La fibre télécoms
Sans surprise, les pays où le très haut-débit est le plus largement déployé sont ceux dont l'économie se porte le mieux ou qui sont les mieux placés sur les secteurs des nouvelles technologies. On pense à la Corée, au
Japon, aux États-Unis et aux pays Scandinaves. Autant de pays où les politiques ont très vite compris que le haut-débit était une condition du développement économique. Une vision peu commune en France, hormis dans quelques collectivités, Pau, le
grand Nancy, Issy-les-Moulineaux, et pour quelques précurseurs qui ont dû se battre pour déployer de la fibre ou ont eu l'intelligence de mandater des opérateurs en délégation de service public. Dans les autres collectivités, la voie est
libre pour les opérateurs.Le déploiement du très haut-débit sera principalement privé et réalisé par quelques-uns d'entre eux. Lesquels sauront sans nul doute s'entendre pour créer un nouveau cartel et se mettre d'accord sur les politiques
tarifaires. Les enjeux sont énormes. En particulier pour les opérateurs, qui trouvent dans le très haut-débit un nouveau relais de croissance au moment où l'érosion des revenus commence à se faire sentir. Avec la fibre, l'enjeu est
identique à la 3G : il s'agit de faire transiter des données. Que ce soit de la vidéo à la demande pour le grand public, de la vidéoconférence ou du transfert de lourds fichiers pour les entreprises, mais aussi une foultitude de nouveaux
services qui seront disponibles quand le sous-réseau IP multimédia (IMS) sera totalement déployé.À ce moment, les particuliers et les entreprises auront accès à des services encore difficiles à imaginer, fournis et facturés majoritairement par les opérateurs, ou bien en collaboration avec des fournisseurs de contenus et autres
éditeurs. L'inconnue, c'est l'attitude du régulateur. L'inévitable cartellisation en cours ne peut qu'aboutir à léser l'utilisateur final. Sur ce point, la marge de man?"uvre de l'Arcep est
faible. Celle de l'Europe, moins. À voir.(*) Rédacteur en chef
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