Dans la guerre qu'elles mènent contre Al Qaïda et les réseaux terroristes, les autorités américaines semblent compter largement sur leur avantage incontestable en matière d'informatique. Une bonne nouvelle pour les
businessmen de la Silicon Valley. Très préoccupés en septembre dernier, dans la mesure où, survenant au milieu d'une longue crise économique, les attaques terroristes sur le sol américain invitaient à craindre le pire, ils n'ont
pas tardé à reprendre espoir.Après avoir prédit pendant des années que les technologies de l'information et de la communication seraient à l'origine d'avancées massives dans les capacités guerrières, les dirigeants militaires s'efforcent aujourd'hui de le prouver.
Les armes qu'ils déploient sont devenues tellement " intelligentes " que d'aucuns n'hésitent pas à les qualifier de " géniales ". Cela va des missiles téléguidés, capables
d'atteindre des cibles mouvantes ou de faire des cercles en altitude en attendant la meilleure opportunité pour frapper, aux bombes capables de faire la distinction entre un autobus et un camion afin de choisir le meilleur objectif.
La CIA dégaine du cash
Mais le véritable élément nouveau dans l'histoire de la guerre moderne, c'est que la CIA (le renseignement extérieur américain) et le Pentagone (le siège des forces armées) comptent de plus en plus sur le secteur privé pour leur fournir
directement ce dont ils ont besoin. Ils n'hésitent d'ailleurs pas à investir des centaines de millions de dollars dans les sociétés les plus prometteuses. In-Q-Tel, l'entreprise de capital-risque lancée par la CIA, a reçu des propositions de plus de
400 entreprises et en étudie une bonne soixantaine de près. Quant au Pentagone, il a lancé une série d'appels d'offres pour lesquels il a reçu quelque 12 000 réponses.Quatre secteurs, qui correspondent à des activités importantes pour la sécurité d'aujourd'hui, bénéficient plus particulièrement des largesses des autorités fédérales américaines. Tout d'abord, le secteur du contrôle et de la
surveillance : la biométrie ?" l'utilisation de caractéristiques physiques particulières (dessin de l'iris, empreintes digitales, vocales, etc.) à des fins d'identification ?" est en pleine croissance. Élément nouveau, ces technologies ne
font plus peur. Si l'installation de caméras couplées avec des systèmes de reconnaissance faciale dans les principales rues commerçantes de Palm Springs, en Californie du Sud, avait entraîné de vives protestations avant le 11 septembre, en décembre,
les opposants d'alors avaient disparu. Le " Big Brother " menaçant a soudainement pris des airs de grand frère protecteur. Dans la biométrie, l'entreprise phare est issue de la récente fusion entre Visionics, du
New Jersey, et Identix, une société californienne.L'ère du "network centric"
Le deuxième secteur privilégié est celui de la mise en réseau des informations. Au niveau strictement militaire, combattants et autorités sont reliés par radio en permanence. La guerre est devenue " network centric
". Autrement dit, elle se joue en grande partie au niveau des réseaux de communication. Et la problématique civile évolue dans la même direction. Il ne suffit pas d'identifier un passager au moment où il embarque dans un avion. Il
faut aussi pouvoir consulter les informations le concernant dans des bases de données.Le gouvernement fédéral travaille également sur les questions liées à l'excès d'information. Le projet Overseas Presence Knowledge Management and Collaboration System doit réunir dans un seul réseau les informations recueillies par une
quarantaine d'agences gouvernementales. Et In-Q-Tel a récemment réservé la quasi totalité de ses largesses à des sociétés spécialisées dans le traitement de grandes quantités d'informations. Stratify, spécialiste du traitement et de la
classification de données non structurées, est au nombre des bénéficiaires de ces fonds.Sus aux bactéries !
Dernier secteur privilégié par les autorités fédérales, la protection contre les menaces biologiques. Les entreprises spécialisées sont nombreuses dans la Silicon Valley. C'est le cas, par exemple, de Cepheid, une jeune entreprise de
Sunnyvale qui a mis au point une méthode de détection rapide des germes utilisés dans la guerre bactériologique.
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