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Un réseau de mauvaise qualité, entraînant un appauvrissement des services télécoms, pousse cet organisme à se tourner vers la fibre optique. L'occasion de mettre en place un plan de reprise d'activité et de proposer de nouveaux usages.
Une dizaine d'organismes agricoles, la plupart rattachés au ministère de l'Agriculture, se sont regroupés au sein de la Maison nationale des éleveurs (MNE). Les trois principaux composants de ce groupement d'intérêt économique étant l'Association de coordination technique agricole (Acta), l'Institut de l'élevage et l'Institut du porc. Jusqu'alors, chacun de ces organes utilisait ses propres lignes téléphoniques, connexion et fournisseur d'accès à internet. “ Notre réseau était de mauvaise qualité ”, se rappelle Emmanuel Le Meur, directeur informatique de l'Acta Informatique (créé en 1993 en reprenant les activités informatiques et statistiques de l'Acta) et de l'Institut de l'élevage.
Résoudre les problèmes d'engorgement
“ Certains de nos liens VPN MPLS (réseau privé virtuel en Multiprotocol Label Switching ? NDLR) unidirectionnels subissaient de nombreuses perturbations électromagnétiques, précise le responsable informatique. Et les performances de nos liens ADSL étaient quasiment réduites de moitié, plafonnant à 10 Mbit/s. France Télécom a tenté, en vain, de diagnostiquer l'origine de ces dérangements. ” La faiblesse des débits disponibles créait un goulet d'étranglement, ce qui entraînait le ralentissement de certains de nos sites web.“ Cela nuisait à la communication institutionnelle de l'Institut de l'élevage ”, explique Emmanuel Le Meur. Les requêtes internes étaient également touchées. Le service informatique avait ainsi des difficultés à télécharger et à échanger des fichiers de quelques gigaoctets. Par ailleurs, l'Institut de l'élevage, dont le siège parisien est relié à ses antennes provinciales via le réseau interne VPN MPLS, rencontrait des problèmes pour diffuser ses travaux ou garantir l'accès à son ERP. Enfin, pour réduire le nombre de prestataires, la MNE souhaitait mutualiser ses moyens et ses demandes informatiques et avoir accès à davantage d'opérateurs, en se connectant directement à un point de peering (un datacenter où sont présents plusieurs opérateurs télécoms).Après avoir lancé un appel d'offres auprès d'opérateurs de fibre optique noire (passive, sans service d'opérateur) ou classique (déjà éclairée, donc active), l'organisme agricole estime que la première technologie lui permettra de répondre à ses différentes problématiques. Telcité, la filiale télécoms de la RATP, est sélectionné début 2010. Et en mars de la même année, l'intégrateur Interdata éclaire la fibre noire, de telle sorte que les données circulent de façon bidirectionnelle et simultanément (full duplex). Par ailleurs, la MNE agrège sur un unique brin les services télécoms des autres entités installées dans le bâtiment parisien.Entre les mois d'avril et de mai, les services télécoms sont mis en place sur la fibre éclairée. Altitude Telecom fournit trois liens : deux de 40 Mbit/s et un de 30 Mbit/s. Deux sont réservés à l'Institut de l'élevage, l'autre est mis à la disposition de l'Acta Informatique et des actionnaires de la MNE. Dans la foulée, la FNGDS (Fédération nationale des groupements de défense sanitaire) profite également de cette fibre, sur laquelle un lien à 50 Mbit/s, délivré par SFR, lui est réservé.“ Nous n'avons plus de problème d'engorgement. La qualité des échanges avec l'ensemble de nos antennes régionales et locales s'est considérablement améliorée, grâce aux réseaux privés ainsi créés, explique Emmanuel Le Meur. Nous avons aussi gagné en souplesse en ce qui concerne l'évolutivité. Une mise à niveau de nos besoins télécoms ne prendrait que quelques heures. ” La performance des sites web est, elle aussi, améliorée. La MNE constate que certains taux de transfert ont été accélérés jusqu'à 20 fois.Autre avantage de la fibre noire : la Maison nationale des éleveurs a enfin les moyens de mettre en place un plan de reprise d'activité (PRA) en cas d'incendie ou d'inondation, pour trois de ses organismes, l'Institut de l'élevage, l'Acta et l'Acta Informatique. Non seulement son bâtiment, situé rue de Bercy, est en zone inondable (proche des berges de la Seine), mais sa salle informatique est… au rez-de-chaussée. “ Ce projet nous a évité des coûts de mise aux normes de cette salle. La politique de sauvegarde de nos serveurs a été complètement revue grâce au déploiement de baies de stockage Netapp et d'un système de déduplication de nos données sur Telehouse 2 ”, précise Emmanuel Le Meur. Jusqu'alors, “ la MNE réalisait ses sauvegardes sur bandes LTO. Les cassettes étaient ensuite externalisées dans un coffre-fort. Désormais, nous utilisons le lien Gigabit de la fibre pour sauvegarder nos données sur les serveurs de Telehouse 2 ”, se rappelle-t-il.Outre la mise en place d'un PRA, le très haut débit permet à la MNE de rationaliser son infrastructure informatique et de proposer de nouveaux services. Ainsi, courant 2011, une dizaine de serveurs d'agence de l'Institut de l'élevage et de celui du porc seront supprimés et centralisés sur le site parisien. “ Notre offre d'hébergement est mieux adaptée aux besoins de communication actuels. Nous proposons une offre technologique enrichie à nos partenaires. Par exemple, nous avons mis en place un serveur vidéo, un système de vidéoconférence avec des produits Polycom, ainsi qu'un autre pour les conférences audio et web, à partir de produits d'Arkadin ”, illustre Emmanuel Le Meur.
Des coûts d'investissement très faibles
Un des freins habituels au déploiement de la fibre optique est le coût des travaux de génie civil. Or le réseau qui a été utilisé par la MNE, celui de Telcité, parcourt les infrastructures ferroviaires de la RATP et les égouts parisiens. Il n'y a donc pas de tranchées à creuser puisque la fibre est déposée le long des quais et des voies. “ La faiblesse des coûts liés au génie civil est un critère qui a largement pesé sur le choix de l'opérateur, confirme le responsable informatique. Toutefois, le retour sur investissement est difficile à calculer. En effet, nous avons plus que doublé nos débits. Le volume de données qui transitent sur notre réseau a donc lui aussi crû. Mécaniquement, notre facture a augmenté de l'ordre de 20 à 25 % ”, explique Emmanuel Le Meur.Parallèlement, grâce au déploiement et à l'utilisation de solutions de conférence (vidéo, audio et web), la Maison nationale des éleveurs a réduit les frais de déplacement de ses collaborateurs de 10 %. Un taux non négligeable, sachant que ce poste de dépense représente plus de 1,5 million d'euros par an. “ Avec la centralisation de notre infrastructure sur Paris, le service informatique a vu ses frais de déplacement baisser. L'ensemble des départements de l'Institut de l'élevage va s'engager, à terme, sur une diminution de 10 % du coût de ce poste ”, conclut-il.
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