de 1 % cette année. Selon l'étude “ Reimagining IT : The 2011 CIO Agenda ”, que le cabinet a réalisé auprès de 2 000 directions des systèmes d'information, dans 50 pays et 38 secteurs d'activité économique, les régions ne sont pas toutes logées à la même enseigne. L'enveloppe des DSI de la zone Emea (Europe, Moyen-Orient, Afrique) accuse ainsi une baisse moyenne de 0,4 % en 2011. A noter qu'en France, ce budget connaît une hausse de 0,2 %, alors qu'à l'inverse, ceux du Royaume-Uni et de l'Allemagne sont en chute de respectivement 6,9 et 2,7 %.
Une nouvelle image de robustesse à toute épreuve
Sur le terrain, pourtant, experts et DSI nuancent les propos de l'étude de Gartner. “ Bien sûr, comme toutes les autres directions de support, les directions informatiques ont été touchées par les mesures d'économie, reconnaît David Luponis, manager senior chez Mazars International, un cabinet spécialisé dans l'audit sur la comptabilité et la fiscalité. Elles ont donc dû hiérarchiser leurs projets, innover à moindre coût. Ce qui, au final, ne s'est pas révélé si négatif. ” Car cette capacité les aura mis à l'honneur. “ Crise ou pas, la DSI n'a pas cessé de faire tourner les outils de production de notre organisme. Cette constance est la preuve de notre robustesse. Et c'est bien ainsi que nous sommes perçus à présent ”, se félicite Gildas Chauveau de Vallat, DSI du Groupe Valophis, qui œuvre dans l'aménagement et la gestion d'habitats sociaux. Patricia Rieger, directrice générale adjointe de Silca, la société de production informatique du groupe Crédit agricole, explique pourquoi : “ Lors de la crise, nous avons commencé à mesurer et à partager la qualité de fonctionnement de nos systèmes d'information grâce à des engagements de niveaux de service. A présent, ceux-ci sont commentés chaque mois. ”Ainsi, à l'instar des ventes, de la production, ou encore des achats, la DSI s'est mise à afficher ses métriques sur des tableaux de bord facilement lisibles et partageables. “ Comme les marges de manœuvre financières sont encore plus réduites qu'auparavant, la DSI devient de fait le meilleur garant de la réussite des projets ”, souligne Eric Legrand, directeur délégué des systèmes d'information du groupe Bluelink, spécialisé dans la gestion de la relation client à distance. “ Aujourd'hui, c'est cette direction qui met en évidence les projets prioritaires, analyse leur rentabilité avant de les lancer, apporte de la méthode pour les structurer et garantir leur réussite ”, ajoute-t-il. Et de préciser que la baisse des coûts renforce également le rôle d'instigateur du changement qui, lui, faisait déjà partie des attributions de la DSI avant la crise.
Direction des achats et DSI, un nouveau binôme
Les missions historiques de la direction des systèmes d'information ont-elles changé ? “ Absolument pas ”, rétorque Xavier de Broca, le DSI du fonds de soutien à l'innovation et à la croissance Oséo ! Pour lui, ses tâches continuent de s'inscrire dans des tendances lourdes : contrôle du système d'information dans sa cohérence globale, pilotage de son évolution, intégration des services et des fournisseurs, maîtrise des coûts récurrents, gestion de la qualité et de la sécurité. Pourtant, il reconnaît que les modes opératoires de la DSI sont définitivement touchés par de nouvelles pratiques. Notamment le fait de collaborer bien plus qu'auparavant avec une direction des achats qui ne cesse, elle aussi, de monter en puissance. Mais pas de risque que la DSI soit plus cornaquée qu'épaulée ! Elle se décloisonne juste davantage. Après s'être mise à l'écoute de l'alignement stratégique, puis de l'expression des besoins métier, elle s'appuie sur une direction des achats envoyée en première ligne afin de négocier des baisses de coûts, soigner la rédaction des cahiers des charges, conduire des appels d'offres et suivre les contrats. “ C'est bien… tant que cela n'a pas d'incidence sur la qualité ”, nuance Eric Legrand. Car, revers de la médaille, l'implication au premier chef des services des achats dès le début des négociations fait grincer les dents aux fournisseurs. D'autant que “ l'intervention de ces directions est concomitante à des montants d'investissement de plus en plus faibles ”, relève Mohamed Mikou, vice-président Emea d'Infor Consulting Services.Car voilà bien le seul vrai drame actuel des DSI : leurs relations avec les fournisseurs se sont indéniablement tendues. “ C'est assez logique. Non seulement nous réclamons de plus grandes marges de manœuvre, mais nous voulons aussi une diminution des coûts, tout en exigeant le meilleur niveau de service possible. Il faut bien reconnaître que cette équation n'est pas toujours simple à résoudre ”, admet David Mercier, DSI du conseil général d'Ille-et-Vilaine.
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