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Le gouvernement a réitéré son exercice de prospective technologique pour mieux orienter les efforts d'investissement des cinq prochaines années. L'étude tente d'aider les chefs d'entreprise à cerner les créneaux porteurs.
Quels sont les domaines technologiques à développer et à soutenir, les opportunités et les innovations dans lesquelles investir dans les cinq à dix ans ? Tel est l'objet de l'étude “ Technologies clés 2015 ” que vient de présenter le ministère de l'Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique. Il s'agit de la quatrième édition d'une opération de prospective effectuée tous les cinq ans depuis 1995 et qui, cette fois, a passé au crible 85 technologies dans sept secteurs, dont celui des technologies de l'information et des communications (TIC). “ Cette édition cible prioritairement les entreprises ? grandes ou non ? et les investisseurs ”, indique Patrick Haouat, associé et gérant de Erdyn, le cabinet de conseil qui a été chargé par le ministère de coordonner l'enquête.Autre nouveauté : les technologies ont été cataloguées “ diffusantes ” ou “ d'avenir ”. Les premières sont généralement mâtures et, lorsqu'elles sont déployées à large échelle, capables d'insuffler des gains de compétitivité importants dans l'économie. Les secondes sont plutôt émergentes et disposent d'un fort potentiel de développement, en France et dans le monde. Dans les TIC, le gouvernement a jeté son dévolu sur 17 technologies clés. Première remarque : toutes sont “ diffusantes ” et onze d'entre elles également “ d'avenir ”. Pourquoi cet te double casquette ? “ De nombreux débats ont eu lieu à ce sujet. Les TIC sont très pervasises et ont la capacité d'irriguer tous les secteurs d'activité. Nombre de ces technologies ont donc été placées dans les deux catégories ”, précise Patrick Haouat.
Cinq secteurs leaders dotés d'une solide filière d'innovation
L'étude analyse les forces et les faiblesses de l'environnement technologique et économique, ce que l'on pourrait appeler le “ terroir numérique ” de la France. Pour chacune des 17 technologies, les principaux acteurs de l'Hexagone, la structure de l'écosystème, les enjeux, les applications, les avantages, les menaces, etc. sont répertoriés. Ainsi, on constate que la France est un bon “ milieu de terrain ”. Les experts de l'étude la considèrent leader dans les domaines des technologies 3D, des technologies de numérisation de contenus, de l'ingénierie des systèmes complexes, des logiciels embarqués et des technologies réseaux sans fil. Dans chacun de ces cinq secteurs, le pays dispose d'une filière d'innovation s'appuyant sur des laboratoires de pointe et des champions industriels d'envergure internationale, comme Thalès, Dassault Systèmes, Alcatel-Lucent, ST Microelectronics, etc.Mais dans d'autres, tels que la virtualisation et le cloud computing, la valorisation et l'intelligence des données, la France se trouve en “ queue de peloton ”, voire en retard. Dans le cloud, mis à part quelques acteurs Saas (Software as a Service) et les opérateurs télécoms, le marché se trouve globalement dans les mains des Américains. C'est d'autant plus gênant que cette technologie est identifiée comme la prochaine révolution dans l'architecture informatique.Même constat dans la sécurité holistique, un secteur qui vise à protéger les systèmes en se plaçant au niveau des données mêmes (en utilisant le chiffrement, par exemple). Certes, il existe quelques acteurs spécialisés et des preuves de bonne volonté, comme le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, mais une véritable filière fait défaut. Et les conclusions apparaissent encore plus négatives en matière d'intelligence des données : “ Beaucoup d'acteurs, mais de taille trop petite et souvent cantonnés au marché national ”, peut-on lire.Neuf autres technologies constituent, ensuite, ce que l'étude appelle “ le peloton ” : Intelligent Manufacturing, nanoélectronique, calcul intensif, objets communiquants, robotique, collaboration et communications unifiées, réseaux haut débit optiques, interfaces homme/machine, optoélectronique. Chacune dispose d'un terreau d'innovation, structuré et dynamique, mais pas d'ampleur suffisante pour figurer dans le top mondial. Rendez-vous dans cinq ans pour connaître le résultat des courses.
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