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L'heure est à l'optimisation des outils de supply chain management mis en place. Editeurs de solutions logistiques et du décisionnel rivalisent pour fournir la brique de pilotage.
Les chiffres avancés sont éloquents. Les garde-côtes américains économisent 2,4 millions de dollars par an dans la gestion des pièces détachés de leurs avions. Le fabricant de produits ophtalmologiques Alcon épargne 6 millions de dollars sur ses coûts d'inventaire. Cadbury France se passe, lui, d'un entrepôt réfrigéré d'un coût de 76 500 euros. La logistique est un domaine où l'analyse peut rapporter beaucoup... et en peu de temps. Alliance Healthcare a ainsi pu réduire ses stocks quelques mois seulement après avoir déployé la solution de Manhattan Associates, ainsi qu'un jeu d'indicateurs de suivi de la performance de sa logistique.' Nous avons pu définir une stratégie de niveaux de service avec des objectifs globaux au niveau de l'entreprise, puis déclinés par région et, enfin, par gamme de produits ', confie Pierre Papillon, directeur des approvisionnements d'Alliance Healthcare. ' Ainsi, sur un médicament générique où la concurrence est la plus forte, notre objectif est de rester sous un taux de 1,50 % de lignes de commande non honorées. Alors que pour les accessoires, pour lesquels nous affichons une gamme très vaste, la cible peut être de 3 %, sachant que nous pouvons nous réapprovisionner en moins de 48 heures. ' Ces indicateurs sont surveillés grâce à des tableaux de bord diffusés sur le portail décisionnel de l'entreprise et envoyés aussi sur les Blackberry dont dispose la direction générale.
Des KPI, oui, mais bien définis
Depuis des années, les éditeurs de solution de supply chain execution ont doté leurs plates-formes de tels cockpits synthétiques afin de présenter les chiffres clefs de la supply chain : niveaux de stocks, taux de rotation, taux de service des fournisseurs, taux de service vis-à-vis des clients. Dans un contexte de chaîne logistique étendue, c'est-à-dire englobant des données issues de fournisseurs, transporteurs et de sous-traitants, disposer de ce type de données est devenu un prérequis. Pascal Socha, directeur des offres SCM chez Predixio, filiale de Net2s, remarque : ' les plates-formes SCM fournissent un premier niveau de tableau de bord beaucoup trop détaillé. Il faut désormais être capable de délivrer une notion de valeur vis-à-vis du contrôle de gestion. 'La SSII indienne Wipro a ainsi identifié plus de 130 KPI différents afin de mesurer les performances de la seule chaîne logistique : durées de cycle production-livraison, cash to cash aux niveaux de stocks par canal de distribution, inventaire de produits en fin de vie ou coût de gestion d'une commande. La demande s'oriente désormais vers des indicateurs beaucoup plus synthétiques et surtout plus parlants pour les directions générales et le contrôle de gestion. Des métriques qui engendrent éventuellement un grand nombre de calculs et d'agrégation de données.
Le modèle Scor séduit peu en France
Malgré l'émergence d'un standard de métriques de performance, le modèle Scor, c'est encore le calcul des sacro-saints taux de service qui constitue la priorité numéro un dans la mise en place d'un système de Supply Chain Intelligence. En effet, ceux-ci régissent les relations client-fournisseur, surtout dans la grande distribution ou l'industrie automobile. ' Contractuellement nous devons tenir des taux de service vis-à-vis de nos grands donneurs d'ordres tels que PSA, Renault, BMW, atteste Halim Mahdi, directeur des systèmes d'information des établissements Caillau. Et être capables de calculer nous-mêmes nos taux de services pour les confronter à ceux avancés par nos clients. 'A ces métriques génériques viennent s'ajouter des métriques beaucoup plus liées à l'activité même de l'entreprise. C'est le cas pour Entremont qui calcule le nombre de kilomètres parcourus par ses meules de fromage, une métrique caractérisant directement l'efficience de sa logistique. Dans le cas de Caillau, Halim Mahdi surveille les taux de rotation des stocks de colliers métalliques : ' Nos stocks sont gérés en Fifo, par conséquent nous devons connaître la moyenne d'âge de nos stocks. '
De nombreux éditeurs se sont positionnés
Déjà aguerris par le marché des solutions CPM (Corporate Performance Management), Business Objects, Cognos et Hyperion se sont rapidement positionnés avec des offres packagées pour le monde de la logistique. Certains s'appuient sur le modèle Scor pour délivrer une suite d'indicateurs préétablis. Ce qui n'est pas le cas de Microstrategy, car celui-ci n'a pas verticalisé son offre pour ce secteur. Sylvain le Moël, directeur technique en France de l'éditeur s'en explique : ' L'énergie à dépenser pour créer des indicateurs sur mesure est très limitée sur notre plate-forme : en trois semaines seulement, nous avions mis en place les indicateurs pour Système U. 'De la même façon, SAS a privilégié une voie un peu différente et se positionne essentiellement sur l'optimisation de la prévision. ' Nous disposons d'algorithmes d'optimisation que les éditeurs de progiciels comme Manugistics ou encore i2 n'ont pas. De fait, lorsque nous réalisons des prototypes chez nos prospects, nous sommes capables de prouver que les gains que nous pouvons apporter sont significatifs ; nos algorithmes permettent d'estimer une prévision de la demande pour chaque référence produit et ce, à l'unité près ', souligne pour sa part Hakim Taalab, le coordinateur avant vente de SAS France. Pour cela, la solution SAS Forecasting exploite les données des progiciels de SAP et autres Oracle, et les complète avec des informations connexes telles que le prix ou des données macroéconomiques puisées dans d'autres sources.
L'investissement initial reste lourd
Si les gains sur la chaîne logistique peuvent être très significatifs, les investissements à consentir pour y parvenir le sont aussi. Lionel Grivel, directeur adjoint de Keyrus évoque des projets de l'ordre de 500 à 2 000 hommes/jour : ' Il faut une chaîne logistique déjà mature, et une forte maîtrise du domaine, pour espérer dégager un ROI significatif. ' Hakim Taalba, de SAS, donne une estimation de 200 000 à 500 000 euros pour la mise en ?"uvre des technologies de prévision de SAS, soit des projets de l'ordre de 6 à 9 mois de travail. Des solutions décisionnelles plus packagées, s'appuyant sur un framework de KPI Scor pourront-elles abaisser le coût d'entrée de ses technologies ? Rien n'est moins sûr, lance Lionel Grivel : ' Il n'y a pas de solution toute faite ! Kriter, Teissere ou Nestle Waters, trois de nos clients, ont chacun une définition de leur taux de service différente. Tous commercialisent des boissons, mais les contraintes sur leurs produits sont différentes. Les solutions de type CPM, issues du décisionnel, sont de véritables usines à gaz dès lors qu'il faut les adapter à la problématique de la logistique '. Enfin, le spécialiste conclut sur la faible adoption du modèle Scor : ' Les entreprises ont besoin de sur-mesure : un véritable accompagnement en amont pour définir les métriques et ensuite faire jouer les différents paramètres pour optimiser la supply chain, tout en maintenant ses taux de service. '
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