La France dispose enfin d'une stratégie de cyberdéfense, mais pas de riposte
Une haute autorité à la tête de la sécurité nationale des sytèmes d'information
Reconnu officiellement depuis peu comme un moyen stratégique en cas de guerre, le cyberespace bénéficie désormais d'un traitement à part entière. Le 11 février dernier, le décret 2011-170 est venu modifier l'article 3 de celui portant sur la création de l'Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information). Il est dit que l'Agence “ assure la fonction d'autorité nationale de défense des systèmes d'information. En cette qualité, et dans le cadre des orientations fixées par le Premier ministre, elle décide les mesures que l'Etat met en œuvre pour répondre aux crises affectant ou menaçant la sécurité des systèmes d'information des autorités publiques et des opérateurs d'importance vitale, et coordonne l'action gouvernementale. ”Le 15 février, l'Agence a donc présenté une stratégie reposant sur quatre objectifs, dont celui d'assurer la sécurité dans le cyberespace. Une sécurité qui s'adresse à l'ensemble du territoire, qu'il s'agisse d'administrations, d'entreprises ou de citoyens. La démarche repose sur sept axes, parmi lesquels mieux anticiper et analyser l'environnement afin de prendre les bonnes décisions, détecter les attaques et les contrer, alerter les victimes potentielles et les accompagner, adapter le droit pour prendre en compte les évolutions technologiques et les nouveaux usages, etc. Des moyens de défense, essentiellement, outillant une stratégie encore démunie de moyens de ripostes ni de dissuasion. Pourtant, selon François-Bernard Huyghes, enseignant-chercheur à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), “ une stratégie ne peut se résumer à l'élaboration d'une défense seule. Il faut être en mesure de répondre à l'adversaire, et de frapper suffisamment fort pour le décourager. ” Ce qui veut dire des moyens solides afin de mener une investigation pour déterminer d'où vient l'attaque et découvrir qui en est à l'origine.Tout comme se justifient des services de renseignements qui soient en mesure, en amont, d'identifier qui serait susceptible d'attaquer la nation. “ Nous avons besoin de capacités d'espionnage couplées à des moyens technologiques de haut niveau ”, ajoute François-Bernard Huyghes. Reste que si ce genre d'informations est difficile, voire impossible à communiquer, les stratégies de riposte et de dissuasion sont, elles, encore inscrites aux abonnés absents.
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