La France manque d’ADSL performant, mais... fibrons d’abord !

Le Gouvernement confirme ne pas savoir à quoi la fibre va pouvoir servir. La fracture numérique risque de s'accentuer si sa stratégie n'est pas plus favorable aux territoires français que l'on peut qualifier de seconde zone.
Fin mars, le Centre d’Analyse Stratégique a formulé sept propositions pour stimuler le développement du très haut débit en France. Ces propositions font suite à une étude sur l'accès au très haut débit réalisée par l'Idate, pour le Centre d'Analyse Stratégique (CAS). Voilà plusieurs années que l’on nous rabâche qu’il nous faut de la fibre optique, faute de quoi l’Hexagone risquerait de louper le virage du numérique. Alors vite, fibrons !
Les opérateurs ont déjà commencé le travail, dans les zones évidemment rentables : les grandes villes. Verdict : selon la société d’études Idate, en juin 2011, sur les 5,78 millions de foyers raccordables à la fibre optique, seuls 556 000 étaient raccordés. Le très haut début n’a séduit qu’un foyer sur dix.
Le Gouvernement confirme ne pas savoir à quoi la fibre va pouvoir servir
La principale raison de ce flop : les applications gourmandes en bande passante, celles qui justifieraient l’utilisation de la fibre optique, ne sont pas (encore) là. « Même si, aujourd'hui, tous les services liés au très haut débit ne sont pas encore apparents, on peut imaginer que la demande sera là à partir du moment où les réseaux se déploieront. Car autour de l’internet fixe et mobile, de la TV, des services audiovisuels à la demande, on voit qu’il y a des marchés potentiels qui sont susceptibles de se développer », prédit sans grande conviction Vincent Chriqui directeur général du CAS. Et d'ajouter : « Mais seul l’avenir nous le dira ! Par construction, quand on lance un grand programme d’investissement public dans un domaine industriel, on ne peut pas savoir si à l’arrivée ça produira tout ce que l’on en attend ». En clair, on ne sait pas aujourd'hui pourquoi, mais il faut investir dans la fibre optique.
Le déploiement de la fibre devrait couter 21 milliards d’euros selon l’Arcep. L’Etat participera à hauteur de 2 milliards d’euros, à travers les Investissements d’Avenir. Cette enveloppe pourrait grossir, puisque selon Vincent Chriqui la part dédiée aux collectivités (900 millions) ne sera probablement pas suffisante.
L’ADSL français est de bonne qualité… mais tous ne le méritent pas
Certes, il faudra généraliser le déploiement de la fibre optique, mais n’y a-t-il pas une autre priorité : fournir à l’ensemble des foyers et entreprises un ADSL de qualité, offrant un débit de 8 Mbit/s minimum. Dans l’étude sur l’état du déploiement du haut et très haut débit en France, remise au CAS, l’Idate indique que « 17 % des foyers en milieu urbain ont un débit égal ou inférieur à 2 Mbit/s via l’ADSL, une proportion atteignant 27 % en milieu rural ». A l’heure de l’entreprise numérique (cloud computing, dématérialisation, etc.), un tel débit est-il acceptable ? Ne faudrait-il pas concentrer une partie des milliards prévus pour la fibre optique, qui ne répond aujourd'hui à aucun besoin de masse, dans la résorption de cette fracture numérique ?
Le Gouvernement ne semble se pas soucier de cette question. Il faut fibrer. C’est sans parler des opérateurs privés qui n’ont aucun intérêt économique à doper leurs réseaux ADSL dans les zones peu denses. Pour preuve, France Télécom a décidé d’arrêter le programme qui aurait dû permettre à la quasi-totalité des Français d’avoir accès à l’ADSL en 2013 (plus de 80 000 foyers supplémentaires). Les investissements jugés stratégiques sont quant à eux maintenus : 4G/LTE et fibre optique.
La France craint d’être en retard dans le déploiement du très haut débit. Mais elle prend déjà un certain retard dans le déploiement homogène de l’ADSL. Cette fracture numérique, voire sociale, risque de s’accentuer si la stratégie du gouvernement n’est pas plus favorable aux territoires français que l’on peut qualifier de seconde zone.
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boutrosdu93
faut arreter de dire n'importe quoi, les usage necessitant la fibre existe, ce n'est pas parce que vous ne savez pas vous en servir ou ne vous en servez pas qu'ils n'existent pas, tout le monde n'est pas noob.
un exemple faire son serveur chez soi, envoyer ses photos de vacances par msn... tout ceci necesite un upload donné par la fibre (en ftth en tout cas) -
ex_altran
Je ne suis pas sur qu il soit pertinent de couvrir toutes les zones blanches en ADSL
En effet la plupart du temps, l ADSL ne sera pas utilise. La population de ces zones est souvent agee, voire tres agee et ne voit aucun interet a avoir internet a la maison (j en ai fait l experience perso avec mon beau pere. je lui ai offert de lui donner un PC et de le lui brancher. reponse "pas interesse". Surtout si ca lui coute plus cher qu un abonnement FT et quelques communications locales)
De plus, d ici 10-15 ans, ces zones vont reellement devenir desertiques, car leurs habitants seront mort ou en maison de retraite. Comme il n y a pas de travail, aucun jeune ne va s y installer. qui utilisera internet alors ?
Il faut eviter de saupoudrer et de mettre l ADSL partout. Il faudrait choisir un certain nombre d endroit ou le potentiel existe et leur fournir le haut debit. Mais laisser le reste comme c est. Il ne fait pas refaire l erreur des poles de competivites. l idee etait bonne mais au lieu d en avoir une dizaine, on en a fait 200. Resultat dilution de moyen et efficacite nulle -
Célizior
C'est là que l'on voit queles entreprises se fiches pas mal de cette "fracture" numérique.
Il aurait été logique de fibrer d'abord les zones blanches ou à faible debit pour réduire l'écart au lieu de le creuser d'avantage en fibrant les foyers trés bien déservis.
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