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Pour couvrir tous les volets de la gestion de la performance, les éditeurs ont enrichi leur offre par des rachats. Résultat : leurs solutions de CPM manquent encore d'homogénéité ?" notamment au niveau de la cohérence
des données.
Les problèmes de cohérence et de qualité des données de la gestion de la performance de l'entreprise ne sont pas nouveaux. ' On retrouve les mêmes dans la business intelligence, souligne Pascal
Socha, consultant manager de Predexio, société de conseil et d'intégration de solutions décisionnelles. Le CPM (Corporate Performance Management) n'est d'ailleurs, à mon sens, qu'une application de business intelligence axée sur les
métriques, avec toutefois une particularité : son scope est plus vaste, et donc la problématique de la cohérence des données prend toute sa mesure. 'Transversale, la gestion de la performance s'opère sur toutes les données de l'entreprise. Or, celles-ci ne répondent pas toujours aux mêmes définitions, quand elles ne sont pas stockées dans des formats incompatibles... Ce
qui implique, comme en décisionnel traditionnel, que la création d'un datamart transversal à plusieurs périmètres fonctionnels (financier, comptable, commercial, etc.) s'impose pour modéliser et agréger les données. Pour faciliter l'opération, la
plupart des éditeurs de business intelligence ont ajouté à leur offre une brique d'alimentation. Ils recourent à un outil d'ETL (Extract, Transform and Load) pour l'alimentation asynchrone ou encore à une solution d'EII (Enterprise Information
Integration) pour l'alimentation, souvent virtuelle, en temps réel.Mais ETL et EII ne constituent qu'un premier élément de réponse à la problématique de cohérence des données. En effet, la réussite d'un projet de CPM tient davantage à la présence d'un référentiel commun pour l'ensemble des
données impliquées dans le processus de la gestion de la performance.
Des offres qui manquent encore d'intégration
Groupe d'envergure internationale, Poclain Hydraulics connaît une très forte expansion. Cela l'a conduit, à la fin 2000, à mettre en ?"uvre le progiciel de gestion intégré de Peoplesoft et à superviser systématiquement ses
processus par le biais de la brique reporting de Cognos. En 2005, la société s'équipe, cette fois, de Performance Applications (tableaux de bord analytiques), du même éditeur. Mais le nouveau module n'acceptait pas la modélisation effectuée dans les
datamarts jusque-là exploités par Reportnet. ' Pour que les champs exigés par Performance Applications apparaissent dans nos datamarts, nous avons dû restructurer cette modélisation. Ce qui, au passage, nous a fait perdre
quelques mois sur la finalisation du projet ', reconnaît Henri Izquierdo, le responsable des projets informatiques de Poclain Hydraulics.La déconvenue de Poclain Hydraulics n'a malheureusement rien d'exceptionnel. Elle met d'abord en évidence l'absence de référentiel commun au sein des offres de CPM. Si tous les modules de Cognos avaient été assujettis au même
référentiel de données, l'entreprise n'aurait pas rencontré d'embûches. Mais, en 2000, le CPM était encore un concept en devenir. Aujourd'hui, il a gagné en maturité, mais il a conservé ses défauts : les éditeurs ont passé ces six dernières
années à étoffer leur plate-forme à coups d'acquisitions. Résultat, ils ont hérité d'applications associées à des référentiels de données spécifiques, souvent incompatibles avec leur propre référentiel. Et intégrer ces socles hétérogènes n'est pas
aisé. Effectivement, cela implique souvent de refondre les applications de la couche de restitution (reporting, analytique, scorecarding, etc.).Cette hétérogénéité des référentiels fait essentiellement apparaître des problèmes de langage. Souvent, en effet, l'absence de cohérence des données au niveau technique n'est que le reflet de distorsions de sens existant déjà au
niveau du vocabulaire utilisé par les collaborateurs d'une entreprise. Ainsi, le sens de l'objet ' chiffre d'affaires ' du comptable n'a généralement rien à voir avec celui du commercial. Par exemple,
le premier déduit les amortissements, et le second intègre la TVA. ' Le CPM oblige l'entreprise à mettre en place des règles de vocabulaire, souligne Henri Izquierdo. Et l'on ne peut plus autoriser des zones de flou, car les
croisements de données sont trop nombreux et transversaux. ' Chez Poclain Hydraulics, cette uniformisation du vocabulaire a été assez directive : ' Nous avons créé des sortes de conclaves. On ne
sortait pas de la pièce sans s'être mis d'accord sur le sens d'une donnée. '
Vers un dictionnaire fonctionnel avec le MDM
Reste à savoir où sera hébergé le référentiel commun. Certes, les PGI contiennent souvent une grande partie des données nécessaires au CPM. Mais la modélisation de leur base n'est pas forcément adaptée aux applications de mesure
de la performance. Sans compter que les données d'autres applications (gestion comptable, ventes, gestion des ressources humaines, suivi de production, etc.) peuvent aussi venir enrichir les datamarts du CPM.C'est pourquoi ce fameux référentiel unique gagne à être physiquement séparé de la production. Chez les éditeurs il prend de plus en plus la forme d'un Master Data Management (MDM). Imaginée à l'origine par les éditeurs de
progiciel de gestion intégré et de gestion de la relation client ?" notamment, SAP, Oracle et Siebel ?", cette base de données a pour vocation de stocker toutes les données relatives aux objets métier. Autrement dit, leurs définitions,
leurs valeurs, et leurs liens. Elle joue le rôle d'un dictionnaire fonctionnel pour toutes les applications de production de l'entreprise.Une aubaine, donc, pour les solutions de gestion de la performance. D'autant que cette couche est associée à des mécanismes de contrôle, de nettoyage, de validation et, surtout, de publication. Elle extrait et modifie les objets
définis dans une application ?" le catalogue de produits, par exemple ?" pour les diffuser auprès de toutes celles qui les exploitent, comme la gestion du cycle de vie des produits, les ventes ou le marketing. Et le CPM peut devenir
l'une de ces applications. Il partage alors une cohérence de fait avec toutes les cibles du MDM : non seulement les applications de l'entreprise, mais aussi les différentes plates-formes décisionnelles en présence.
Consensus autour d'un format pivot de données
Cependant, il existe une limite. Le MDM est en général tourné vers un seul objet métier ?" client, fournisseur ou produit, entre autres. Dans ces conditions, le CPM, qui couvre la performance de l'entreprise dans son
ensemble, trouvera-t-il dans ce gisement thématique toutes les données dont il a besoin ? Rien n'est moins sûr. Aujourd'hui, excepté Hyperion, les fournisseurs de solutions de CPM et de décisionnel ne proposent pas de Master Data Management. En
revanche, ils peuvent tirer parti de l'offre des géants de l'infrastructure tels Oracle ou IBM. Le MDM leur permettrait alors de résoudre en partie les problèmes de cohérence dus à la multiplicité de leurs référentiels.Mais cette cohérence a un prix. Le déploiement d'un référentiel central s'accompagne en interne de la recherche d'un consensus autour d'un format pivot. Précisément celui du MDM qui doit convenir à toutes les divisions métier de
l'entreprise. Or, cette étape est souvent délicate, car elle laisse éclater les luttes de pouvoir entre services ou départements. La vision CPM de l'entreprise pourrait alors contribuer à réconcilier toutes les entités autour de ce format
pivot.