Pas moins de 60 % des DSI pensent apporter une véritable valeur ajoutée aux décisions stratégiques de leur entreprise… Un sentiment partagé par seulement 35 % des autres dirigeants. Tel est l'un des points emblématiques de la très complète étude menée par Ernst & Young, intitulée “ The DNA of the CIO, Opening the door to the C-suite ”. Réalisée auprès de 300 DSI et de 40 autres directions (marketing, achats…) au niveau mondial, cette enquête met en avant la vision qu'a le DSI de son rôle au sein de son organisation, mais également le regard des autres fonctions dirigeantes sur la DSI. Résultat : sur un certain nombre d'éléments, les points de vue divergent. Par exemple, 74 % des directeurs informatiques pensent avoir les compétences pour accompagner les grands projets et les changements importants de l'entreprise, point de vue partagé par 35 % des autres directions. Et, fort logiquement, 38 % des DSI déplorent un manque de soutien de la part des équipes dirigeantes.
Une force de proposition plus qu'une simple fonction support
Quelques-uns affirment tout de même être mieux lotis. Parmi eux, Vincent Meliet, DSI de Ricard : “ Concernant le soutien des équipes dirigeantes, celui-ci est total au sein de ma société, affirme-t-il. La DSI est l'une des fonctions qui peut apporter une vision transverse des sujets. Toute entreprise a besoin que cette direction soit sensible à son activité, pour qu'elle soit une force de proposition. ” Une situation qui semble être exceptionnelle, à mettre en parallèle avec le classement Forbes plaçant le groupe Ricard à la 15e place des sociétés les plus innovantes au monde (devant Google et Apple). Alors pourquoi ce manque de reconnaissance de deux DSI sur trois ?Laurent Ferrari, qui occupe ce poste au sein du groupe EDF, doit défendre un budget IT annuel de 2 milliards d'euros auprès du conseil d'administration et du comité de direction. “ Ces derniers doivent comprendre ce que peut apporter l'informatique à l'activité, et quelles sont les priorités. Mais ils ont peu de temps pour entendre nos arguments ”, déclare-t-il. Pourtant, si la DSI n'arrive pas à orienter la discussion sur ce terrain, c'est sur celui du budget que tout se focalisera, ramenant cette direction à une simple fonction support. D'ailleurs, de l'aveu même des DSI, les qualités principales à développer pour leur fonction sont la compétence managériale (81 % estiment que c'est très important ; 37 % veulent l'améliorer), et la communication (79 % estiment que c'est très important ; 42 % veulent l'améliorer). Autre point soulevé par cette étude : la nécessité, pour les DSI, de construire un tissu relationnel solide. “ Pour eux, il s'agit de faire partie d'un grand nombre de réseaux différents ”, explique Laurent Ferrari, pour qui le développement de ces liens en dehors de l'entreprise a été un réel avantage pour sa carrière.Lorsqu'on interroge les DSI sur l'état de leurs relations en interne, 74 % ont logiquement indiqué souhaiter améliorer celle avec le PDG, 58 % avec le directeur financier, 52 % avec le directeur général, 32 % avec le directeur des achats, et 26 % avec le directeur marketing. Sylvain Moussé, DSI de Cegid, a son avis sur la question : “ Devenir les animateurs de communautés “ d'intrapreneurs ”, mobilisés par la volonté d'utiliser les technologies au service de pratiques novatrices, voilà la clé. ” Et de préciser : “ L'émergence du cloud et la transformation des pratiques vers des usages toujours plus inspirés par la vie personnelle offrent une très belle opportunité aux DSI pour devenir les acteurs de l'innovation en entreprise. ”
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